Le thème retenu par l’Association marocaine des anciens élèves de l’école polytechnique (groupe X-Maroc), qui a organisé, mardi à Casablanca, son 7ème colloque portant la même appellation, a trouvé un bon écho chez David Robalino.
«Le travail indépendant est, pour les pays à revenus bas, l’une des sources les plus importantes d’emploi», a estimé le manager et lead economist chez la Banque mondiale, en rappelant que 60% de la population mondiale travaille indépendamment. Ainsi, l’entrepreneuriat est une solution aux yeux de l’interlocuteur qui trouve qu’il est impossible de créer un grand nombre d’emplois salariés.
Par contre, le hic est que la majorité des entrepreneurs se spécialise, selon M. Robalino, dans des activités à faible productivité. D’où l’intérêt de l’apparition d’entrepreneurs innovateurs susceptibles de contribuer à transformer l’économie. «Il faudrait se concentrer sur les entreprises de vocation à travers des incitations pour qu’elles puissent croître», a enchaîné le manager et lead economist en faisant allusion au rôle de l’Etat. Il conviendrait, à cet effet, de créer des opportunités pour ces entreprises voire de comprendre les contraintes de chaque secteur.
Pour sa part, le ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique a procédé à une catégorisation des secteurs pourvoyeurs d’emploi. Il s’agit, selon Moulay Hafid Elalamy, de l’administration publique, du commerce et services, ainsi que de la construction. Par contre, deux secteurs sont en perte de vitesse, à savoir l’industrie et l’agriculture. Dans ce sens, il a conduit l’exemple de son département en s’interrogeant sur ses perspectives : «Quel rôle peut jouer le département d’industrie en faveur de l’emploi ?».
Sa réponse était de créer 500000 emplois dans les sept prochaines années afin de porter la contribution du secteur de l’industrie à 23%. Pour lui, «la problématique de l’emploi est une véritable priorité». Pour les 10 prochaines années, le marché accueillera, selon le ministre, 1,3 million de demandes d’emploi. «A ce rythme, 350.000 chômeurs seront créés en 2020. C’est trop !», a estimé le ministre de l’industrie. Un secteur qui a créé 75.000 emplois sur les dix dernières années.
A propos de l’innovation, M. Elalamy a indiqué être partisan du concret. «L’innovation, oui, mais il faut qu’elle soit mesurée», a-t-il révélé en ajoutant : «je dois vous décevoir !». Par l’occasion, il n’a pas manqué de donner des conseils aux entrepreneurs. «Lorsqu’on déteste les risques, il faut éviter d’être entrepreneur», a recommandé le ministre en estimant que «l’argent suit les bons entrepreneurs».
Pour rappel, le groupe X-Maroc est présidé par Khalid Safir, également wali du grand Casablanca. En ouverture de ce 7ème colloque, il a rappelé le pourquoi de l’événement, destiné à participer au débat national autour des questions économiques et à livrer des réflexions et propositions à ce propos.