Le dollar a chuté lundi à moins de 80,50 yens, enregistrant un nouveau plus bas face à la monnaie japonaise depuis avril 1995, poursuivant d’heure en heure sa glissade due à la morosité de la conjoncture américaine. Le billet vert est descendu à 80,44 yens à 16h58 à Tokyo (07h58 GMT), après avoir fait une première étape sous les 80,70 yens à 80,66 yens à 14h48 à Tokyo (05h48 GMT), peu avant la fermeture de la Bourse nippone. Il était passé sous les 80,80 yens mi-octobre, à 80,75 yens. Le dollar était revenu au-dessus de la barre des 81 yens ces derniers jours, un niveau également considéré comme inadmissible par de nombreux entrepreneurs japonais selon lesquels le billet vert devrait se situer au-delà de 90 yens. La monnaie américaine a cependant tendance à décliner face au yen, sur fond de perspectives de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire aux Etats-Unis, selon les cambistes. Cette nouvelle poussée de fièvre du yen intervient après la réunion vendredi et samedi des ministres des Finances et dirigeants de banques centrales du G20 en Corée du Sud. Lors de cette rencontre préparatoire au sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul, les pays riches et émergents se sont engagés à limiter les déséquilibres de leurs comptes courants et à s’abstenir d’intervenir pour dévaluer leurs devises, un accord qui s’appuie sur les propositions américaines. Reste que «le billet vert est entraîné vers le bas du fait de la mauvaise conjoncture américaine qui fait perdre de la valeur à cette devise», analysent les économistes. La tendance baissière du dollar risque d’autant plus de perdurer que s’est quasiment effacé la probabilité d’une nouvelle intervention directe imminente des autorités japonaises sur le marché des changes pour atténuer la force du yen, après l’action, de peu d’effet, effectuée le 15 septembre. De grands patrons japonais se préparent déjà à une flambée inédite du yen, tels le P-dg exécutif de Toshiba qui dit établir ses plans stratégiques sur la base très contraignante d’un dollar à 70 yens, alors que jusqu’à présent la plupart des sociétés n’osaient pas imaginer le billet vert sous les 80 yens. La cherté actuelle de la monnaie nippone est extrêmement handicapante pour les entreprises japonaises.