Economie

Conjoncture : Des paris à la hausse

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Le tourisme marocain se porte bien. Cette affirmation est vraie d’une certaine façon. Durant les quatre premiers mois de l’année 2005 tous les indicateurs de base sont à la hausse. Les nuitées globales grimpent de 15% et celles du tourisme étranger de 18%. Mêmes les dragons ne font pas des taux aussi élevés.
Dans cette course au succès Marrakech, Tétouan, Rabat et Agadir manquent les meilleurs scores. Cela va pour le tourisme récepteur de 33% de mieux à Marrakech à 10% à Agadir. Seules les villes d’Ouarzazate et d’Errachidia enregistrent des pertes de nuitées.
En 2004 la ville de Marrakech avait rattrapé l’année de référence 2000 et se trouve projetée en avant dès janvier 2005 dans une sorte d’élan irrésistible. Sauf accident d’ordre planétaire, la ville impériale peut terminer l’année avec un taux de croissance de l’ordre de 20%.
L’Europe et surtout la France sont au centre de cette belle reprise de la ville ocre qui renoue avec son passé prestigieux des années 80 et 90. Même le taux d’occupation globale de la ville, soit 65%, se rapproche des années 2000 et 2001 quand il atteignait les sommets de 70 et 75%.
L’Allemagne, l’Italie, la Scandinavie, l’Autriche, le Portugal et toute l’Amérique du Nord n’ont pas, quant à eux, participé à ce développement.
Pas d’indications officielles sur la recette moyenne par touriste de passage ou de séjour mais on peut estimer que Marrakech se défend bien et arrive à maintenir ses tarifs 2004 et dans certains cas, les améliore grâce à sa nouvelle restauration et à l’animation dont les créneaux s’élargissent sensiblement.
Les progrès de Tétouan doivent être rapidement relativisés car ses activités sont quasi taries. Le nombre des nuitées de référence est de l’ordre de 12.000 nuitées pour quatre mois. En faite, Tétouan se meurt et ses hôtels sont sinistrés. L’occupation incroyable qu’ils subissent n’a pas dépassé 17% depuis l’année 2000. De quoi pleurer !
Pour Rabat, la capitale politique du Royaume, l’année 2005 rattrape l’année 2000 et promet de faire mieux. Les taux élevés de croissance des nuitées de 25% pour le tourisme étranger et de 6% pour le tourisme interne ne doivent pas faire oublier que Rabat ne comptera pas sur l’échiquier du tourisme national et international avant plusieurs années et tant qu’elle n’aura pas une capacité d’accueil de 15 à 20 mille lits. Aujourd’hui et en attendant la réalisation du projet émirati Amouaj, ses hôtels affichent rarement complet et peinent à réaliser un taux d’occupation annuel moyen supérieur à 48%.
Pour Agadir, la perle de l’Atlantique, sinistrée dans le passé, reconstruite, adulée, puis négligée elle semble réunir à présent tous ses atouts pour relever le défi de Marrakech. Pourquoi se laisserait-elle dépasser par sa rivale ? N’a-t-elle pas une capacité équivalente ? L’océan Atlantique en plus ?
Les habitants du Souss ne sont-ils pas considérés au Maroc comme des gens sérieux, travailleurs et conciliants ? Certes, le gouverneur Moutii a marqué de traits noirs avilissants son passage dans cette ville sereine et ses traces ont presque disparu mais le temps perdu est rarement rattrapé totalement.
Agadir affiche en 2005 un taux de croissance convenable de deux chiffres. En le gardant constamment pendant la décennie, elle attirera capitaux et succès.
Alors le tourisme marocain se porte bien. Oui, mais tous les industriels vous le diront quand une affaire est saine et réalise des bénéfices, elle n’a pas besoin d’évoluer avec d’aussi fortes prouesses, rapprochées ; un 8% régulier ferait bien l’affaire. La problématique est que le Maroc hôtelier fonctionne encore avec des occupations bien au dessous du seuil de rentabilité. Alors quoi faire? Continuer à marquer les bons scores et mettre de côté le contrat-programme ou formater la vision 2010 et pourquoi pas réviser totalement la vision. N’est-il pas raisonnable de considérer aujourd’hui irréalisable l’objectif initial d’une croissance à 8,5% l’an du fait du tourisme, surtout avec un départ programmé à partir de 2001 et décréter l’année 2004 nouvelle année de référence. Dès lors, tout deviendra clair il suffira de booster le rythme de réalisation, simultanée, de tous les grands chantiers en cours, mobiliser les villes et les communes et faire de la coordination à la chinoise.
En tout état de cause, avancer dans le bon sens c’est bon pour le moral, alors gardons-le et rallions-nous à tout ceux qui proclament :  «qu’importe le vin du moment qu’on a l’ivresse » ! 

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