La mondialisation montante a créé de nouvelles règles pour l’espace géographique mondial. L’investissement, clé du développement se meut plus facilement et induit de nouveaux effets sur les entités urbaines d’accueil. Les villes sont repensées pour s’adapter à ces nouvelles règles. À l’affût de l’investissement, elles anticipent ses besoins pour mériter ses faveurs. Le temps n’est plus aux beaux plans dessinés, ni à la suffisance des références historiques. Il ne suffit plus de réussir son transport ou son architecture pour être une ville prisée. Les villes ne vivent plus de leur rente, elles investissent presque autant qu’elles ne gagnent. Afin de rester dans la course, elles observent leurs voisines et parfois même se courtisent pour constituer des pôles d’influence. Les grandes métropoles mondiales monopolisent un réseau d’échanges et d’influences, qui impose les rôles aux autres entités urbaines. S’appuyant sur un potentiel reconnu, financier, culturel ou politique, elles construisent leurs images référentielles sur une compétence distinctive et polarisent le leadership régional. Maîtrisant les flux financiers, ces pôles attractifs imposent leurs règles. Entre les foyers nord-américain, européen et asiatique, de nouvelles destinations se créent, mais toujours en complément du système supérieur de base. Dans cette course, le pôle relais méditerranéen n’est pas en reste. Premier palier d’une connexion euro-africaine, il a besoin d’entités d’appui pour assurer cette nouvelle extension du domaine d’influence. Entre les villes du pourtour méditerranéen, une course est enclenchée. Barcelone, Marseille, Alexandrie, Tanger, Alger, Tunis, Casablanca…les chances de positionnement se jouent à tous les niveaux. Les avantages des uns et les inconvénients des autres sont mis sur le tapis. Les coalitions se constituent, la langue et les affinités jouent un rôle important dans les rapprochements. Dans cet environnement compétitif, Casablanca a de grandes chances de jouer un rôle de métropole relais pour les quinze années à venir.
Casablanca est la principale locomotive économique de la conurbation atlantique nationale, constituée par l’ensemble des entités urbaines situées entre El Jadida et Kénitra. Dans cet ensemble, Casablanca joue le rôle de pôle majeur de commandement. Tanger et Casablanca constituent un axe des plus en vue. Deux grands ports, reliés par une autoroute, qui peuvent être connectés aux réseaux de voirie européen et africain. Casablanca convient parfaitement au rôle de métropole relais et donc à celui d’une plaque tournante entre une Europe entreprenante et une Afrique accueillante. Le projet de SOFA (Schéma organisationnel de la façade atlantique) place la métropole nationale au cœur de cet ensemble poly-urbain. Il prévoit la complémentarité de ces entités urbaines pour créer un pôle régional à l’échelle du système urbain supérieur (international). Les équipements majeurs qui desservent cette zone et la qualité des entités économiques qu’elle accueille lui donnent un rayonnement qui dépasse les limites du pays. A l’échelle de l’aménagement urbain, des signaux forts annoncent un renouveau certain. Le regroupement de l’instrument communal auprès d’une seule entité permet d’agir avec plus de précision. Le programme Villes sans bidonvilles donne un autre ton à l’action urbaine puisqu’il vise de neutraliser l’effet négatif des quartiers insalubres sur le paysage urbain. Tous les projets de renouvellement urbain, qui jusque-là manquaient de synergie, repartent avec plus de vigueur. La certitude d’avoir défini un profil minimum de base au paysage urbain permet de relier le conceptuel et le budgétaire. Casablanca peut se concentrer aujourd’hui sur un programme unique assurant la complémentarité entre les projets structurants, les actions de nivellement urbain et les projets sociaux. Le développement durable de l’ensemble des composantes urbaines de la ville paraît très accessible. Le manque ressenti à ce niveau, ne se trouve nullement au niveau des composantes, mais seulement de la gestion. Comparativement à d’autres espaces urbains oû le problème est structurel, notre ville accumule des richesses naturelles recherchées sous d’autres cieux. Les villes qui payent le prix fort pour créer des espaces de cordialité autour de pôles artificiels, envient Casablanca pour sa zone côtière, ses cours d’eau urbains qui ne demandent qu’à être mis en valeur et sa zone rurale en harmonie avec une population amoureuse de tout ce qui rappelle un arrière-pays riche en paysages. Aujourd’hui, la ville est un terme qui indique plus des acteurs qu’un espace. L’histoire de la ville a été le reflet de la vie des hommes qui l’ont fréquentée. Casablanca réunit aujourd’hui des hommes et des femmes engagés à relever l’image de leur société. Conscients du temps perdu, leur regard s’est orienté vers un seul objectif : faire rayonner un foyer civilisationnel à la hauteur de leur culture et de leurs ambitions.
Casablanca reconvertira ses ruptures en coutures, pour le bien-être de ses enfants. Casablanca peut tout ce qu’elle veut, tout autre message n’est que temps perdu.
• Par Oidie Soubat
Architecte urbaniste