Economie

Crise islandaise : Vaste remise en cause des préceptes libéraux du FMI

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Interdire aux investisseurs de fuir un pays, restructurer de vastes pans de dette, chercher des solutions à des problèmes sociaux et gérer une opinion publique frondeuse, le Fonds monétaire international a mené en Islande une mission inhabituelle. L’aide à cette petite économie a suscité une vaste remise en cause des préceptes libéraux du FMI. Peu auraient prédit qu’elle viendrait d’un pays deux fois moins peuplé que la ville de Washington, et l’un des plus riches du monde. En débarquant à Reykjavik en octobre 2008, les fonctionnaires du FMI arrivent dans le premier pays d’Europe de l’Ouest à faire appel à son aide depuis le Portugal 25 ans plus tôt. Le taux de chômage est inférieur à 2%, mais trois banques obèses, pesant neuf fois plus lourd que le PIB, sont à l’agonie. Très vite, ils se rendent à l’évidence: les remèdes conventionnels, pour employer la métaphore du «médecin» chère au directeur général de l’institution, Dominique Strauss-Kahn, ne fonctionneront pas. La couronne islandaise part en vrille faute d’acheteurs, et le système bancaire est à court de liquidités, forçant les Islandais à recourir parfois au troc, incapables de retirer leurs économies de leur banque. L’une des premières mesures du FMI est de fermer les frontières financières. L’Islande met en place un contrôle des capitaux, en supervisant un vaste champ de transactions qui pourraient vider le pays de son épargne. Ces contrôles sont toujours en place. Le FMI les espérait provisoires: il n’en aime pas le principe. Mais force est de constater qu’ils fonctionnent. «Les contrôles de capitaux ont eu de nombreux avantages pour l’Islande. D’abord ils ont contribué à apporter des financements à bas coût pour le budget. Ensuite, ils ont réussi à stabiliser le taux de change», reconnaissait, vendredi, la chef de mission du FMI dans le pays, Julie Kozack. Le Fonds a publié, vendredi 14 janvier, un rapport d’étape sur son prêt de 2,1 milliards de dollars au pays. Il y évoque une question sociale que l’on attend plutôt de son institution sœur, la Banque mondiale: les flux migratoires. «L’émigration a augmenté, particulièrement chez les ressortissants islandais», constate-t-il. Il a aussi appris à composer avec une rébellion de l’opinion publique qui a surpris dans cette démocratie tranquille. En janvier 2009, la foule à Reykjavik bombarde d’œufs la limousine du Premier ministre libéral, Geir Haarde, qui démissionne. Le gouverneur de la Banque centrale s’accroche à son poste, avant d’être remercié. Le message est clair: rien ne se fera sans le soutien populaire. Le président soumet à référendum l’accord avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas pour rembourser les frais dus à la faillite d’une banque islandaise, Icesave. Résultat: 93% de non, et une longue renégociation internationale dont se serait bien passé le FMI. Le Fonds a aussi trouvé en Islande un terrain d’expérimentation pour la restructuration des dettes. Des entreprises et des particuliers avaient contracté des emprunts en devises étrangères, impossibles à rembourser.

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