Croissance agricole : La session de rattrapage

Les barrages ont pris 5,4% de plus entre le 24 novembre 2013 et la première semaine de ce mois de février.

En léger recul, puisqu’elles ont enregistré 63,8% pour 10,07 milliards de mètres cubes par rapport à la même période de l’année 2012 où le taux de remplissage a été de 68,7%, les retenues avoisinent désormais les 69,3% avec 10,97 milliards de mètres cubes.

Bien que marquant une légère baisse par rapport au millésime de 2013, où le niveau de remplissage a totalisé 12,48 milliards de mètres cubes, ce qui représente 79% de la capacité totale de stockage, ces collectes laissent espérer un niveau de retenues sensiblement du même ordre que l’excellent cru de l’année dernière. Bien que tous les barrages ne soient pas logés à la même enseigne de performance et que ceux du centre et du sud aient été moins nantis, le taux de remplissage moyen «de tous les ouvrages d’eau confondus» laisse augurer un bon comportement des cultures irriguées.

Les mêmes perspectives de campagne agricole honorable se dessinent en terrain Bour. Confortées par les précipitations du début de ce mois de février, les pluies de l’entame de l’année ont en effet également redonné espoir aux exploitants du non-irrigué. Interrogés sur leurs attentes lors d’enquêtes journalistiques, de petits exploitants ont dit leur foi en une session de rattrapage inespérée de leur activité.

Ils ont déclaré qu’aussi bien la grande quantité des pluies, leur répartition géographique globalement satisfaisante, et leur étalement dans le temps devraient concourir à lever de belles moissons. Tout en espérant que le cycle leur reste favorable, ils ont souhaité une embellie qui permette aux retardataires d’entreprendre les travaux qu’ils n’ont pu mener à temps et surtout, de «donner à la terre le temps de se réchauffer». Ils ont, en effet, jugé que le redoux est essentiel à la bonne conduite de la campagne.

Leur vœu de trêve a des chances d’être exaucé puisque les services de la météorologie nationale n’annoncent pas de pluies substantielles et de ciel particulièrement couvert à l’horizon proche. Selon les prévisions, nul gros nuage porteur n’est en vue avant la semaine prochaine. Ces services dont les prédictions sont souvent prises en défaut par la réalité des faits ont-ils vu juste pour une fois ? Et surtout, une semaine sans pluie battante et sans froid, est-ce suffisant pour réchauffer la terre? Ce sont ces questions que se posent aujourd’hui les exploitants des terres Bour.

Les économistes et les analystes se posent, eux, celle de la croissance. Au train où les événements s’enchaînent, les différents pronostics sur ce que sera le niveau de développement qui sera réalisé cette année ont en effet sérieusement été ébréchés. Elaborés pour la plupart avant l’arrivée des grandes pluies de janvier, ils tablaient sur des conditions climatiques assez peu clémentes, en sorte qu’ils sont aujourd’hui en situation de déphasage par rapport au concret.

La perspective d’une bonne récolte prenant le pas sur celle d’une moisson passable, il apparaît, en effet, que ce sont les prédictions du gouvernement – 4,2% – qui aient le plus de chances de se réaliser au détriment des 3,6% de croissance avancés par la Banque mondiale et, surtout, des 2,4% prévus par le Haut-Commissariat au Plan (HCP).

S’il advient que les prédictions du ministère des finances se réalisent, la pluie n’aura pas seulement éteint les appréhensions des agriculteurs, mais encore aura noyé la polémique sur les statistiques et la croissance qui a opposé le HCP au gouvernement.