Les ménages ont toujours le moral en berne. Non corrigé des variations saisonnières, l’Indice de confiance des ménages (ICM), le marqueur qui dit la volonté des individus à s’impliquer dans le processus économique notamment par la participation à la consommation et à l’épargne, a encore fait maigre au cours du 2ème trimestre de cette année, ce qui laisse peser un sérieux doute sur les capacités de rebond de la croissance économique.
Les finances de l’Etat étant au plus mal, obérant d’autant l’investissement public et, l’entreprise n’ayant pas de lisibilité de l’avenir, ce manque de confiance des ménages pourrait éloigner les perspectives de reprise à des délais dont la longueur pourrait amener des complications sociales. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’Indice de confiance des ménages (ICM) a enregistré au cours du 2ème trimestre une baisse de 5,1 points par rapport à son niveau au même trimestre de l’année 2011 et de 2,2 points par rapport au 1er trimestre de 2012. Comme cette baisse est la 3ème consécutive depuis la fin de l’année dernière, l’indice s’est établi à 80,7 points contre 82,9 points au trimestre précédent et 85,8 points un an auparavant, soit des baisses respectives de 2,2 et de 5,1 points. Les chiffres ne sont pas anodins puisqu’ils configurent la perception économique des ménages et déterminent dans une large mesure leur comportement sur le plan de la consommation et de l’épargne.
Un maître-mot en ce qui concerne ces perspectives dit le HCP: déjà échaudés par l’évolution de la situation, les ménages s’attendent à une nouvelle détérioration de la situation économique générale et de leur niveau de vie . Car en dépit d’un léger mieux, l’appréciation qu’ils ont de leur niveau de vie reste moins bonne que son niveau un an auparavant.
La preuve est que les effets de la crise sont de plus en plus palpables. Ce pessimisme est également présent dans la perception qu’ils se font du chômage et donc de leur niveau de vie. Le HCP note qu’au 2ème trimestre de 2012, 64,4% des ménages tablent sur une hausse du nombre de chômeurs pour les 12 mois à venir.
Le HCP est formel en ce qui concerne les conséquences: «Au deuxième trimestre de 2012, 57,8% des ménages considèrent que le moment n’est pas opportun pour faire des achats de biens durables alors que 20,4% pensent le contraire. Cette situation tient pour une grande part au fait que la perception des ménages s’agissant de leur situation financière se dégrade continûment rendant ce type d’achats peu raisonnables». La note de conjoncture du HCP relève : «que 57,9% ( de ces ménages) déclarent ajuster leurs dépenses à leur revenu, 36,6% s’endetter ou puiser dans leur épargne et seuls 5,5% déclarent épargner». Outre la faiblesse du nombre des épargnants, c’est celui qui mesure le niveau de l’endettement qui retient l‘attention. Il marque que la consommation, pourtant facteur essentiel de la dynamisation de la croissance avec l’encouragement de la production, est difficilement extensible.
Elément aggravant : les ménages ont le sentiment que les prix des produits alimentaires ont augmenté et que cela ira en s’exacerbant. «Au deuxième trimestre de 2012, plus de 9 ménages sur dix (91,6% contre 92,4% au trimestre précédent et 89,4% un an auparavant) pensent que les prix des produits alimentaires ont augmenté dans le passé et plus de sept sur dix (73,4% contre 72,3% et 66,6% respectivement) pensent qu’ils continueront à augmenter dans le futur». Conséquence : «81,8% d’entre eux pensent ne pas pouvoir épargner au cours des 12 prochains mois». Ce qui devrait accroître les demandes de crédit et donc aggraver les tensions sur les liquidités. Certains achats étant incontournables.