Dans un contexte de crises successives : Recherche et innovation, solutions incontournables pour le développement de l’agriculture

Le ministre Sadiki a mis l’accent sur les systèmes de production résilients aux chocs climatiques et le développement des espèces et des variétés résistantes mais également des techniques et de la technologie qui permettent une adaptation et une résistance au manque d’eau et à la variation très importante de température.

Afrique : Le SIAM 2024 accorde une place centrale à la recherche et l’innovation. Dans ce sens, une conférence plénière s’est tenue le 23 avril 2024 sous le thème «La recherche agricole face aux défis des changements climatiques» afin de proposer des recommandations pour le développement de la recherche dans le secteur agricole, particulièrement en Afrique.

La recherche agricole se présente comme un allié incontournable dans le contexte de crise climatique et hydrique actuel. Elle a été au cœur de la première conférence plénière organisée le 23 avril 2024 au SIAM qui a pris pour thème «La recherche agricole face aux défis des changements climatiques ». Cette rencontre de haut niveau a réuni les principaux acteurs du secteur en plus de hauts responsables. L’objectif étant d’émettre des recommandations pour renforcer le positionnement de la recherche et développement dans le secteur agricole. En effet, l’innovation peut offrir aux agriculteurs et aux producteurs agricoles la possibilité d’accroître leur productivité tout en gérant mieux leurs ressources naturelles.

«L’équation complexe» à laquelle fait face l’agriculture

A l’issue de cette rencontre, Mohammed Sadiki, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, a souligné dans une déclaration à la presse : « Cette conférence de haut niveau est axée sur un sujet extrêmement important (…) sur le role de la recherche agricole pour faire face aux défis des changements climatiques et je dirais des chocs climatiques qui deviennent violents et répétitifs avec des extrêmes (…) les sécheresses d’un côté et d’un autre côté les inondations dans une partie du monde ». Il a expliqué que ces phénomènes sont également imprévisibles. « L’équation est complexe a résoudre. Il s’agit aussi de faire beaucoup plus en termes de production en volume et en diversification de produits. De plus, nous avons de moins en moins de ressources naturelles pour produire plus», explique le ministre citant notamment l’eau et le sol. «La solution de cette équation ne peut pas être conçue en dehors de l’encouragement de la recherche et de l’innovation et de la créativité (…) ainsi que les bonnes pratiques pour une agriculture efficiente ». Le ministre a également mis l’accent sur les systèmes de production résilients à ces chocs climatiques et le développement des espèces et des variétés résistantes mais également des techniques et de la technologie qui permettent une adaptation et une résistance au manque d’eau et à la variation très importante de température. Il cite aussi les pratiques qui permettent de renforcer la fertilité du sol, de la protéger. « Cela ne peut se faire qu’à travers une coopération régionale d’abord méditerranéenne mais également dans notre continent africain avec lesquels nous partageons tous ses problématiques. Notre pays est très à l’avant-garde de cette coopération », relève-t-il

L’insécurité alimentaire compromet le développement en Afrique

De son côté Josefa Sacko, commissaire de l’économie rurale et d’agriculture à l’Union africaine, a mis l’accent sur les défis auxquels fait face l’Afrique, notamment la sécurité alimentaire. « L’insécurité alimentaire en Afrique persiste principalement parce que la productivité agricole n’a pas suivi le rythme de la croissance démographique rapide et de la croissance économique du continent. La croissance de la productivité est entravée par le changement climatique, accès limité aux intrants agricoles, à l’irrigation, aux connaissances, au financement et aux marchés », relève-t-elle. Lors de son intervention, la commissaire de l’économie rurale et d’agriculture à l’Union africaine a rappelé le contexte marqué par le conflit entre l’Ukraine et la Russie, la dégradation des sols, les ravageurs et les maladies ainsi que la capacité limitée des agriculteurs et des institutions en charge de stimuler la croissance de la productivité. « En plus d’augmenter la productivité et la résilience, il est essentiel que le système agricole soit durable sur le plan environnemental et atteigne ses objectifs ultimes d’augmentation de la sécurité alimentaire et de revenus ainsi que pour la création d’emplois pour notre jeunesse», souligne Josefa Sacko. Pour la responsable, la recherche et l’innovation sont des outils essentiels pour l’augmentation de la productivité agricole, la résilience, la durabilité et l’atteinte des objectifs de développement définis dans la stratégie de développement agricole du continent africain.

Des réponses communes

Pour sa part Luis Planas, ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, a indiqué : « Nous sommes face à une situation qui n’est pas différente et exactement identique dans l’Union européenne et en Afrique, dans le Sud de l’Europe et dans le Nord de l’Afrique. On ne peut résoudre les grands problèmes qu’avec une coopération approfondie (…) on doit continuer à investir dans la recherche. On doit continuer à investir dans les problèmes que nous avons face à nous et surtout il faut coopérer plus étroitement pour accomplir ces objectifs au service de nos populations et au service de tous les citoyens. Cette conférence est une excellente occasion de voir à quel point non seulement nous avons des défis communs mais aussi des réponses communes». Le ministre espagnol a fait état de la coopération entre le Maroc et l’Espagne affirmant que les deux pays seront en première ligne pour apporter ces réponses pour ce qui est nécessaire notamment au futur de l’Europe, de l’Union européenne et de l’Afrique. A noter que cette conférence a traité plusieurs thématiques dont les orientations stratégiques de la recherche agricole face aux donnes de l’environnement national et international et le système de recherche agricole.