Economie

Débat : Diagnostic du tourisme rural

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Le tourisme de nature, qu’on qualifie aussi de rural, connaît un développement lent mais certain au Maroc (non sans problèmes). Le nombre d’agences et de guides spécialisés dans le produit ainsi que les touristes qui visitent la montagne ou le désert, augmentent continuellement au même titre que les régions et les circuits proposés. Parallèlement à cela, ce tourisme devient un centre d’intérêt sans précédent pour beaucoup d’ONG et d’organismes internationaux dans leurs programmes de développement durable en partenariat avec l’Etat, les associations d’environnement ou de développement ou les collectivités. Ces programmes sont basés sur l’approche participative qui implique les ressources humaines afin de préserver les ressources naturelles. Le but étant de sensibiliser les différents acteurs de l’importance de l’écotourisme dans le développement durable. C’est dans ce cadre que beaucoup d’organismes ont axé, depuis quelques années, leur intérêt- et donc l’action de certains de leurs projets aussi- sur le guide de montagne qui est l’un des éléments- clé de l’écotourisme et indispensable pour empêcher la dégradation de l’environnement dans le milieu montagnard.
Ainsi le Fonds mondial de la nature (WWF) par le projet «Initiation à l’éducation environnementale des guides de montagne», le GTZ (projet de coopération technique maroco- allemande) par «assistance à la gestion des ressources humaines» ou encore la Banque Mondiale par son «projet de soutien aux micro-crédits», et d’autres organismes, ont financé des projets de formation continue au profit de ces guides spécialisés. Les partenaires marocains autres que les associations organisatrices sont le ministère du Tourisme, celui des Eaux et Forêts, l’Université Kadi Ayyad, l’Institut spécialisé de technologie hôtelière et touristique (ISTHT) de Marrakech et bien d’autres.
L’ISTHT est déjà partenaire (depuis 1990) de la formation initiale des guides de montagne au Centre de formation aux métiers de montagne (CFAMM) à Tabannt dans la province d’Azilal où plus de 500 guides de montagne sont formés depuis les années mi- quatre-vingts.
Malheureusement, les guides de montagne qui répondent présent à ces sessions de formation ne sont pas nombreux. Ce qui est d’ailleurs souvent le cas même pour les réunions quand leur association professionnelle nationale (l’ANGAMM: Association nationale des guides et accompagnateurs de montagne du Maroc) n’est pas impliquée. Pourtant, les modules animés durant ce genre de formations portent en général sur le savoir- faire du métier de guidage en montagne, les normes de qualité, le patrimoine naturel et culturel et la connaissance du pays. Un atelier avait même travaillé sur l’élaboration d’une charte de l’écotourisme à l’ISTHT de Marrakech en 2002.
Il n’est plus à rappeler l’importance de l’éducation environnementale dans le tourisme de nature et l’intérêt qu’elle doit revêtir chez le guide qui est un acteur essentiel de la structure qui introduit le seul élément étranger à la nature, à savoir le touriste. D’où l’importance de sensibiliser cette catégorie d’agents, qui oeuvrent directement dans la nature, pour qu’elle pratique un tourisme durable, afin de sauvegarder l’environnement et préserver l’écosystème. Ce dernier devient de plus en plus fragile à cause de la croissance démographique, de la mauvaise gestion des ressources naturelles et bientôt des touristes dont le nombre tend à augmenter en montagne marocaine. L’initiation à l’écotourisme et à la sauvegarde du patrimoine (naturel et culturel) est d’une importance particulière surtout que la sauvegarde des écosystèmes occupe une place de premier plan dans la politique environnementale des pays émetteurs de touristes de montagne et de désert.
L’Union européenne vient en tête avec ses ressortissants qui constituent la majorité des 100 000 touristes (chiffre officiel que certains agents ne confirment pas) qui découvrent la nature marocaine chaque année. Dans ce sens, impliquer les tours-opérateurs européens- en plus de nos agents réceptifs spécialisés dans le tourisme de nature- dans des actions écologiques ne ferait pas un mauvais coup de marketing.

• Mohamed El Bouchhati
Enseignant à l’ISTHT de Marrakech

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