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Défis du secteur agricole: Le président de la Comader met les points sur les « i »

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Les grands défis du secteur agricole au Maroc ont été au centre d’une conférence tenue, jeudi à Salé, à l’initiative de la Confédération marocaine de l’Agriculture et de Développement rural (COMADER).

Cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la décision du Conseil d’administration de la COMADER relative à l’opérationnalisation des recommandations issues de la 1ère Rencontre nationale de l’agriculture, a été l’occasion pour les professionnels de discuter des contraintes actuelles et d’explorer les solutions possibles pour garantir la durabilité du secteur agricole.

Intervenant à cette occasion, le président de la COMADER, Rachid Benali, a relevé que l’agriculture marocaine fait face à de multiples défis, dont le déficit hydrique qui s’est aggravé en raison du changement climatique et de la succession d’années de sécheresse, la hausse des prix des intrants et la volatilité des marchés.

Ces contraintes constituent un obstacle réel à la continuité des activités agricoles, menacent les équilibres économiques et sociaux en milieu rural, et affaiblissent la capacité des agriculteurs, notamment les petits et moyens exploitants, à prendre des décisions d’investissement basées sur une vision claire, a-t-il fait remarquer.

Malgré tous ces défis, l’agriculteur marocain poursuit, avec professionnalisme et responsabilité, son rôle vital d’approvisionnement régulier des marchés nationaux en produits agricoles, a souligné M. Benali, saluant les mesures prises par le gouvernement pour atténuer les effets du déficit hydrique, à travers la mise en place de programmes visant à réduire l’impact du manque de précipitations et de la conjoncture mondiale sur l’activité agricole.

Et de noter que ces programmes, qui interviennent en exécution des Hautes Instructions Royales, ont pour objectif de mettre en œuvre le programme de soutien aux agriculteurs et de la protection du capital animal et végétal.

Le président de la COMADER a aussi salué les résultats significatifs réalisés par l’agriculture marocaine et les acquis des agriculteurs depuis le lancement du Plan Maroc Vert qui continue à se concrétiser à travers la mise en œuvre de la stratégie « Génération Green », lancée par Sa Majesté le Roi, en février 2020.

Par ailleurs, M. Benali, qui a rappelé que le Maroc a récemment connu des précipitations et chutes de neige importantes ayant contribué, de manière relative, à améliorer les réserves hydriques nationales, notamment au niveau des barrages et des nappes phréatiques, a souligné la nécessité urgente d’une vision claire sur l’eau d’irrigation.

Il a, à ce titre, fait part de son inquiétude quant à la diminution continue des volumes d’eau alloués à l’irrigation, malgré ces précipitations et chutes de neige récentes, alertant que la poursuite de cette situation, dans un contexte de succession de saisons sèches et de rareté de pluies, pourrait menacer les investissements agricoles et les moyens de subsistance de milliers de familles en milieu rural.

Dans ce contexte, et en raison de l’importance de l’agriculture en tant que moteur économique et pilier de la sécurité alimentaire et de l’emploi au Maroc, ainsi que de la nécessité de mettre en œuvre les Hautes Orientations Royales relatives à l’exécution du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, la COMADER formule une série de recommandations, a fait savoir M. Benali.

Il s’agit, entre autres, de garantir à l’agriculture, dans toutes les circonstances, au moins 80% des besoins en eau d’irrigation, tout en assurant la coordination et l’harmonisation entre la politique de l’eau et la politique agricole, et de revoir les quotas d’eau alloués à l’irrigation à partir des barrages pour les augmenter en fonction des besoins des zones menacées de perte totale de production.

Le président de la COMADER a également insisté sur l’importance de permettre aux agriculteurs, autant que possible, d’avoir une visibilité claire et anticipée sur le calendrier et le volume de la distribution des quotas d’eau, en particulier dans les périmètres irrigués, avant le début de la campagne agricole, afin de planifier efficacement les opérations agricoles, en plus d’associer les organisations professionnelles aux commissions régionales et provinciales en charge de la gestion de l’eau.

« Nous réaffirmons que la réalisation de la justice hydrique, la gestion intégrée et équitable des ressources en eau, constituent aujourd’hui une nécessité impérieuse pour assurer l’approvisionnement du marché national en produits agricoles afin de contribuer à la sécurité alimentaire de notre pays, garantir la durabilité des investissements agricoles réalisés, préserver les acquis en matière d’emploi agricole et protéger les producteurs et les agriculteurs », a-t-il conclu.

La COMADER regroupe les interprofessions agricoles qui sont régies par la loi 03.12 et liées à l’Etat par des contrats-programmes signés avec le gouvernement.

La confédération œuvre pour la coopération mutuelle et la défense des intérêts des agriculteurs et des professionnels auprès des administrations et des institutions publiques.