Economie

Derrac : «Confirmer la dynamique»

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ALM : La manifestation France Expo 2004 qui s’est tenue à Casablanca du 10 au 13 mars a été un franc succès. Quel bilan tirez-vous de cet événement ?
Michel Derrac : Pour sa seconde édition, France Expo a effectivement été un grand succès : 355 entreprises exposantes, plus de 15 000 visiteurs, de nombreux colloques sectoriels (environnement, agroalimentaire, investissement…) et des manifestations culturelles comme la soirée Jean-Piat et le concert de Yann Thiersen et Jacques Higelin. Casablanca a vécu à l’heure française durant quelques jours, une véritable dynamique s’est créée autour de cet événement favorisant les contacts entre les entreprises françaises et marocaines et en particulier, et c’est que je retiens surtout, entre les PME PMI des deux pays.
A propos des PME PMI justement, quel regard portez-vous sur l’important chantier de la mise à niveau que le Maroc a entrepris et doit réussir ?
Je crois tout d’abord essentiel de souligner que la problématique de la mise à niveau est complexe. Elle va bien au-delà de la question du financement et des instruments financiers mis en place qui apportent une solution, certes, efficace mais qui reste partielle. La mise à niveau passe avant tout par une prise de conscience. Je salue en cela l’initiative de M. El Mossadeq : la campagne de communication qu’il a lancée, était indispensable et elle se trouve complétée par la tenue des manifestations « EUROSYMPOSIUM – Les instruments européens au service des PME-PMI marocaines » que nous organisons. Il me semble toutefois que nous ne devons pas nous contenter de cela : chaque acteur a un rôle à jouer à son niveau dans le cadre de la mise à niveau. J’incite en particulier les banques, qui sont l’un des interlocuteurs privilégiés des dirigeants de PME-PMI, à renforcer le rôle déterminant qu’elles jouent dans la dynamisation de l’investissement industriel, notamment en conseillant, guidant les entreprises, en les incitant à recourir davantage aux fonds de garantie et les aidant à valoriser leurs projets en les rendant « bancables». En conclusion, je dirais que la dynamique enclenchée est intéressante car elle vise à impliquer l’ensemble des acteurs concernés mais il reste à confirmer dans les faits ces prédispositions : aux entreprises désormais d’agir, davantage encore, en utilisant l’ensemble de moyens mis en place.
Pourriez-vous nous rappeler le dispositif mis en place spécifiquement par la Mission économique au Maroc en faveur des entreprises marocaines ?
Le dispositif en question se concentre autour du financement de l’investissement, point essentiel de la mise à niveau et qui constitue souvent un point de blocage : l’accès au financement bancaire est limité par une appréciation divergente du risque entre l’entrepreneur (qui croit en la réussite de son projet) et son banquier (dont le métier n’est pas de prendre le risque du projet à la place de l’entrepreneur). La banque cherche légitimement à trouver un niveau de rémunération compatible au niveau du risque encouru. A l’inverse, les entreprises et notamment les PME PMI doivent pouvoir avoir accès à des financements compétitifs : le financement de l’investissement ne doit pas constituer le point bloquant la mise à niveau.
C’est suivant cette logique d’ensemble qu’a été mise en place, en 2000 dans le cadre de la coopération franco-marocaine, une ligne de crédit PME-PMI de 30,5 M d’euros. Cette ligne à vocation, comme les lignes PME-PMI espagnole, italienne et portugaise, à accompagner les entreprises marocaines dans leur processus de mise en niveau en leur octroyant, via le système bancaire, des crédits à 5% seulement pour financer l’acquisition de biens et services d’origine française. Un Fonds de Garantie Français (FGF) de 30,5 M d’euros a également été mis en place pour permettre aux PME PMI marocaines d’apporter une garantie à hauteur de 50 à 60% d’un crédit bancaire. C’est bien pour réduire ce coût du risque, et plus particulièrement le risque PME qui est par nature élevé et toujours difficile à gérer pour les banques, que celles-ci ont intérêt à « assurer » une partie de ce risque auprès d’un organisme de garantie spécialisé ou généraliste. C’est pourquoi le FGF a tout son sens en permettant de faciliter la conclusion d’un accord de prêt entre la banque et le plus grand nombre d’entreprises possible.
Comment fonctionne concrètement la ligne française de crédit PME-PMI ? Et quel est son bilan à ce jour ?
Trente projets ont été à ce jour imputés, pour un montant global de 17,7 millions d’euros, portant le taux effectif d’utilisation à près de 58%. Ces statistiques mettent en évidence que des fonds importants sont encore disponibles – de l’ordre de 12 M d’euros – et doivent donc encourager les entreprises à présenter des dossiers. Le montant des prêts pour les PME PMI bénéficiaires doivent être compris entre 100.000 euros minimum et 2,3 millions d’euros maximum. Les prêts sont d’une maturité comprise entre 6 et 12 ans, avec éventuellement un maximum de 4 ans de différé. Le taux est de 5%. Ce sont donc des conditions très attractives qui ne peuvent pas laisser les entreprises indifférentes. L’agro-alimentaire et l’industrie sont les principaux secteurs qui ont bénéficié de ce protocole (respectivement 65% et 32% des projets examinés). Plus marginalement, quelques projets ont également abouti dans les filières BTP, informatique et tourisme. La banque, qui assume le risque commercial dans cette opération, instruit le dossier en liaison avec la Mission Economique, qui avant d’imputer le dossier demande un avis à l’AFD et informe le Trésor marocain pour accord.
Et le Fonds de Garantie Français?
Le Fonds de Garantie Français en faveur du Maroc (FGF), est un fonds mis en place par le Trésor français, piloté au Maroc respectivement par la Mission économique, dont le chef préside le comité des garanties, et par l’AFD qui assure le secrétariat permanent. De son côté, la CCG apporte son expertise sur les dossiers. C’est donc un comité tripartite qui se réunit dès qu’un dossier est prêt, preuve de son extrême souplesse et de sa réactivité. Depuis la création du fonds en octobre 1999, vingt projets importants de mise à niveau ont pu bénéficier d’une garantie du FGF, ce qui représente un volume total de prêt garanti de l’ordre de 200 millions de dirhams. Par son concours, le FGF a contribué à la mise en place de programmes d’investissement pour un montant total de 400 millions de dirhams, représentant plus de 4 000 emplois dans l’ensemble des secteurs industriels: l’industrie textile, la plasturgie, la métallurgie, l’agroalimentaire, etc. Le bilan d’activité du FGF est donc réellement appréciable. Il n’en demeure pas moins que les besoins de renforcement des secteurs industriels sont larges et que tout un pan d’entreprises reste encore en marge du processus de mise à niveau.

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