Economie

Des labels obligatoires

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Effective depuis le 1er janvier 2005, la nouvelle loi sur l’étiquetage et l’emballage des produits alimentaires impose l’arabe comme langue de label. Le texte, découlant d’une disposition réglementaire émise par décret le 4 juin 2002 devait entrer en vigueur en février 2004. A cette date, le délai de 18 mois accordé aux opérateurs avait été alors prolongé jusqu’au 31 décembre 2004.
Malgré ce report, la disposition inquiète toujours les importateurs, obligés désormais de demander à leurs fournisseurs un emballage sur-mesure pour le marché marocain.
«Le fait est que ce marché ne représente qu’une portion minime du chiffre d’affaires de la plupart des fournisseurs», s’insurge Fouad El Euldj, responsable marketing de Food Group Trading, entreprise spécialisée dans l’importation de produits alimentaires haut de gamme.
«Au Maroc, poursuit-t-il, la consommation du biscuit n’excède pas 1 kilogramme par an, contre 18 kilos en Angleterre». Le calcul est vite fait pour les fournisseurs qui préfèreront pour certains articles, supprimer leurs exportations sur le Maroc, plutôt que d’y consacrer toute une logistique.
De plus, certains fournisseurs, engagés dans la logique de «marque», refusent toute différenciation de leurs produits.
Côté coûts, la pilule risque d’être amère. Déjà, dans les dispositions légales antécédentes, importer un produit comme le biscuit chocolaté au Maroc n’était pas de la sinécure. Les taxes douanières représentent jusqu’à 80% des coûts. «Quand nous achetons un produit à 1 euro, il passe à 1,80 euros après le passage sous-douane. A cela, il faut ajouter la marge de l’importateur, puis celle du distributeur (à partir de 20%) intransigeant sur sa rémunération, le coût du transport en hausse de 50% durant l’année 2004 à cause de l’augmentation du prix de pétrole».
Autant de facteurs qui font dire aux importateurs que la loi, bien que destinée à renforcer la protection du consommateur, intervient au mauvais moment. «Malgré ces différents aléas, nous ne sommes pas dans le fond, opposés à cette loi», précise Fouad El Euldj, qui souhaite que le délai d’application se fasse de manière graduelle. Ce qui, il faut le dire, est loin d’être le cas.
Pour certains produits, l’étiquetage obligatoire en arabe a déjà commencé dès le passage sous-douane. A l’arrivée, certains distributeurs commencent à refuser sur leurs rayons des marchandises dont l’emballage ne répond pas aux nouvelles normes.
Face à cette accélération dans l’application de la loi, certains importateurs, comme FGT, ont déjà commencé à étiqueté leurs produits en arabe. Créée en 1994 par Ali Salhi, Food Group Trading s’est régulièrement développée pour devenir le leader des biscuits importés au Maroc, créneau représentant 70% de son chiffre d’affaires. « Nous opérons avec nos partenaires comme des franchisés. Nous insistons beaucoup sur le développement des marques avec un suivi rigoureux sur le terrain», précise M. El Euldj.
Partenaire exclusif de sociétés internationales de renom comme United Biscuits (marques Nabisco, BN et Delacre), la Bella Easo ou, entre autres la Compagnie générale de conserves, FGT commercialise 120 références différentes de produits alimentaires. L’entreprise est en train d’élargir son offre dans le haut de gamme, sa niche de prédilection. Concrètement, le décret du 4 juin 2002 fixe les mentions obligatoires.
Outre l’obligation du label en arabe, le produit alimentaire doit comporter la dénomination de vente, la liste des ingrédients, la quantité nette, sauf si celle-ci est inférieure à 5g ou 5 millilitres, à l’exception des épices et des plantes aromatiques. Obligatoire aussi, la date de péremption, le nom ou la raison sociale du fabricant ou du conditionneur, ou de l’importateur.
De même, le lieu d’origine ou de provenance de la marchandise doit être mentionné chaque fois que l’omission est «de nature à créer une confusion dans l’esprit de l’acheteur sur l’origine ou la provenance réelle de la denrée alimentaire ».
Dans certaines conditions, le mode d’emploi doit être mentionné. Il en est de même du titre alcoométrie acquis par les boissons titrant plus de 1,2% d’alcool en volume.
L’obligation d’un label en arabe fait quand même un heureux. L’industrie locale des produits alimentaires, qui bien que évoluant en général dans la moyenne gamme, se frotte les mains.
La nouvelle loi permet aussi, toute considérations envers la protection du consommateur étant émises, de maîtriser le flux des importations.
Un bouclier sectoriel contre les accords de libre-échange ?

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