Economie

Des pratiques peu orthodoxes

Après avoir travaillé directement au sein de plusieurs entreprises de textile, Khadja L. décide de recourir au travail temporaire. Selon son expérience, sa situation personnelle et matérielle s’est nettement améliorée. Elle bénéficie désormais de droits dont elle a été privée pendant plusieurs années. La déclaration à la CNSS est réelle. Le salaire minimum (SMIG) est assuré ainsi qu’une couverture contre les accidents de travail. «Ces acquis n’ont pas été obtenus d’office, il a fallu insister auprès  de l’organisme qui m’a recrutée. Pourtant, c’est une filiale d’une grande signature internationale», affirme Khadija. Concrètement, l’affiliation à la CNSS n’est devenue effective qu’à la suite du second mois de travail, alors qu’elle devait l’être automatiquement, dès le premier jour de travail chez la société faisant appel à ses services. Le témoignage de cette personne qui a eu recours au travail temporaire met le doit sur des pratiques hors la loi, assez répandues dans la filière.
En effet, selon elle, le Smig (autour des 1700 DH net/mois) n’est pas généralisé. Des activités faisant appel à beaucoup de main d’œuvre ne payent dans la majorité qu’un salaire inférieur à 1500 DH. La confection et le gardiennage pratiquent des salaires encore plus bas.
Pis, des employés, victimes d’un accident de travail, se sont rendu compte qu’ils ne bénéficiaient d’aucune assurance de travail, encore moins de prestations sociales. «Dans un geste de générosité forcée, le patron les a pris en charge. Les faisant soigner sur sa charge personnelle, il voulait essentiellement étouffer l’affaire sans que les services sociaux en prennent connaissance», précise notre témoin avant d’ajouter : «Et pourtant un contrat d’intérim liait ces personnes à cet employeur ». À qui incombe la faute ? Certainement au vide juridique actuel. Aucune loi ne régit ce genre de prestations.  
En plus, il est désormais établi que l’automatisation du système productif, qui a trouvé sa pleine signification avec l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, diminue les gestes humains d’exécution. Ces mutations s’accompagnent d’une transformation profonde de l’activité de travail. La tendance va vers la standardisation des gestes routiniers accomplis par les travailleurs. Le rêve de la robotisation obsède encore les imaginaires. Le travail des hommes consiste désormais à piloter, à programmer, à dépanner, à organiser les flux de matières et d’informations, à gérer les situations anormales plus que la production elle-même.
Aussi, l’optimisation des coûts est le leitmotiv. Le travail se trouve délocalisé en fonction de la qualité et du coût de la main-d’œuvre, de l’infrastructure disponible et de l’environnement institutionnel au niveau mondial. Seulement, il y a des tâches où le recours à l’élément humain reste incontournable. Le secteur textile en est la manifestation par excellence. Mais, un triste constat s’impose : la tendance à la robotisation impose sa méthodologie, consciemment ou innocemment, à l’ensemble des domaines. Des économies sont recherchées au dépend des prestations basiques dues par une entreprise à ses employés. Le projet de loi sur la réglementation du travail temporaire au Maroc dans son chapitre II compte combler ce vide. Il se propose d’instaurer des droits des salariés temporaires. Désormais, un contrat de mission réglera les rapports entre les deux parties. Le salaire minimum interprofessionnel garanti sera assuré. L’affiliation à la CNSS, une couverture accidents de travail, une couverture responsabilité civile, le paiement des congés payés légaux et de jours fériés, une visite médicale pour toute mission d’une durée supérieure à 6 mois ainsi qu’une fiche de paie seront institués par le texte de loi. Reste à espérer qu’il verra le jour dans les plus brefs délais. Il y va de l’intérêt d’une population dans le besoin.

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