Développement logistique : Le Maroc entame une nouvelle ère

Le transport maritime assure plus de 98% du commerce extérieur marocain.

Vision : De nouvelles priorités et orientations stratégiques ont été tracées pour ce nouveau cap. Parmi les orientations prises, on note la promotion de la logistique et du transport des marchandises à travers le développement de chaînes logistiques performantes au service de la compétitivité de l’économie nationale.

Levier de compétitivité, le secteur de la logistique a franchi un énorme pas au Maroc. Une stratégie ambitieuse a été mise sur les rails depuis 2010 accompagnant ainsi les différentes visions sectorielles implémentées sur le plan national en vue de faire du Royaume un hub économique régional. Une réelle impulsion a été donnée tout au long de ces années au secteur de la logistique le plaçant ainsi au cœur des priorités stratégiques du Maroc. D’importantes mutations ont eu lieu, portées notamment par les grandes avancées de l’activité de transport à la fois sur le plan terrestre, ferroviaire, maritime et aérien. Tout au long de ces deux dernières décennies, le Maroc a mis les bouchées doubles pour renforcer sa connectivité. D’importantes infrastructures ont été mises en place en vue de consolider l’attractivité du secteur aussi bien au niveau national que régional. A titre d’exemple, le réseau routier compte un linéaire de 59.400 kilomètres, dont 1.800 kilomètres d’autoroutes et 1.670 kilomètres de voies express. On note également une nette évolution du taux des routes revêtues. Ce dernier est passé de 56% en 2000 à 79% en 2021. Ce réseau assure, par ailleurs, 90% des déplacements de personnes et 75% du transport de marchandises. Le réseau ferroviaire a également affiché une évolution notable. S’étendant sur une longueur de 2.295 kilomètres, dont 200 kilomètres de ligne à grande vitesse, ce réseau a permis d’augmenter le trafic passager à 45,9 millions en 2022 contre 30,9 millions en 2010. La connectivité aérienne a également connu une perpétuelle progression. Les 25 aéroports du Maroc, dont 19 internationaux, ont vu leur capacité d’accueil augmenter. Une dynamique qui se renforcera davantage notamment après la concrétisation du contrat programme mené conjointement entre l’Etat et Royal Air Maroc sur la période 2023-2027. L’ambition étant d’asseoir le positionnement du Maroc sur la scène mondiale et continentale en matière de trafic et de connectivité aérienne. L’objectif prôné est d’attirer 65 millions de voyageurs d’ici 2037 dont 50% captés par Royal Air Maroc. Ce dispositif vise également à positionner le hub Mohammed V parmi les trois premières infrastructures aéroportuaires en Afrique. S’agissant du transport maritime, la modernisation des infrastructures portuaires a permis de positionner le Maroc en un hub portuaire et logistique aussi bien au niveau régional que continental.

Le Royaume est ainsi passé de la 80ème place mondiale en 2006 à la 19ème en 2022. En capitalisant sur ces acquis, de nouvelles priorités et orientations stratégiques ont été tracées pour ce nouveau cap. Parmi les orientations prises, on note la promotion de la logistique et du transport des marchandises à travers le développement de chaînes logistiques performantes au service de la compétitivité de l’économie nationale. La priorité sera donnée à l’accélération de la mise en œuvre des zones logistiques et au développement des compétences dans le secteur. Ces objectifs appuieront l’ambition du Maroc dans son initiative pour l’Atlantique pour le Sahel. Ce projet royal, annoncé à l’occasion du 48ème anniversaire de la Marche Verte, permettra aux pays sahéliens enclavés d’accéder aux infrastructures routières et portuaires du Royaume. L’initiative libérera à terme le potentiel de la région comme elle consolidera le rôle du Maroc en tant qu’acteur clé du développement et de la coopération au niveau continental. Sitôt annoncée, l’initiative a été saluée à plusieurs échelles. L’Institut britannique pour le libre-échange estime dans ce sens qu’elle permettra de «travailler sur des investissements qui génèrent une richesse durable et partagée, des projets structurés et mutuellement bénéfiques et qui permettent l’autonomisation et l’éducation des populations ». Il est à noter qu’une étude a été lancée dans le sillage de cette initiative en vue d’établir le diagnostic de la situation de la navigation commerciale. Le but étant de l’adapter aux meilleures pratiques internationales en vue de créer un cadre adéquat pour encourager les investissements dans le secteur de la marine marchande. Dans une récente sortie médiatique le ministre de tutelle, Mohammed Abdeljalil, a indiqué que cette étude permettra d’identifier les marchés dans lesquels le Maroc pourrait développer un noyau de transport maritime qui favoriserait la création d’une flotte forte et compétitive.

Pour rappel, le transport maritime assure plus de 98% du commerce extérieur marocain. Si l’on se base sur les indicateurs d’activités de l’Agence nationale des ports (ANP), l’année 2023 a enregistré un trafic de 88,4 millions de tonnes au niveau des différents ports gérés par l’Agence marquant ainsi une amélioration de 1,4% en glissement annuel. Le trafic à l’import a enregistré une hausse de +0,4%, affichant un niveau de trafic équivalent de 59,1 millions de tonnes en 2023 contre 58,9 millions de tonnes en 2022. Le trafic à l’export a enregistré une hausse de près de +3,3%, l’équivalent de +0,9 million de tonnes affichant un niveau de trafic de 29,3 millions de tonnes en 2023 contre 28,3 millions de tonnes en 2022. Du côté de Tanger Med, le complexe portuaire a manutentionné 122 millions de tonnes de marchandises, en augmentation de 13,6% par rapport à 2022, dont 21% en import/export. Ce trafic global enregistré est le plus élevé au niveau du détroit de Gibraltar et à l’échelle de la Méditerranée. Il représente, par ailleurs, plus de la moitié du tonnage global traité par l’ensemble des ports du Maroc.