Depuis 2007 l’investissement public représente 190 milliards de dirhams par an. Sur la décennie précédente le Maroc était à une moyenne de 90 milliards de dirhams par an.
Comment améliorer la rentabilité de l’investissement public ? Telle a été la problématique abordée lors de l’atelier organisé, mardi 23 mai à Rabat, par le chef de gouvernement en partenariat avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Intitulée «Investissement public efficace pour un développement territorial inclusif et durable», cette rencontre de haut niveau a été tenue dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Dialogue territorial» relevant du programme de coopération conclu entre le Maroc et l’OCDE. Lors de son intervention, le chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a mis l’accent sur la nécessité d’orienter l’investissement public vers les projets les plus efficients qui impactent positivement la croissance. Ainsi, le chef de gouvernement a souligné que malgré les efforts fournis par l’Etat, l’investissement public reste insuffisant comparé à la part qu’occupe celui dans le PIB (30%).
La modernisation des infrastructures est budgétivore pour le pays
De son côté, Mohamed Boussaid, ministre de l’économie et des finances, a précisé que depuis 2007 l’investissement public représente 190 milliards de dirhams par an. Sur la décennie précédente le Maroc était à une moyenne de 90 milliards de dirhams par an, indique-t-il. Cette politique est volontaire et volontariste selon le ministre car «nous sommes conscients du déficit de notre pays en termes d’infrastructures, d’amélioration de la compétitivité des territoires et de réduction des disparités territoriales». Le ministre a dévoilé que la modernisation des infrastructures est budgétivore pour le pays.
M. Boussaid a également dévoilé que «dans les investissements publics, la part des établissements publics est extrêmement importante. Ainsi, sur 190 milliards de dirhams annuels, 110 milliards environ sont destinés aux établissements publics». Dans son raisonnement le ministre de l’économie et des finances a évoqué la question de l’endettement. Celui-ci a permis de mener des projets structurants pour le pays. Toutefois, le ministre a rappelé que cinq établissements publics représentent 80% de l’endettement. Il s’agit d’OCP, ONCF, ADM, ONI et Masen. Par ailleurs, le ministre a insisté sur la nécessité de continuer à porter l’ensemble des investissements publics par les établissements publics et par le Budget général tout en maîtrisant l’endettement.
Dans cette perspective, le ministre de l’Economie et des finances a révélé que l’indicateur qui permet de mesurer la relation entre investissement et emploi Incremental capital output ratio (ICOR) est de 6,9 pour le Maroc. Le ministre explique qu’il faut réfléchir sur «le choix des investissements, ainsi par exemple à optimiser l’exploitation des infrastructures. Il faut prioriser les infrastructures et leur impact sur la croissance et l’emploi».
A ce titre, Mohamed Boussaid a annoncé que le ministère de l’économie et des finances est en étroite collaboration avec la Banque mondiale pour mettre en place un système Project Investment Management qui permet de classer les investissements en fonction de leur impact sur l’emploi et sur la croissance.
Développement des régions

De son côté, Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a mis en avant les avancées réalisées par le Maroc durant ces dernières années. Il a par ailleurs souligné qu’une lecture plus en détail des chiffres permettra de dégager une disparité apparente entre les régions.
Nizar Baraka a également mis l’accent sur les disparités par région constatées dans le secteur de l’éducation. Ainsi dans certaines communes rurales, les années de scolarité ne dépassent pas deux ans alors que cette durée est plus importante dans certaines communes urbaines comme Rabat-Agdal ou encore Casablanca-Maarif où elle atteint 12 ans de scolarité. Le président du CESE a précisé que cette problématique a un impact considérable sur le développement du pays. Selon lui, la régionalisation avancée est une opportunité pour créer une ingénierie de l’action publique.
Nizar Baraka a appelé à saisir cette occasion pour harmoniser l’action entre les politiques publiques afin de répondre aux besoins des régions. Il a souligné qu’une coordination entre régions et collectivités territoriales est nécessaire. Pour le président du CESE, ces dernières ne disposent pas toutes des moyens primordiaux à leur développement. Il faut donc spécifier les compétences transférées et les compétences partagées de ces entités territoriales, précise-t-il. Pour sa part, Mohaned Laenser, président de l’Association des régions du Maroc, la question des ressources humaines est essentielle pour réussir la régionalisation avancée. Il a également appelé à un statut de la fonction publique des collectivités territoriales.
M. Laenser a aussi mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la réforme de la fiscalité locale.
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Les recommandations de l’OCDE
Au cours de cette conférence, Dorothée Allain-Dupré, chef de l’unité décentralisation, finances locales et investissement public auprès de l’OCDE, a présenté les trois piliers de gouvernance sur l’investissement déclinés en 12 recommandations. En effet, le premier pilier concerne la coordination entre les niveaux de gouvernance et entre les secteurs. Ce pilier consiste d’abord à investir en utilisant une stratégie intégrée adaptée aux différentes localités. Ensuite, adopter les instruments efficaces pour la coordination entre les gouvernements nationaux et infranationaux. Puis, assurer une coordination horizontale pour investir à l’échelon pertinent. Le deuxième pilier vise le renforcement des capacités d’investissements publics et la promotion des enseignements stratégiques à tous les niveaux de gouvernement. Ce pilier se focalise entre autres sur l’évaluation en amont des effets à long terme de l’investissement public et les risques connexes et impliquer les parties prenantes tout au long du cycle d’investissement.
Le troisième pilier vise à garantir un environnement propice à l’investissement à tous les niveaux de gouvernement. Cet axe consiste entre autres à mettre en place un cadre budgétaire adapté aux objectifs d’investissement visés et exiger une gestion financière solide et transparente à tous les niveaux de gouvernement.
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