Economie

Dirham : Une autre dévaluation en vue ?

La rumeur est persistante : le Maroc s’apprête, encore une fois, à dévaluer sa monnaie. Alors que les exportateurs se frottent déjà les mains, les importateurs, eux, sont gagnés par un vent de panique. Question : comment peut-on apprécier une telle décision ? L’étude consacrée à ce sujet tente de démonter «qu’à moins d’avancer de nouveau aujourd’hui le besoin de doper notre compétitivité, peu d’arguments plaident pour une dévaluation et que si l’impact positif de cette dernière est à relativiser, ses effets pervers en revanche sont à prendre en considération».
D’abord au niveau de la santé de l’économie qui, malgré un bilan globalement satisfaisant, reste marquée par plusieurs zones grises : creusement du déficit budgétaire, perte de compétitivité extérieure et aggravation du chômage, autant de facteurs qui pèsent sur l’économie marocaine, comme n’a pas manqué de le signaler le FMI dans son rapport du 9 juin dernier.
Après la sonnette d’alarme du FMI, c’est Bank Al-Maghrib qui a affiché son inquiétude dans son dernier rapport au sujet de la dérive des finances publiques, souligne l’étude. Le ton de la banque centrale est catégorique : «Il est impératif de rationaliser et de contenir les dépenses de fonctionnement». L’institut d’émission souhaite les ramener dans un cadre «plus en rapport avec les normes internationales». Globalement, les perspectives sont plutôt moroses en ce qui concerne l’année 2005 avec à la clé un important creusement du déficit budgétaire, précise l’étude, projet de loi de Finances 2005 à l’appui. Mais avec un PIB en progression, une inflation plutôt maîtrisée, besoin de financement externe couvert par les recettes touristiques, les revenus des transferts d’immigrés et investissements directs étrangers (IDE) qui permettent de couvrir le besoin de financement courant, l’évolution actuelle de la parité EUR/USD… la situation économique marocaine, pour l’heure, est loin d’être préoccupante, ce qui rend selon l’étude la dévaluation inopportune.
Effectivement, le géant chinois risque bientôt de concurrencer le Maroc sur un de ses marchés les plus porteurs, celui du textile et de l’habillement (25% des exportations totales), et les déficits se creusent. Mais une dévaluation avec les risques qu’elle comporte n’est pas pour autant justifiée, précise l’auteur de l’étude. Si en théorie, les vertus d’une dévaluation ne manquent pas, ses effets pervers sont nombreux. L’étude cite ainsi le surenchérissement du prix des produits étrangers qui sont importés. Le risque immédiat est d’accroître le niveau des prix sur le marché national donc l’inflation. (exemple : le prix des matières premières importées augmente d’où augmentation du coût des consommations intermédiaires pour les entreprises, augmentation des coûts de production donc les entreprises répercutent cette hausse sur leur prix de vente si elles souhaitent maintenir leurs profits). La hausse des prix des produits nationaux ainsi provoquée réduit l’effet de compétitivité-prix provoqué par la dévaluation.
À côté, l’étude relate d’autres effets pervers provoqués par la dévaluation : inflation importée, majoration du coût de la dette extérieure en monnaie nationale et donc creusement des déficits budgétaire. «L’histoire des crises de change est là pour le rappeler», conclut l’étude.

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