Le groupe de distribution Auchan France, qui enregistre une baisse de sa rentabilité depuis 2004, devrait voir son bénéfice net reculer de «plus de» 10% cette année, a prévenu son président Arnaud Mulliez lundi, dénonçant les hausses de tarifs exigées par les industriels.
«Nous prévoyons une baisse supérieure à 10% de notre résultat net cette année» en France, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse sur la réforme de la loi Galland.
«Notre rentabilité baisse depuis 2004», a ajouté Philippe Baroukh, directeur général de Auchan France. Les distributeurs et industriels avaient signé en 2004 un accord qui prévoyait des baisses de prix sur les produits de grandes marques.
La déflation s’est accélérée début 2005, après une première réforme de la loi Galland sur la revente à perte qui accorde une plus grande liberté aux distributeurs pour baisser leur prix.
Cependant, les distributeurs n’ont de cesse de dire que ces baisses s’effectuent au détriment de leurs marges, car les industriels continuent d’augmenter leurs tarifs. Plusieurs industriels, dont le géant agroalimentaire Danone, ont d’ailleurs annoncé la semaine dernière des hausses de leurs tarifs de plus de 10% d’ici fin novembre, en raison de la flambée des cours des matières premières agricoles.
«Les industriels exigent des hausses entre 9% et 12% pour les yaourts pour fin novembre, de 16,15% pour les fromages au 1er décembre, de 15% pour les compotes et de 20% pour les pâtes», a énuméré Jean-Denis Deweine, directeur des achats alimentaires chez Auchan France.
«Les fournisseurs menacent de ne plus nous livrer si nous n’acceptons pas ces tarifs, mais nous n’accepterons aucune hausse avant le début de 2008», a-t-il prévenu.
Concernant la réforme de la loi Galland dont le texte doit être voté au Parlement en fin d’année, Auchan a insisté sur la possibilité pour les distributeurs de pouvoir négocier librement les tarifs des industriels. Le groupe réitère l’avis des autres distributeurs et de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD).
Les industriels à l’inverse souhaitent continuer d’imposer les tarifs, comme c’est prévu dans la loi Galland. «Compte tenue de l’inflation importante des matières premières agricoles, dire que les prix vont baisser (en 2008), ce n’est pas sérieux. Mais le fait de pouvoir négocier librement les tarifs permettra de contenir les hausses, voire de baisser les prix de certains produits», a souligné M. Baroukh. La fin de l’interdiction de la revente à perte dans la grande distribution préconisée dans le rapport d’étape de la Commission pour la libération de la croissance française (CLCF) «va aboutir à des prix anormalement bas et va déstructurer le marché», a estimé M. Mulliez.
Il s’est en outre prononcé pour une dizaine d’ouvertures par an des hypermarchés le dimanche, contre cinq actuellement.