la structure des échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique reste polarisée par un nombre limité de produits.
Les échanges Maroc-Afrique enregistrent ainsi une croissance annuelle moyenne de plus de 7 % et représentent 5,5 % des transactions commerciales du Maroc.
64,4 milliards de dirhams, telle est la valeur des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays d’Afrique sur les douze dernières années. Le Royaume a, en effet, expédié sur le plan continental 38,8 milliards de dirhams de marchandises contre 25,6 milliards de dirhams d’importations entre la période allant de 2010 à 2022. Les échanges Maroc-Afrique enregistrent ainsi une croissance annuelle moyenne de plus de 7 % et représentent 5,5 % des transactions commerciales du Maroc. Ces chiffres ont été relevés dans le troisième rapport du Royaume du Maroc sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Une publication élaborée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui dresse le bilan de la première décennie de l’Agenda (2014-2023).
Parmi les « Aspirations » de l’Afrique pour l’avenir, telles qu’elles sont formulées dans l’agenda 2063, figure l’ambition d’un continent intégré, politiquement uni, fondé sur les idées du panafricanisme et de la vision de la renaissance de l’Afrique. Une ambition qui s’aligne avec la vision marocaine laquelle place le continent africain au cœur de ses choix stratégiques. «Le Maroc ne cesse de développer des efforts colossaux pour consolider ces relations et développer des partenariats diversifiés et utiles», indique le HCP dans sa publication et de poursuivre que «cet élan de partenariat entre le Maroc et pays africains a pris une nouvelle dimension sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en l’inscrivant dans une vision de long terme qui prend appui sur les vertus de la coopération Sud-Sud dans une perspective de développement inclusif».
Une dynamique commerciale en deçà du potentiel existant
L’évolution positive des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays africains durant cette décennie témoigne en effet des efforts entrepris pour asseoir un partenariat commercial entre le Royaume et ses partenaires africains. Toutefois, des opportunités restent à saisir pour consolider les synergies au niveau continental. «Ce dynamisme s’avère en deçà du potentiel mobilisable, au vu du caractère plutôt complémentaire que concurrentiel des profils de spécialisation de part et d’autre», souligne le HCP à cet égard. Se référant au HCP, la structure des échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique reste polarisée par un nombre limité de produits. En 2022, le Maroc a essentiellement exporté en Afrique les engrais naturels et chimiques. Ces expéditions représentent en effet 42,7 % des exportations marocaines vers l’Afrique.
A cela s’ajoutent également les préparations et conserves de poisson, les voitures de tourisme et fils et câbles. Pour ce qui est des achats du Maroc en provenance de l’Afrique, les importations du Maroc portent essentiellement sur les houilles, les cokes et combustibles solides similaires, l’ammoniac, les dattes, les matières plastiques ainsi que le gas-oils et fuel-oil. Au-delà des échanges commerciaux, le Maroc a orienté ses investissements vers l’Afrique. Ces derniers sont constitués essentiellement d’investissements directs.
Plus de la moitié des IDE marocains destinés à l’Afrique
Entre 2019 et 2021, les investissements du Maroc en Afrique se sont accrus pour atteindre les 8 milliards de dirhams en 2021 contre 6,9 milliards de dirhams en 2019. Ils représentent ainsi près de 58 % du total des investissements directs étrangers marocains à l’étranger réalisés entre 2010 et 2021. Les investissements du Maroc en Afrique au titre de l’année 2021 sont portés à hauteur de 60,7 % par le secteur bancaire. Le secteur industriel arrive en deuxième position avec une part de 19,9 %. L’analyse des flux d’investissements directs étrangers du Maroc vers l’Afrique indique que la Côte d’Ivoire accapare plus de la moitié de ces investissement, soit l’équivalent de 4,8 milliards de dirhams.
Il est à noter que le Maroc était parmi les premiers signataires de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en mars 2018. L’instrument de ratification a été déposé auprès de la Commission de l’Union africaine en avril 2022, signifiant l’adhésion effective du Royaume à ce marché commercial unique et son implication dans ce processus. Le Royaume a, en effet, joué un rôle phare dans l’avancement de ce chantier et à son aboutissement, notamment en participant de façon active et régulière aux réunions techniques et de haut niveau des institutions de mise en œuvre de la ZLECAF.
Le Royaume a mené des activités de sensibilisation dans ce sens et des consultations nationales avec diverses parties prenantes. Le HCP évoque dans ce sens l’élaboration d’une étude sur l’impact de l’intégration du Maroc à la ZLECAf, et ce conformément à la loi marocaine sur le commerce extérieur. A cela s’ajoutent la soumission de la liste des concessions tarifaires et la liste des engagements spécifiques dans les secteurs de services prioritaires pour la libéralisation du commerce des marchandises et des services, ainsi que l’engagement du Maroc pour prendre les mesures visant à éliminer les obstacles au commerce.
Le Royaume a également procédé à la création du Comité national de la mise en œuvre de la ZLECAF. Cette instance a pour mission de proposer toute action et démarche afférentes au suivi et à l’évaluation de la mise en œuvre de l’accord instituant la ZLECAf, y compris la stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAf et son plan d’action.
Tout savoir sur les aspirations de l’Agenda 2063
Vision
L’Agenda 2063 repose sur 7 aspirations et 20 objectifs. La première aspiration porte sur une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive e le développement durable. Six objectifs sont définis dans ce sens. L’idée étant de doter les populations africaines d’un niveau et d’une qualité de vie élevés ainsi que d’une bonne santé et du bien-être. De même, les citoyens doivent être bien formés et suffisamment qualifiés ayant pour support la science, la technologie et l’innovation. Les citoyens doivent également être en bonne santé et bien nourris.
De même, les économies doivent être structurellement transformées. La deuxième aspiration stipule un continent intégré, uni sur le plan politique et ancré dans les idéaux du panafricanisme et la vision de la renaissance africaine. Parmi les objectifs déterminés à ce niveau : une Afrique unie (fédérale ou confédérée), des infrastructures de classe internationale sur tout le continent. De même, les institutions financières et monétaires continentales sont établies et fonctionnent. La troisième aspiration est celle d’une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’Homme, de justice et d’Etat de droit.
On relève également une Afrique vivant dans la paix et dans la sécurité, une Afrique dotée d’une forte identité culturelle, d’un patrimoine commun et de valeurs et d’éthique partagées, une Afrique dont le développement est axé sur les populations qui s’appuie sur le potentiel de ses populations, notamment celles des femmes et des jeunes, qui se soucie du bien-être des enfants ainsi qu’une Afrique qui agit en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale.