Énergie marine, industrie navale, tourisme durable, R&D…
Couvrant plus de 70% de la surface du globe, la mer est une force de la nature à haut potentiel énergétique. En effet, les énergies marines, ou ce qu’on appelle «les énergies bleues» sont amenées à croître dans les années à venir. Au Maroc, les différentes catégories d’énergies marines sont encore sous-exploitées. Selon sa dynamique, sa chaleur et sa salinité, l’eau de mer produit de l’énergie propre à partir des marées, des vagues, des courants marins, de la chaleur (énergie marine thermique), et du mouvement (énergie osmotique).
La recherche dans ce domaine permettrait d’ouvrir de nouvelles perspectives pour le pays, notamment en matière d’exportation de l’énergie. Et pour cause : le Maroc dispose d’un littoral de 3.500 km permettant la croissance d’une économie bleue. En plus de son potentiel en matière de création de l’énergie marine, ce littoral peut constituer un véritable attrait pour le tourisme durable et la promotion des produits locaux. De même des projets innovants pour l’industrie navale peuvent être développés grâce à la recherche et développement.
L’utilisation des ressources océaniques en faveur de la croissance économique et du développement local durable et inclusive est aussi créatrice d’emplois et de cohésion sociale. Pour en débattre, Policy Center for the New South, le PNUD et la Banque mondiale ont organisé le 8 décembre 2021 en partenariat avec l’Université Abdelmalek Essaadi une rencontre sous le thème «L’économie bleue: Levier du développement local durable». A ce titre, le président de l’Université Abdelmalek Essaadi, Bouchta El Moumni, explique: «Nous disposons de masses d’origine atlantique moins salées et donc moins denses, qui se déversent vers la Méditerranée en surface, ainsi que les courants méditerranéens qui arrivent dans le sens inverse en profondeur puisqu’ils sont plus denses», ajoutant que le jour où la recherche développera l’instrument nécessaire pour l’exploitation de cette énergie, le Maroc pourra exporter de l’énergie à toute la planète. Lors de cette intervention il a mis en avant la nécessité de renforcer la formation, l’innovation et la recherche scientifique dans les différents secteurs maritimes. Il explique dans ce sens qu’à l’image de la voiture économique, le Maroc peut développer des petits navires économiques et durables permettant par exemple d’accroître le tourisme dans les zones côtières. Pour sa part, Mohamed Malouli Idrissi, directeur du Centre régional de l’Institut national de recherche halieutique (INRH) à Tanger, a rappelé la politique maritime et spatiale de l’Unesco à laquelle le Maroc adhère indiquant que le pays travaille actuellement sur la sensibilisation autour de cette notion.
Par ailleurs, il a mis l’accent sur la nécessité de trouver des alternatives, soit au niveau de la mer ou à l’extérieur de la mer (par exemple: l’éco-tourisme maritime, le pescatourisme) pour la gestion durable des ressources. Il a également indiqué que la mer est un bien commun, d’où l’importance de la mobilisation générale autour de cette question y compris au sein de la société civile et des citoyens.
S’agissant du potentiel du littoral en matière de création d’emplois, Fatima Ezzahra Mengoub, Senior Economist au Policy Center for the New South, a rappelé le contexte de crise actuelle soulignant la nécessité de capitaliser sur toutes les ressources de façon efficace et durable. Elle a également abordé la question du développement des activités économiques créées autour des espaces maritimes donnant l’exemple des Marinas dont dispose le Maroc. «Non seulement ces activités économiques génèrent de l’emploi mais elles stimulent aussi la consommation», souligne-t-elle argumentant que cela permet de créer un effet multiplicateur sur l’économie. Par ailleurs, elle a souligné qu’il est profitable pour le Maroc de recourir à l’énergie marine pour combler le besoin national mais aussi exporter cette énergie.