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Ecosystèmes forestiers du Maroc : Le CESE appelle au développement d’une vision concertée

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«Le secteur forestier contribue à 1,5% du PIB national avec une valeur estimée à 17 MMDH par an. Il représente 30% des besoins du pays en bois d’œuvre et d’industrie, il fournit 17% des besoins du cheptel à l’échelle nationale, 4% du marché de liège mondial».

Rapport : Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’est autosaisi du sujet des écosystèmes forestiers du Maroc. Il livre un ensemble de recommandations pour favoriser un équilibre entre les divers usages des forêts, leur conservation durable et le développement économique des territoires concernés. Les détails !

Le Maroc est un pays doté d’une richesse forestière exceptionnelle, couvrant 13% de son territoire national et abritant la moitié de la population rurale. Ce domaine forestier se distingue par une biodiversité abondante et se caractérise par sa contribution à la régulation des ressources en eau, au renforcement de la sécurité énergétique et à la fourniture de services éco systémiques pour les populations. Dans ce sens, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), s’est autosaisi de ce sujet en vue d’examiner la situation écologique des forêts marocaines et de proposer des actions à même de favoriser un équilibre entre les divers usages des forêts, leur conservation durable et le développement économique des territoires concernés.
«Le secteur forestier contribue à 1,5% du PIB national avec une valeur estimée à 17 milliards de dirhams par an. Il représente 30% des besoins du pays en bois d’œuvre et d’industrie, il fournit 17% des besoins du cheptel à l’échelle nationale, 4% du marché de liège mondial», a déclaré, Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental, mercredi 3 mai, lors de la présentation du rapport intitulé «Ecosystèmes forestiers du Maroc : Risques, défis et opportunités». Selon M. Chami, la forêt est un vrai capital pour le Maroc. «Elle est connue par sa diversité biologique très riche, nous sommes d’ailleurs le deuxième pays dans le bassin méditerranéen après la Turquie. Elle représente 13% de la superficie totale du territoire national (zones de montagnes), 7 millions d’habitants, soit 50% de la population rurale (situation sociale très précaire)», souligne-t-il. Et d’ajouter: «17 milles hectares des forêts se détériorent chaque année à cause du changement climatique, surpâturage, surutilisation des ressources de la forêt. Le gouvernement travaille durant trois décennies à travers le commissariat des eaux et forêts sur la préservation de la forêt. Il y a aussi la stratégie «Forêts du Maroc 2020- 2030 » mais il est très tôt de faire l’évaluation de cette politique».

Protection et réhabilitation des écosystèmes forestiers

Partant du diagnostic, le CESE préconise le développement d’une vision concertée et partagée, établissant des objectifs de préservation et de réhabilitation des écosystèmes forestiers et de leur biodiversité à l’horizon 2050. «Cette vision vise à transformer le domaine forestier en un espace résilient aux risques et capable de mobiliser des investissements à caractère durable et de promouvoir des filières porteuses, tout en réduisant la dépendance des populations vivant des écosystèmes forestiers grâce à la création d’alternatives économiques locales», explique Abderrahim Ksiri, président de la commission des affaires de l’environnement et du développement durable, lors de la présentation du rapport. Le CESE recommande en effet la réhabilitation des écosystèmes forestiers. Ceci par le passage progressif du droit d’usage accordé aux populations locales à une récupération par l’Etat de ce droit, dans toutes les aires protégées, proposer des alternatives économiques aux populations concernées et l’intensification des opérations de reboisement et de régénération naturelle. Cette dernière démarche sera concrétisée grâce à l’organisation des campagnes nationales de plantation par les collectivités territoriales dans le cadre de leurs prérogatives, la société civile, le secteur privé, l’identification du potentiel des espaces à reboiser, au niveau de chaque région, incluant les bassins versants à aménager prioritairement, en amont des barrages. Dans le même cadre, le rapport préconise la mobilisation des fonds existants (fonds vert climat, fonds d’adaptation au changement climatique, fonds de la biodiversité, etc.) et la promotion des investissements durables et des incitations fiscales aux entreprises impliquées dans le reboisement. Il propose dans le cadre de la contribution déterminée au niveau national (CDN) du Maroc, l’augmentation du nombre et de la qualité des projets d’adaptation et d’atténuation spécifiques aux forêts nationales, éligibles à la finance climat.
Dans le même volet, le rapport note la révision des choix d’espèces à reboiser et à régénérer, notamment les espèces natives et les espèces végétales non arborées pour privilégier la régénération naturelle des cédraies, subéraies et de l’arganeraie. Il recommande la rotation des espaces de pâturage durant l’été ou lors des périodes de sécheresse et la limitation de leur capacité de charge en déterminant un nombre restreint de tête de bétail par hectare.

Des parcs urbains

En conformité avec les obligations internationales du Maroc en matière de biodiversité, le Conseil appelle à mettre en œuvre un ensemble de mesures. Il y a lieu de citer l’augmentation progressivement la superficie des aires protégées de 3,76 à 30% d’ici 2050, classement et réglementation des 10 parcs nationaux, les 154 sites d’intérêt biologique et écologique ainsi que les espaces forestiers comprenant des zones humides et les réserves de biosphère inscrites auprès de l’Unesco. D’autres mesures sont à mettre en œuvre. Il s’agit de reconnaître et soutenir les espaces de vie de la population, où la biodiversité a été préservée grâce aux bonnes pratiques de bonnes gestion des écosystèmes forestiers, créer des parcs urbains et élaborer des plans de développement, des programmes d’éducation à l’environnement et de promotion culturelle et touristique y afférents.

Réviser la réglementation en vigueur

Le CESE préconise également la révision de la réglementation en vigueur et la mise en place d’une gouvernance intégrée et participative. Ceci à travers l’instauration d’un code forestier. «Ce code définit les droits et obligations de toutes les parties prenantes, il facilite la mise à jour des textes en vigueur, établit les modalités de protection de la biodiversité, d’amélioration de l’état de santé des écosystèmes forestiers et de lutte contre les feux de forêts et assure la sécurisation du domaine forestier en achevant la délimitation et l’immatriculation des surfaces restantes». Dans le même registre, le rapport conseille l’élargissement de la mission de l’instance régionale prévue dans la stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030». Cela pour favoriser la contractualisation entre les parties prenantes à l’échelle régionale, renforcer l’effectivité des instances de gouvernance existantes et nouvelles prévues par la stratégie «Forêts du Maroc2020-2030». D’autant plus, il préconise l’accès à l’information pour les populations dépendantes et les citoyennes et citoyens afin de renforcer la transparence dans la gestion et la protection des écosystèmes forestiers. Cela à travers la mise en place d’un ensemble de mesures. Il s’agit de la mise en œuvre d’un système d’information intégré et territorialisé, l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le suivi de plantation, de surveillance et de lutte contre les feux de forêts, appuyé sur l’expertise du secteur privé et le partenariat et la mise en place de programmes d’évaluation chiffrés des services éco systémiques et des coûts de régression des écosystèmes forestiers.

Encourager la recherche- développement-innovation

Le CESE prône à encourager dans le domaine de la recherche- développement-innovation. Cela à travers l’appui technique et financier aux instances de recherche forestière et aux start-up pour la mise en place de projets innovants dans les domaines en lien avec la gestion et la valorisation forestière. Il propose l’élaboration d’une base de données intégrée, regroupant l’ensemble des travaux de recherche réalisés dans le domaine forestier, en vue de cartographier les besoins à cibler et les opportunités à développer, le développement, au niveau régional, dans le cadre de partenariat avec les universités, des projets de recherche sur les écosystèmes forestiers et leur biodiversité, la promotion de la sylviculture aussi bien pour les travaux de sol, l’économie d’eau, la valorisation des essences, la production de plants, l’exploitation du bois, ainsi que de l’agroforesterie en tant que meilleure alternative dans un contexte de faible pluviométrie et de sécheresses récurrentes. Le rapport suggère également le renforcement des ressources humaines à travers la mise en œuvre de plusieurs démarches. Il s’agit du développement des programmes de formation et d’accompagnement des différents acteurs nationaux et territoriaux spécialisés dans le processus de protection et de restauration des écosystèmes forestiers et l’amélioration des conditions de travail et de vie des agents et cadres forestiers.

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Développer l’écotourisme dans les aires protégées

Recommandations 

Le CESE recommande à développer l’écotourisme dans les aires protégées, en prenant en compte leurs spécificités culturelles, territoriales et écologiques. De même, il propose à accompagner les groupements de populations dépendantes et les éleveurs, en favorisant le développement de l’économie sociale et solidaire grâce à la promotion de projets locaux tels que l’artisanat, l’apiculture, la cuniculture, l’élevage, etc. Le Conseil suggère à octroyer des subventions du Fonds national forestier (FNF) pour la promotion des projets de plantation d’espèces forestières fruitières (caroubier, arganier, arbousier, chêne liège) et des plantes aromatiques et médicinales (PAM) sur les terres privées et collectives. Il prône à établir un système de paiement pour les services écosystémiques (PSE) en adéquation avec le volume d’exploitation des ressources forestières et son impact sur leur durabilité.

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