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El Mahdi Arrifi / Foncier domanial : Deux appels d’offres lancés dans le cadre de «Génération Green»

© D.R

Entretien avec El Mahdi Arrifi, DG de l’Agence pour le développement agricole (ADA)

ALM : La promotion des investissements agricoles et du partenariat public-privé figure parmi les missions de l’ADA. Quelle impulsion sera donnée à ce volet dans le cadre de la nouvelle stratégie agricole du Royaume ?

El Mahdi Arrifi : L’Agence pour le développement agricole (ADA), en tant que guichet unique des investisseurs agricoles, joue un rôle prépondérant à même de promouvoir l’investissement dans le secteur agricole, et ce à travers plusieurs leviers, notamment la mobilisation du foncier agricole dans le cadre de l’opération du partenariat public-privé autour du foncier du domaine privé de l’Etat moyennant le lancement des appels d’offres successifs au fur et à mesure de la disponibilité des terrains assainis et ce, quel que soit le nombre de projets et la superficie disponible. Ainsi, cette opération a permis de mobiliser un foncier domanial de plus de 112.000 hectares (ha) réparti sur 1.584 projets avec un investissement prévisionnel de 22,5 MMDH permettant de créer à terme plus de 63.000 emplois. Cette opération du partenariat public-privé sera consolidée dans le cadre de la nouvelle stratégie «Génération Green 2020-2030» par le lancement de nouveaux appels d’offres autour du foncier domanial. En effet, deux nouveaux appels d’offres sont en cours de préparation pour lancement en 2021. Le premier concerne un foncier de 5.000 ha à Dakhla dans le cadre du projet d’irrigation par dessalement de l’eau de mer répartis sur 235 projets en faveur des investisseurs privés et des jeunes de moins de 40 ans résidant dans la région. Le deuxième est quant à lui relatif aux parcelles de moins de 10 ha en bour et 5 ha en irrigué sur une superficie d’environ 188 ha répartie sur 130 projets au niveau de 3 régions (Casablanca-Settat, Drâa-Tafilalet et Fès-Meknès). D’autres appels d’offres sont également en cours de préparation.

Qu’en est-il de l’objectif de mobilisation de 1 million d’hectares de terres collectives ?

En effet, la stratégie «Génération Green 2020-2030» ambitionne la promotion de l’investissement et le développement des filières de production autour du foncier collectif en coordination avec le ministère de l’intérieur (DAR). A ce titre, l’axe relatif à la mobilisation, la Melkisation et la valorisation d’un million d’hectares des terres collectives au profit des ayants droit, des jeunes et des investisseurs constitue une occasion idoine aux catégories concernées pour mettre en œuvre des projets d’investissement agricole rentables et pérennes. Dans ce sens, le département de l’agriculture est en train de mettre en place le cadre règlementaire et incitatif requis pour son implémentation.

Quelle est l’approche de l’ADA en matière du développement durable ?

L’ADA, depuis sa création, a placé au cœur de ses préoccupations la question du développement durable, qui a d’ailleurs fait l’objet de l’un des fondements du Plan Maroc Vert et également l’un des axes du fondement 2 de la nouvelle stratégie «Génération Green 2020-2030» se rapportant à la pérennité du développement agricole, et ce, à travers la transition vers une agriculture résiliente et éco-efficiente visant la préservation des ressources naturelles notamment l’eau et le sol. L’approche adoptée par l’ADA consiste principalement à intégrer dans les projets d’agriculture solidaire et inclusive des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans les zones vulnérables. En fait, la gestion proactive du changement climatique, notamment la sécheresse et la préservation des ressources naturelles, est intégrée dans la conception de l’ensemble des projets, à travers notamment le ciblage de la vocation des terres, la diversification et l’intensification des activités agricoles. Ce qui est de nature à améliorer le revenu des agriculteurs, en diversifier les sources et atténuer leur précarité et leur vulnérabilité aux aléas climatiques. Ces mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique adoptées sont confortées également depuis 2009 par les efforts considérables menés par l’ADA, en matière de mobilisation des financements auprès des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux pour mettre en œuvre des projets de développement durable. Il est à souligner que les efforts déployés par le Maroc en matière de renforcement de la résilience du secteur agricole au changement climatique ont été couronnés par l’accréditation de l’ADA auprès du Fonds d’Adaptation en 2012 et auprès du Fonds vert pour le climat (FVC) en 2016, lui permettant un accès direct aux ressources financières de ces fonds, à même de concrétiser des projets de développement durable au profit des populations vulnérables, non seulement dans le secteur agricole mais également pour les autres secteurs à l’échelle nationale.

Sur quoi portent ces fonds ?

Ils concernent principalement le projet d’Adaptation au changement climatique dans les zones oasiennes (PACCZO) pour un montant de 10 millions de dollars, visant le renforcement de la résilience des populations et de l’écosystème oasiens aux impacts du changement climatique, le projet de promotion de l’arganiculture dans les zones vulnérables ( DARED) pour un montant de 49,2 millions de dollars (dont 39, 3 millions de dollars de don), portant sur le renforcement de la résilience des communautés rurales et la préservation de la réserve de biosphère d’arganeraie (RBA), qui s’étale sur 2,5 millions d’hectares. A cela s’ajoute un don de préparation et d’appui à l’ADA «Readiness Grant» accordé par le FVC (300.000 dollars) pour l’amélioration de la gouvernance interne de l’ADA en vue de répondre aux exigences et aux politiques du FVC, et l’initiation du processus du rehaussement du niveau d’accréditation de l’ADA auprès du FVC (Upgrading). On note également un don de préparation du projet agricole intégré, durable et résilient aux changements climatiques dans la vallée du Souss financé par le FVC pour un montant de 714.000 USD. Ce don est dédié au financement des études préalables à la soumission de la proposition de financement (Funding Proposal), à savoir l’étude de faisabilité, l’étude d’impact environnemental et social (EIES), l’analyse économique et financière et l’analyse genre du projet. On relève également un Don d’appui (AF Readiness) accordé par le Fonds d’adaptation pour un montant de 25.000 dollars pour la mise à jour de la politique environnementale et sociale de l’ADA et celle du genre.

Quels sont vos objectifs à court terme pour 2021 en matière du développement durable ?

L’ADA procède à l’accompagnement des directions régionales de l’agriculture dans le montage des projets d’agriculture solidaire, notamment les projets d’intensification durable des systèmes de production visant la transition vers une agriculture écologique (valorisation des déchets agricoles en biofertilisant, promotion des énergies renouvelables, partage des bonnes pratiques locales…), des projets de conversion de mode de conduite conventionnel en agriculture biologique et des projets de diversification des systèmes de production à travers l’introduction des filières plus adaptées aux conditions climatiques locales.

L’ADA a entamé les démarches pour sa ré-accréditation auprès du Fonds vert pour le climat. Comment se déroule ce process ?

En effet, le premier mandat de notre accréditation prend fin le 22 août 2021. L’ADA, et avec anticipation, a pu compléter et soumettre son dossier de ré-accréditation auprès du FVC en janvier 2021. Une soumission qui s’est faite à travers la nouvelle plate-forme digitale d’accréditation lancée par le secrétariat du FVC le 19 décembre 2020. A noter que chaque période de ré-accréditation sera également d’une durée de 5 ans. L’ADA ne se limitera pas à la ré-accréditation, mais elle prévoit également d’initier son processus d’up-grading auprès du FVC, qui consiste au rehaussement du niveau de son accréditation pour passer des projets de petite taille (Small : 10-50 millions de dollars) aux projets de taille moyenne (Medium : 50-250 millions de dollars). En plus de ces deux processus, l’ADA travaille sur un portefeuille de projets (Entity Work Program) et ce pour soumission au financement du FVC, totalisant un montant d’investissement de 126 millions de dollars.

De quoi est constitué ce portefeuille ?

Ce portefeuille comprend un projet de développement agricole intégré, durable et résiliant au changement climatique dans la vallée du Souss (45 millions de dollars), un projet de développement durable dans les zones montagneuses de la province de Khénifra (10 millions de dollars) (processus d’approbation simplifié), un projet de renforcement de la résilience des écosystèmes pastoraux et des systèmes de production animale dans les hauts plateaux de l’Oriental (40 millions de dollars), un projet de gestion intégrée des inondations dans la région de Tétouan (30 millions de dollars) ainsi que la préparation du projet d’implémentation d’un service intégré de suivi de la composition atmosphérique pour l’atténuation et l’adaptation au Maroc (PPF : 700 000 dollars).

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