Les tensions exacerbées entre l’Iran et la communauté internationale et les craintes de pénurie d’essence ont poussé les investisseurs et les spéculateurs à l’achat.
À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a touché 69,70 dollars, un nouveau record historique. Et sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai progressait de 58 cents à 69,32 dollars lors des échanges électroniques.
Les tensions entre l’Iran qui refuse de renoncer à l’enrichissement de son uranium, et la communauté internationale continuaient d’inquiéter prioritairement les opérateurs. Le marché s’était pourtant habitué à l’escalade des pressions diplomatiques, et avait même trouvé un certain équilibre au coeur de la tension. Mais la possibilité de l’option militaire qui a fait surface le week-end dernier dans la presse américaine, a ravivé les craintes d’une dégradation sérieuse de la situation.
"Le refus de l’Iran de se plier aux exigences (de la communauté internationale) a suscité sur le marché des craintes de voir les Etats-Unis ou Israël mener des actions militaires pour détruire ses infrastructures de recherche nucléaire", expliquaient mardi dernier à l’AFP, les analystes de la maison de courtage Sucden.
Or, en situation de risque, la logique spéculative, comme la volonté de garantir l’approvisionnement, poussent les investisseurs à l’achat et font grimper inexorablement les prix. A cela s’ajoute aussi des craintes sur l’approvisionnement en brut et en essence. L’Iran, quatrième producteur mondial de brut, produit environ 4 millions de barils par jour. Il exporte surtout en Asie et en Europe, mais pas aux Etats-Unis.Le marché est à l’heure actuelle privé de plus de 600.000 barils par jour de pétrole nigérian, d’une qualité appréciée des raffineurs, car facile à convertir en essence.Royal Dutch Shell avait, la semaine dernière, annoncé que le champ EA, qui produit à lui seul 115.000 barils par jour, pourrait rouvrir de cette semaine, à condition que les inspections préliminaires le permettent.Mais la compagnie a été "trop vague", déploraient les analystes de Sucden, et n’avait pas donné de nouvelles mardi."La pénurie de brut léger nigérian est d’autant plus inquiétante que l’on s’approche de la haute saison de consommation d’essence aux Etats-Unis, sur un marché particulièrement serré", observait Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays Capital. Les réserves américaines d’essence sont en baisse continue depuis plus d’un mois, et les opérateurs s’attendent encore à voir annoncée mercredi 12 avril, une baisse de 2,2 millions de barils. Le brut new-yorkais avait atteint un record historique à 70,85 USD le 30 août dernier dans la foulée des dégâts de l’ouragan Katrina dans le Golfe du Mexique.