Le chef de la Banque centrale américaine, Ben Bernanke, a tenté lundi de dissiper les craintes concernant l’économie des Etats-Unis, disant avoir foi dans sa croissance à venir, aussi modérée soit elle, tout en insistant sur les défis considérables qui se posent au pays. «Après une chute vertigineuse fin 2008 et début 2009, l’économie des Etats-Unis s’est stabilisée au milieu de l’année dernière et croît désormais à un rythme modéré», a déclaré M. Bernanke lors d’un discours en Caroline du Sud, dans le Sud-Est du pays. Le soutien des autorités devrait s’estomper dans les mois à venir, mais «la croissance devrait être soutenue par une hausse de la demande des ménages et des entreprises», a ajouté M. Bernanke, selon le texte de son allocution distribué à la presse. Le président de la Réserve fédérale (Fed) n’a pas caché la persistance de difficultés graves. «Aujourd’hui, la crise financière semble être essentiellement derrière nous», a-t-il noté, une façon de dire qu’elle n’est pas encore terminée. «Nous avons encore un chemin considérable à parcourir avant que notre économie ne soit totalement rétablie, et de nombreux Américains luttent toujours contre le chômage, les saisies immobilières et la perte de leurs économies», a-t-il ajouté. M. Bernanke a tenu ces propos trois jours après la publication de la première estimation officielle de la croissance américaine du deuxième trimestre, qui a confirmé le ralentissement de l’activité dont témoignaient de nombreux indicateurs, avec un PIB en hausse de 2,4% seulement au printemps. Les chiffres du ministère ont montré également que la récession de 2007-2009 avait été plus forte qu’on ne le pensait jusque-là et que la contribution de la consommation à la reprise était beaucoup moins forte que ne le laissaient penser les données précédemment publiées, alors que les dépenses des ménages sont traditionnellement le moteur principal de l’activité du pays. Ces nouveaux chiffres ne semblent pas avoir ébranlé M. Bernanke : le contenu de son message sur l’état de l’économie est très proche de celui qu’il avait présenté au Congrès les 21 et 22 juillet. Le patron de la Fed a redit notamment que la conjoncture était moins favorable et que la croissance de l’emploi privé était «insuffisante» pour permettre une baisse réelle du taux de chômage (9,5% fin mai). Deux indicateurs économiques publiés lundi se sont révélés meilleurs que prévu. L’indice ISM-manufacturier a baissé moins que prévu, pour s’établir à 55,5% pour le mois de juillet, ce qui ne traduit qu’un très léger ralentissement dans le secteur, dont l’activité tire la reprise depuis un an. Le secteur «tient bon malgré l’affirmation du caractère poussif de la reprise», estime l’économiste indépendant Joel Naroff.