La confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a toujours renvoyé l’image d’une organisation forte à influence avérée. Ses dirigeants successifs ont toujours affiché d’innombrables qualités d’éthique, de transparence, de compétence et de souci d’intérêt général. A tel point que la CGEM a été trop idolâtrée par les pouvoirs publics jusqu’à ce que ses dirigeants soient assimilés à des acteurs influents de la sphère politique et économique. Leurs prestations dans les médias étaient si ordonnées et si bien orchestrées que jamais personne ne leur a trouvé la moindre faille. Ce qui explique peut-être que tous les ministres des finances les ont choyés jusqu’à répondre à toutes leurs doléances.
Certes l’esprit de négociation est un outil nécessaire dans un système démocratique, sauf que le Patronat n’est pas aussi sain qu’il l’a démontré jusqu’ici. Quand on ouvre cette boîte de Pandore, on découvre que la démocratie n’est pas aussi ancrée dans ce temple. D’abord la CGEM n’est pas aussi représentative des entreprises du Maroc que ses dirigeants le laissent croire par leurs propos dithyrambiques sur le rôle que cette institution joue dans le développement de l’économie nationale. Ses adhérents sont loin du compte de la majorité des entreprises qui exercent au Maroc et qui, par méfiance, ont préféré se constituer en d’autres organisations plus aptes à défendre leurs intérêts.
La prolifération d’associations professionnelles indépendantes de la CGEM est un signe révélateur de la crédibilité de cette confédération. C’est même une façon de contester la représentativité d’une entité élitiste qui ne défend pas la masse constituée par les petites et moyennes entreprises. Pis encore, le bureau du Patronat se cantonne dans un esprit de club privé morbide aggravé des dysfonctionnements structurels relevés d’ailleurs par un audit stratégique d’un cabinet étranger. Un audit qui, dit-on, aurait été commandité par des instances extérieurs à la CGEM et non pas par la bonne volonté de ses membres. Une intrusion justifiée par des carences incroyables dans une organisation aussi prisée et aussi fière d’elle. Il n’y pas de quoi jubiler d’ailleurs puisque la CGEM, tenez vous bien, ne dispose même pas d’un siège qui lui appartient. C’est l’ONA qui a mis à sa disposition le local actuel qu’elle exploite sans location alors qu’elle a tous les moyens financiers et autres pour construire un siège.
L’argent de la CGEM est ainsi absorbé par la masse salariale dont quatre-vingts pour cent vont dans les poches des hauts cadres. Le bureau dirigeant n’est pas à une contradiction près puisqu’un ex-dirigeant qui doit toujours vingt millions de dirhams à la CNSS, s’est vu attribuer un marché juteux de l’Etat. Charité commence par soi-même, c’est ce qu’ont contesté les adhérents quand au terme d’un voyage à l’étranger, certains dirigeants se sont accaparés la plus grande part des marchés. Quant au budget prévisionnel, il n’a jamais été adopté en assemblée générale. Comme si le patronat gèrait une entreprise informelle. C’est dire que l’échec de la mise à niveau de nos entreprises était prévisible du moment que la structure du patronat échappe à toute organisation rationnelle et transparente.