La Chine a réaffirmé lundi sa volonté d’améliorer son système des changes mais de conserver la stabilité de sa monnaie, annonçant le même jour un nouvel excédent commercial phénoménal que ses partenaires attribuent pour une bonne part à la sous-évaluation du yuan. A 23,76 milliards de dollars en février, cet excédent a quasiment décuplé par rapport à février 2006. Il arrive juste derrière celui, record, d’octobre (23,83 milliards de dollars). Or, la Chine qui voudrait voir sa croissance dépendre un peu moins des exportations, est consciente des déséquilibres que représente l’accumulation des excédents et des tensions qu’ils engendrent avec ses partenaires commerciaux, notamment les Etats-Unis. Elle a pris ces derniers mois des mesures pour promouvoir les importations et ralentir les exportations, mais le ministre du Commerce, Bo Xilai, comme le gouverneur de la Banque centrale, Zhou Xiaochuan, ont tous deux prévenu lundi que les ajustements prendraient du temps. «Il est vrai que notre excédent commercial a atteint un niveau historique l’an dernier, à 177,5 milliards de dollars», a déclaré Bo Xilai. «Mais il n’est pas dû qu’à des raisons commerciales. Il s’est développé à cause de la structure industrielle et de la situation de l’économie mondiale», a-t-il ajouté en soulignant le rôle de première importance des compagnies à capitaux étrangers dans les exportations.
«Il ne faut donc pas s’attendre à une solution à court terme ou seulement due à des mesures commerciales», a-t-il averti. Pour les partenaires occidentaux du géant asiatique, une des premières solutions serait de remédier à la sous-évaluation du renminbi (monnaie du peuple, autre nom du yuan) qui, selon eux, lui confère un énorme avantage commercial. En visite à Shanghai, la semaine dernière, le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a ainsi de nouveau appelé la Chine à relâcher son contrôle des taux de changes. «La politique de taux de change peut influencer les prix et aider à équilibrer importations et exportations», a reconnu lundi Zhou Xiaochuan, qui avait assisté au discours de M. Paulson. Mais Pékin n’entend pas pour autant risquer de mettre ses entreprises exportatrices en faillite et aggraver le problème du chômage par des ajustements trop rapides.