Le projet d’El Guerdane, qui concerne une superficie de 10.000 ha dans le cadre d’un partenariat public-privé, constitue "une expérience novatrice et une première à l’échelle internationale en matière de financement de projets agricoles", souligne une note de l’Administration du génie rural (AGR), rendue publique à l’occasion du Salon international de l’agriculture du Maroc (SIAGRIM), inauguré jeudi à Meknès par SM le Roi Mohammed VI. Il vient parer à la dégradation des conditions d’exploitation des ressources hydriques de cette zone, où près de 3.000 ha de vergers ont été carrément abandonnés ou arrachés, entre 1995 et 2002, en raison du tarissement des ressources dans certaines parties de ce périmètre. Le niveau de la nappe baisse à un rythme de 2,5m par an, obligeant les agriculteurs à puiser l’eau à une profondeur dépassant les 120 m à un coût compromettant la compétitivité. Les travaux de réalisation, dont la durée est estimée à deux ans, concernent la construction et l’exploitation des infrastructures d’irrigation à partir des eaux superficielles du complexe hydraulique Aoulouz-Mokhtar Soussi, qui permet de régulariser annuellement près de 180 millions de m3 et d’allouer aux agriculteurs une dotation de 45 millions de m3 d’eau superficielle par an.
Les infrastructures prévues, un adducteur principal de 90 km et un réseau de distribution de 300 km environ, nécessitent la mobilisation de 987 millions de dirhams, dont 237,5 millions à la charge de l’Etat. Ce dernier montant provient d’un prêt concessionnel du Fonds Hassan II pour le développement économique et social à un taux d’intérêt de 1 %, remboursable sur 10 ans avec une période de grâce de 20 ans. Sur le plan économique, le projet assurera une production annuelle de 250.000 tonnes, dont près de 175.000 tonnes destinées à l’export, et permettra de maintenir près de 11.000 emplois permanents.
En effet, l’étude de sa faisabilité fait ressortir un taux de rentabilité interne économique (TRIE) de 15 %. Sur le plan stratégique, l’intéressement des investisseurs privés au financement, à la réalisation et à l’exploitation des infrastructures publiques d’irrigation permettra, à l’avenir, d’envisager la réalisation de nouveaux projets d’irrigation dans le cadre de partenariat public-privé, mobilisant ainsi des investissements privés au profit de ces projets et allégeant de ce fait les charges d’investissements de l’Etat. "L’intervention des opérateurs privés dans la gestion des infrastructures publiques d’irrigation ne peut être que porteuse de plus d’efficacité, puisqu’elle garantira la pérennité et la continuité du service de l’eau par une maintenance plus appropriée, évitant les grands investissements périodiques que l’Etat est souvent appelé à supporter au titre des programmes de réhabilitation de ces infrastructures", peut-on lire dans la note de l’AGR. "La réussite de ce projet de partenariat, ajoute la même source, peut constituer le prélude à une profonde réforme du service de l’eau d’irrigation et à une implication plus large du secteur privé dans le cadre de gestions déléguées des périmètres existants". Le délégataire a été désigné en juillet 2004 par voie d’appel d’offres international lancé en janvier de la même année. Le groupement retenu a présenté l’offre la plus avantageuse correspondant à un prix de l’eau aux usagers de 1,48 DH/m3 hors taxe. Ce groupement a créé une société de projet dénommée "Amensouss S.A".
La convention de financement de la contribution publique au projet de partenariat public-privé a été signée le 4 février 2005 à Zagora sous la présidence effective de SM le Roi Mohammed VI, entre le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et la société délégataire. La convention de gestion déléguée, signée le 29 mars 2005 entre la société délégataire et le ministère, est entrée en vigueur en décembre dernier.