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Filière des matériaux de construction : Une transformation structurelle est de mise

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Il est proposé de conditionner les dérogations fiscales accordées au secteur de l’immobilier à l’utilisation principale des matériaux de construction fabriqués localement.

Etude : L’Office des changes indique dans son étude que l’industrie nationale pouvait se fixer des objectifs encore plus ambitieux et aller conquérir des marchés à l’export, notamment si elle faisait l’effort de transformer ses procédés industriels en les rendant moins énergivores et plus sobres en carbone et si elle parvenait à complexifier davantage ses produits et à monter en gamme et en design.

« Le développement de technologies de pointe, la transition écologique, l’accès à une énergie bas carbone et bon marché, ainsi que la montée en gamme et en complexité des produits seront les maîtres mots pour l’avenir de la filière des matériaux de construction ». C’est ce que l’on peut relever de l’Office des changes dans un récent éclairage sur le fonctionnement de la filière des matériaux de construction ainsi que sur ses interactions avec son environnement interne et externe. Une étude a été dans ce sens élaborée proposant des réponses aux enjeux stratégiques de cette industrie. L’idée étant de renforcer le rôle moteur de cette industrie dans l’économie marocaine. Pour ce faire, une transformation structurelle de cette industrie est de mise. A cela s’ajoute l’accroissement des capacités productives sur le territoire national. Ceci permettra en effet de répondre aux besoins du marché intérieur et de développer les exportations du Royaume. L’enjeu étant également de mettre en place une politique incitative et préférentielle pour le « Made in Morocco ».
«L’ industrie nationale peut se fixer des objectifs encore plus ambitieux et aller conquérir des marchés à l’export, à travers, notamment, la transformation de ses process industriels en les rendant moins énergivores et plus sobres en carbone, la production des produits à forte valeur technologique et, finalement, en déployant efficacement les différents outils d’incitations publiques à caractère financier, bancaire et fiscal pour réussir sa transformation structurelle, sa modernisation et son développement à l’international», peut-on relever de l’étude de l’Office des changes. L’étude de l’Office des changes s’est articulée autour d’une analyse globale de la filière des matériaux de construction et des secteurs avec lesquels elle interagit, en l’occurrence le BTP, la construction et l’immobilier. L’étude propose également une analyse du commerce extérieur de la filière des matériaux de construction ventilée par les principaux produits échangés et par les principaux partenaires du Maroc en la matière. Elle livre entre autres une description de la chaîne de valeur de la filière et analyse sa concentration géographique.

Un potentiel annuel de 3 milliards de dollars d’exportations à portée de main
Dans son analyse, l’Office des changes a mis l’accent sur le potentiel de substitution de construction par la production nationale. Il ressort qu’au cours de cette étude, le Maroc était en capacité de transformer une part importante de ses 21 milliards de dirhams d’importations de produits et matériaux de construction en production locale. « Le marché mondial des matériaux de construction est évalué à plus de 600 milliards de dollars par an. Un objectif réaliste à l’horizon 2026 serait d’atteindre une part de marché de 0,5 %, ce qui permettra à l’économie nationale de multiplier par 6 ses exportations de matériaux de construction pour atteindre un flux annuel de l’ordre de 3 milliards de dollars », peut-on relever de l’Office des changes. L’étude rappelle dans ce sens que les volumes exportés de matériaux de construction par certains pays concurrents ou partenaires du Maroc sont déjà à des chiffres beaucoup plus importants. On relève 6,5 milliards de dollars en 2021 pour le Portugal, 11,6 milliards pour la Turquie, 16,1 milliards pour la France, 17,7 milliards pour l’Espagne et 24,1 milliards pour l’Italie. Quant à l’Égypte, les flux de ses exportations en matériaux de construction dépassent les 2 milliards de dollars en 2021, soit 3,6 fois le niveau du Maroc (580 millions de dollars). Au niveau des échanges extérieurs du Maroc, les produits de la filière des matériaux de construction accaparent une part moyenne de 4,2 % du total des produits importés au cours de la dernière décennie tandis que les exportations de ces produits ne représentent qu’une part moyenne de 1,1 % au cours de la même période. Notons qu’au cours de la période 2010-2021, la structure des clients du Maroc dans la filière des matériaux de construction se caractérise par la présence de cinq principaux clients qui accaparent 60 % du total des exportations marocaines dans ladite filière en 2021 contre 56 % en 2010. Il s’agit en effet de l’Espagne (22 %), la France (22 %), la Mauritanie (6 %), les États-Unis d’Amérique (5%) et la Côte d’ivoire (5 %). Pour rappel, les exportations de la filière des matériaux de construction se sont situées à 3,6 milliards en 2021 contre 1,2 milliard de dirhams en 2010, réalisant un taux de croissance annuel moyen de 10,5 %. Les importations ont atteint pour leur part un volume de 21,1 milliards de dirhams en 2021 contre 12,8 milliards de dirhams en 2010, soit un taux de croissance annuel moyen de 4,6 %.

Ce que recommande l’Office des changes
L’Office des changes a formulé dans son étude plusieurs recommandations en vue de rehausser la performance de cette industrie. Il est ainsi proposé de conditionner les dérogations fiscales accordées au secteur de l’immobilier à l’utilisation principale des matériaux de construction fabriqués localement. L’Office recommande également de développer les partenariats public-privé dans l’industrie des matériaux de construction. Ceci favorisera l’émergence de champions nationaux qui pourront conquérir des marchés à l’exportation et en Afrique subsaharienne plus spécifiquement.
Il est également proposé de soutenir l’attractivité de cette industrie par rapport aux investissements étrangers ainsi que d’introduire une part grandissante de matériaux biosourcés et géosourcés dans les marchés publics, ce qui encouragerait à utiliser les matériaux naturels du territoire national et à faire appel aux entreprises locales qui en maîtrisent la valorisation industrielle.

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