Amadeus organise une nouvelle édition de la Global Growth Conference
Opportunités : Relancée dans un contexte international en pleine mutation, cette nouvelle édition de la Global Growth Conference vise à renforcer les synergies entre secteurs public et privé, tout en mettant en lumière le potentiel stratégique du continent africain et les opportunités qu’il offre pour bâtir les économies de demain. Organisé par l’Institut Amadeus les 20 et 21 mai à Rabat, la GGC 2025 est sous le thème: «Financer la croissance, façonner la transition énergétique».
Les travaux de la Global Growth Conference (CGC) ont démarré le 20 mai à Rabat dans un contexte mondial marqué par l’incertitude, les tensions sino-américaines, l’exacerbation du protectionnisme, les crises climatiques et les perturbations des chaînes de valeur. Placée sous le thème «Financer la croissance, façonner la transition énergétique», l’édition 2025 de la GGC réunit plus de 70 intervenants de haut niveau issus de 50 pays, aux côtés de plus de 400 participants : représentants gouvernementaux, chefs d’entreprises, investisseurs, institutions financières internationales, fonds souverains et de private equity. Cette rencontre donnera lieu à l’élaboration et à la présentation de la feuille de route de Rabat sur le financement de la croissance et la transition énergétique. Il s’agit d’un document de référence qui contiendra des recommandations concrètes et directement mobilisables par les parties prenantes nationales et internationales. «Cette conférence n’est pas seulement un moment d’échange d’idées ou de projets mais une véritable plateforme d’actions. A l’issue de nos travaux (…) la feuille de route de Rabat sur le financement de la croissance et la transition énergétique sera notre livrable stratégique opérationnel et mobilisable», annonce Brahim Fassi Fihri, président fondateur de l’Institut Amadeus, lors de la séance d’ouverture de la GGC 2025.
Afrique : Surmonter les défis communs
Le monde connaît actuellement des changements majeurs nécessitant, plus que jamais, de renforcer la coopération entre les pays de l’Afrique. «La GGC ambitionne de devenir un prisme d’analyses approfondi des enjeux et des défis économiques africains qui étaient autrefois relégués aux seules problématiques de développement mais qui s’imposent aujourd’hui comme des acteurs puissants d’un potentiel économique infini. C’est dans cette perspective ambitieuse que les principaux axes thématiques de cette conférence ont été soigneusement définis pour tenter de répondre directement et concrètement aux défis actuels», indique le président de l’Institut Amadeus. A ce propos, il cite une série d’axes fondamentaux. Premièrement, le repositionnement les industries africaines au cœur des chaînes d’approvisionnement mondiales en diversifiant les secteurs industriels et en misant sur les innovations technologiques et les ressources locales. « Les succès récents au Maroc et en Egypte (…) illustrent parfaitement cette dynamique ambitieuse», précise-t-il. Le deuxième axe porte sur le financement innovant et le troisième axe concerne l’accélération de la transition énergétique. «Un domaine où le Maroc est déjà leader en Afrique», rappelle-t-il. Le quatrième axe se focalise pour sa part sur la sécurisation des ressources en eau et le renforcement de l’agro-industrie. Le cinquième axe inclut le besoin urgent de répondre à la problématique cruciale de l’emploi. «En attirant des investissements industriels des secteurs stratégiques tels que l’automobile ou l’aéronautique, le Maroc démontre comment une approche volontariste peut créer massivement des emplois durables pour une jeunesse africaine en pleine expansion», relève-t-il. Sixièmement, il s’agit de saisir les opportunités offertes par l’innovation numérique et les fintechs pour renforcer la croissance économique et l’inclusion financière. Le septième axe met en avant l’indépendance économique et la souveraineté stratégique de l’Afrique face aux nouvelles fractures géo-économiques mondiales. « L’Initiative atlantique portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, pour le désenclavement des pays du Sahel s’inscrit pleinement dans cette dynamique en favorisant le développement des corridors économiques transsahariens et en consolidant l’intégration régionale autour d’un modèle pragmatique et durable», argumente-t-il. Le huitième axe vise à capitaliser sur le sport en tirant avantage des grands évènements internationaux comme la Coupe du monde 2030 ainsi que les performances sportives afin de transformer ces rendez-vous en puissants leviers de croissance économique et de développement social.
Le partenariat public-privé
S’exprimant à cette occasion, Youness Sekkouri, ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, a mis l’accent sur les pistes de réflexion sur le financement de la croissance et le choix politique à faire citant, entre autres, la dette ou encore le partenariat public-privé. « Nous avons également le choix des nouveaux types de financements innovants, notamment des partenariats public-privé (…) imaginant que les efforts en matière de fiscalité servent à financer les besoins de la population et les besoins sociaux qui sont importants pour qu’il n’y ait pas de fracture sociale, naturellement le reste (…) ne pourra mathématiquement faire l’objet d’un financement exclusivement public. Et donc dans la théorie du financement de la croissance, il s’agit de mettre sur la table l’ensemble des options».
Les défis à relever
Spécificité
Aminata Touré, haute représentante du président de la République du Sénégal, a évoqué lors de son intervention la nécessité d’intégrer les micro-entreprises et le secteur informel au cœur des préoccupations. «Il nous faut également accélérer notre processus d’industrialisation», souligne-t-elle. La haute représentante du président de la République du Sénégal a aussi mis l’accent sur la question de la formation du capital humain.
«Nous avons hérité (…) de l’éducation telle qu’elle a été conceptualisée il y a 65 ans pendant nos indépendances (…) alors que nous devons faire des progrès importants en matière de sciences, de technologies et d’ingénierie. Voila le gap que nous devons combler », explique Aminata Touré. Evoquant le consensus de Washington, pour Daniel Mukoko Samba, vice-Premier ministre, ministre de l’économie nationale (RDC), il faut tenir compte de la spécificité de chaque pays, chaque région et de chaque époque. Dans le cas des économies africaines, les processus qui résultent de la formation de l’Etat post-coloniale sont à prendre en compte.
De son côté, Yves Leterme, ancien Premier ministre belge, a insisté sur l’importance du dialogue et la prise en compte de la réalité des pays du Sud. «Il faut être convaincu que l’avenir du Nord dépend aussi et surtout de ce qui se passe au Sud » évoquant la sous-représentation de l’Afrique dans les organismes internationaux et la négligence de la réalité du Sud par les pays du Nord. « Est-ce que c’est normal que le continent africain ne soit représenté que par deux sièges, à titre consultatif, au Conseil de sécurité de l’ONU ? », s’interroge-t-il appelant à revoir l’ensemble des structures internationales.
Pour sa part, Yasser Sobhi, vice-ministre des finances égyptien, l’un des impacts les plus importants pour la croissance économique ressentis jusqu’à présent « est le resserrement des opportunités de financement pour les économies émergentes et en développement» mettant l’accent sur la nécessité de la coopération entre les pays africains. A noter que la GGC 2025 a mis à la disposition des participants un dispositif de rencontres B2B, B2G et G2G, ainsi que des outils numériques favorisant les échanges stratégiques et la conclusion de partenariats structurants.