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Financement : Le Maroc en bon gestionnaire de crise

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La Direction du Trésor publie son rapport 2020

La stratégie de riposte adoptée par le pays a permis un redémarrage rapide de l’activité économique dès la levée du confinement, et à poser les jalons d’une stratégie de relance post-crise.

2020 a été une année inédite sur tous les plans, y compris pour les finances de l’Etat. Dans son dernier rapport d’activité 2020, la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) relevant du ministère de l’économie et des finances, revient sur les éléments saillants de cette période. Se trouvant au cœur du dispositif d’intervention face à la crise, la DTFE dévoile dans ce document les principaux recours effectués par le Maroc pour sortir de la crise et financer la croissance.

Mobilisation des ressources financières

Face à cette conjoncture exceptionnelle, le Maroc a réagi rapidement pour juguler les effets de la crise sanitaire sur l’économie nationale. La stratégie de riposte adoptée par le pays a permis un redémarrage rapide de l’activité économique dès la levée du confinement, et à poser les jalons d’une stratégie de relance post-crise. «Le Maroc n’a pas été épargné par cette crise, dont les répercussions économiques négatives ont été exacerbées par les effets de la sècheresse. Créant un choc d’une ampleur sans précédent, ce contretemps sanitaire a, incontestablement, altéré la dynamique économique enclenchée sur la dernière décennie. Il en a résulté une forte récession économique (-6,3%) et un creusement historique du déficit budgétaire (-7,6% du PIB). La dégradation de ces deux paramètres clés de l’équilibre macroéconomique s’est répercutée, de manière automatique, sur le taux d’endettement, qui a accusé un saut brutal de 11,5 points en une année, dont le tiers a résulté du recul de la croissance», explique Fouzia Zaaboul, directrice du Trésor et des finances extérieures. Pour accompagner le plan de relance, une mobilisation des ressources financières importantes a été effectuée. L’objectif étant de couvrir le plan de relance économique et de prendre en charge les nouveaux challenges liés à la gestion de la crise sanitaire. «Tout d’abord, une attention particulière a été portée au renforcement de nos capacités de veille sur la conjoncture nationale et internationale. Notre ambition était d’assurer «en temps réel» les prévisions macroéconomiques nécessaires à la prise de décision et cela, dans un contexte où même des institutions officielles internationales ont suspendu temporairement la publication de leurs prévisions», relève Faouzia Zaaboul dans ce rapport.

Activation de la LPL

Le Maroc avait procédé au tirage (pour la première fois) sur la quatrième ligne de précaution et de liquidité (LPL), pour un montant atteignant près de 28 MMDH, et au décaissement du prêt contingent pour les risques liés aux catastrophes (CAT-DDO) de la Banque mondiale. Celui-ci a été restructuré (251,8 millions d’euros) en y introduisant un déclencheur additionnel relatif au risque pandémique. «La DTFE s’est, également, mobilisée pour saisir au vol toutes les offres de financements innovants proposées par nos partenaires, ainsi que les fenêtres qui se sont ouvertes sur le marché financier international (MFI). En témoignent les financements, programmés et additionnels, mobilisés auprès de nos partenaires multilatéraux et bilatéraux, portant sur un montant équivalent à 25,4 MMDH, ainsi que les deux sorties remarquables sur le MFI, pour un montant de l’ordre de 37,5 MMDH, qui ont été bien accueillies, sur les compartiments de l’euro et du dollar, à des conditions très confortables. Bien évidemment, cela a été possible grâce à la résilience de nos fondamentaux macroéconomiques et à la viabilité de la stratégie marocaine de riposte», indique la même source.

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Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, un puissant levier économique

Pour la relance économique post-Covid, plusieurs mesures et réformes stratégiques ont été annoncées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dont un programme de relance économique ambitieux d’une enveloppe de 120 MMDH.
Ce financement, qui représente près de 11% du PIB, sera injecté dans l’économie à travers 75 MMDH de crédits garantis par l’État à tous les segments d’entreprises, dont les entreprises et établissements publics, et la mise en place du «Fonds Mohammed VI pour l’investissement» qui va mobiliser 45 MMDH. «Le Fonds devra jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l’investissement et le relèvement des capacités de l’économie nationale. Il interviendra pour doter les secteurs productifs du soutien nécessaire et pour financer et accompagner les grands projets dans le cadre de partenariats public-privé», souligne la DTFE ajoutant que l’allocation de 15 MMDH venant du budget de l’État encouragera les partenaires marocains et internationaux à accompagner les interventions du Fonds et à contribuer aux projets d’investissement dans l’avenir proche.

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L’émission obligataire accueillie favorablement

A l’international, le Maroc avait réussi à marquer le coup. En effet, le 24 septembre 2020 il a assuré son retour sur le marché financier international (MFI), à travers une émission obligataire d’un montant de 1 MM d’euros en deux tranches de 500 M d’euros chacune. «La tranche de 10 ans est assortie d’un coupon de 2% et la tranche de 5,5 ans est assortie d’un coupon de 1,375%. Avec ce dernier taux le Maroc a ainsi obtenu le niveau le plus bas jamais atteint sur le MFI», fait savoir la Direction du Trésor. Bien qu’elle ait été effectuée dans un contexte difficile, cette émission a rencontré «un franc succès auprès des investisseurs internationaux avec un carnet d’ordres dépassant les 2,5 MM€ de la part des grands fonds européens et américains», précise la même source relevant que ce succès témoigne de la qualité de la signature du Maroc et de la confiance dont le pays bénéficie auprès de la communauté financière internationale. «A l’instar de la Corée du sud et du Mexique, le Maroc a pu accéder au compartiment de l’euro devenu très sélectif pour les pays non européens, notamment en cette année marquée par la propagation de la pandémie», argumente la DTFE. En plus du bon timing de cette opération, les fonds mobilisés à travers cette émission ont servi à rembourser un emprunt d’un montant équivalent. «À travers ce remboursement, une dette assortie d’un taux d’intérêt de 4,5% a été remplacée par une nouvelle dette assortie d’un taux moyen de l’ordre de 1,8%. Cette opération a permis d’économiser près de 300 MDH par année, à même de maintenir les réserves de change à un niveau confortable», explique la même source.

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