CouvertureEconomieUne

Finances : offensive Anglo-Saxonne sur le marché marocain

© D.R

Plusieurs banques ou organismes financiers se positionnent en raison du dynamisme de l’économie marocaine

Business. L’économie marocaine qui affiche ces dernières années un fort rebond attire les capitaux étrangers, notamment «british», intéressés par une implantation durable au Maroc. Eclairages.

Du Nigeria jusqu’au Royaume-Uni, les capitaux des pays issus du Commonwealth affichent une ambition pour s’installer durablement au Maroc, attirés par la forte dynamique économique du pays au cours des dernières années. C’est le cas pour l’acteur panafricain d’origine nigériane, Access Bank. Dès 2021, l’opérateur, qui compte des bureaux en Europe et au Moyen-Orient, a affiché une forte volonté de s’implanter au Royaume. La direction de l’Access Bank avait à cette date annoncé avoir identifié huit nouveaux pays africains susceptibles de se développer, souhaitant bénéficier d’un accord de libre-échange continental. Et le Maroc aux côtés d’autres pays du continent figurait en bonne place parmi les marchés cibles.

Fin 2024, la presse spécialisée dans la finance en Afrique avait même indiqué que Access Bank Plc a levé 228 millions de dollars lors d’une émission de droits sur 17,8 milliards d’actions ordinaires avec l’objectif affiché de doubler sa part d’actifs hors de son marché domestique d’ici 2027 et surtout concrétiser son ambition d’entrée sur le marché marocain. En attendant, c’est le géant britannique des finances qui suivra le même chemin, en l’occurrence Standard Chartered avec un dépôt légal qui aurait déjà été déposé fin avril dernier au tribunal de commerce de Casablanca en attendant le visa officiel des autorités financières et bancaires du Royaume. Il s’agira, en effet, d’un bureau de représentation au niveau de Casablanca Finance City pour assurer à court terme des services d’information et de liaison auprès de potentiels clients internationaux et régionaux puisque le Maroc est considéré comme un marché à fort potentiel grâce à sa position géographique et sa place forte et de plus en plus de croissance dans les échanges économiques transcontinentaux.

A noter que le média international Bloomberg avait en avril dernier rapporté les propos de Chris Egberink, directeur général et responsable des services bancaires et de la couverture en Afrique du Sud, qui annonçait que «l’implantation de la banque basée à Londres au Maroc fait partie de sa stratégie plus large visant à améliorer ses activités de gestion de patrimoine et de banque de transactions à travers l’Afrique».

Néo-banque
Mais l’intérêt des capitaux anglo-saxons ne se limite pas aux banques d’affaires et corporate. Le secteur des fintechs et surtout des néo-banques est également en train de se positionner. C’est le cas de Revolut, la startup devenue en quelques années l’un des géants en Europe et dans le monde, du secteur bancaire. Le marché marocain attire également le management de cette néo-banque.

Des contacts avec d’anciens banquiers marocains auraient été déjà noués pour préparer l’arrivée de Revolut au Royaume même si le projet n’est qu’à ses débuts. Il faut préciser qu’une néo-banque est plus un établissement de paiement dont les services sont accessibles principalement via smartphone à travers une application téléchargeable. Le Royaume-Uni est régulièrement considéré comme le pionnier des néo-banques, grâce notamment à Revolut. Concrètement, ces établissements proposent des services financiers similaires à ceux des banques conventionnelles, comme le transfert d’argent et le paiement avec l’avantage d’être accessibles depuis n’importe quel terminal diposant d’une connexion internet. En l’absence de frais liés aux agences physiques, les néo-banques affichent souvent des tarifs beaucoup moins élevés que les banques physiques.

Ces organismes, qui ne sont pas considérés comme des banques dans certains pays, rencontrent un succès important auprès d’une clientèle jeune ainsi que les personnes mal desservies par les systèmes bancaires traditionnels en leur proposant des services qui répondent à leurs besoins à des prix compétitifs. Le secteur des services numériques n’est pas en reste. Maroc Telecom et Vodafone Business ont annoncé la conclusion d’un protocole d’accord il y a quelques semaines. La première phase de ce partenariat sera axée sur les solutions de ville intelligente et de gestion de l’énergie. «Ce partenariat renforce la présence actuelle de Vodafone dans huit pays africains via Vodacom, et soutient l’ambition du Maroc de devenir un pôle digital majeur d’ici 2030.

Il s’élargira progressivement pour couvrir toute une gamme de produits et services à destination des entreprises, notamment les réseaux étendus définis par logiciel (SD-WAN), les réseaux mobiles privés, les solutions cloud et la cybersécurité», apprend-on des deux parties. Ce rapprochement permettra ainsi aux clients de personnaliser les services de connectivité et les plateformes digitales de Vodafone Business, en les combinant avec l’expertise locale de Maroc Telecom, afin de répondre à leurs besoins spécifiques et aux exigences réglementaires du pays. Les deux entreprises adresseront également les besoins des clients multinationaux et régionaux de Maroc Telecom opérant dans des secteurs clés tels que la logistique, l’industrie manufacturière, le commerce de détail et les services publics, en leur proposant un portefeuille unifié de services managés, rapidement déployables sur plusieurs marchés.

Un accompagnement complet avant et après-vente, incluant la facturation, la mise en œuvre et la gestion, sera assuré avec pour objectif principal la réussite des clients. Il faut préciser que le secteur bancaire au Maroc affiche une dynamique et une résilience solide. C’est ce qui ressort d’ailleurs des conclusions du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS). « L’exercice de macro-stress test de solvabilité continue de montrer la résilience du secteur bancaire face aux scenarii de chocs simulant une forte détérioration des conditions économiques, le ratio de liquidité à court terme demeurant supérieur au minimum réglementaire », avait indiqué le CCSRS dans un communiqué à l’issue de la 20ème réunion (voir encadré).

Marché financier
Feuille de route. Selon le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), le résultat net agrégé de ce secteur a enregistré, sur base sociale, une augmentation de 17,3% au premier semestre 2024. Cette performance, soutenue par une amélioration des activités de marché et d’intermédiation, a renforcé la solidité des banques dont les ratios d’adéquation des fonds propres ont atteint, à fin juin dernier, 16% pour celui de solvabilité et 13,3% pour les fonds propres de catégorie 1, sur base individuelle, des niveaux bien au-dessus des minima réglementaires de 12% et 9% respectivement.

Sur base consolidée, ces ratios se sont établis à 13,8% et 11,9% respectivement. S’agissant des infrastructures des marchés financiers, les résultats du suivi et des évaluations effectuées confirment de nouveau leur forte résilience aussi bien sur le plan financier que sur le plan opérationnel et laissent conclure qu’elles présentent toujours un niveau de risque faible pour la stabilité financière. Lors de cette réunion, le CCSRS, après avoir dressé le bilan de la feuille de route de stabilité financière couvrant la période 2022-2024, a analysé la cartographie des risques systémiques, passé en revue les résultats des travaux de son sous-comité mensuel et examiné plus globalement la situation du système financier et les tendances macroéconomiques observées et attendues.

Le Comité a également fait le point sur la mise en œuvre des actions visant à renforcer la conformité et l’efficacité du dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Tout en saluant les progrès accomplis depuis la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI, le CCSRS a rappelé la nécessité de poursuivre les efforts en perspective du troisième cycle des évaluations mutuelles du Gafimoan devant être entamé en 2026.

Recevez les dernières actualités d’Aujourd’hui Le Maroc directement sur WhatsApp