Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale publié mardi avant les Assemblées du printemps du FMI et de la Banque mondiale les 21 et 22 avril à Washington, le Fonds souligne que "plusieurs défis cycliques s’annoncent à l’horizon".
Ceux-ci amènent à "nuancer les perspectives financières pour le reste de 2006 et au-delà", même si le jugement établi en septembre dernier selon lequel le système financier mondial reste solide a été "corroboré par les récents développements", souligne le rapport.
"La hausse des taux d’intérêt et des changements dans le cycle du crédit tant pour les entreprises que les ménages" figurent toutefois au premier rang des inquiétudes exprimées par les membres du Conseil d’administration du FMI. "La hausse des taux d’intérêt pourrait par exemple augmenter le poids de la dette des ménages qui se situe déjà à des niveaux élevés, dégradant la qualité du crédit sur les marchés hypothécaires et provoquant des pertes pour les institutions créancières", souligne le rapport.
"Ce risque est toutefois atténué par le fait que la majorité des prêts hypothécaires sont à taux fixes et à long-terme", ajoute-t-on de même source.
"Plusieurs directeurs ont toutefois mis en garde contre le fait que les risques à moyen terme pesant sur la stabilité financière ont sensiblement augmenté ces six derniers mois en raison des déséquilibres internationaux, de l’augmentation de la charge de la dette des ménages et de la sous-évaluation des risques par les investisseurs pour certains types d’investissements", indique le rapport.
Le Fonds ajoute les risques de guerres, d’attentats terroristes ou bien de forte baisse de l’offre de pétrole ou de gaz naturel, ainsi que le renforcement des tendances protectionnistes, aux facteurs risquant de "perturber la distribution rationnelle des actifs et de mettre au jour de manière désordonnée les déséquilibres mondiaux".
Le rapport souligne cependant que de "telles incertitudes sont difficiles, voire impossibles à quantifier".
"Le déclenchement d’une épidémie de grippe aviaire, tout aussi impossible à quantifier, aurait des effets similaires", ajoute-t-on de même source.
Concernant les pays émergents, le FMI estime que "l’augmentation rapide de l’offre de crédit aux ménages dans plusieurs pays d’Asie du sud-est, surtout pour les prêts hypothécaires" ainsi que le développement de la vente aux particuliers de produits financiers complexes représentent des sujets d’inquiétude.
Le poids des crédits non-performants dans le bilan des banques publiques chinoises et le manque de transparence dans l’octroi des prêts aux entreprises en Chine et en Inde, sont également préoccupants, indique-t-on de même source.
Dans le cas des économies émergentes d’Europe, "la croissance rapide du crédit, surtout en Europe de l’Est, sur fond d’expansion des banques étrangères qui se livrent à la concurrence pour acquérir des parts de marché, représente le risque principal", selon le FMI.
"Les autorités ont pris des mesures comme l’augmentation des réserves obligatoires et des règles prudentielles plus sévères pour ralentir la croissance du crédit mais avec des résultats mitigés", constate le rapport.
"Au Moyen-orient, en Asie centrale et en Afrique, les prix élevés des matières premières sont le principal facteur" d’évolution avec notamment la hausse des prix du pétrole entraînant "une solide activité économique et une inflation du prix des actifs" dans les pays producteurs.
"Une inversion de la tendance à la hausse des prix du pétrole pourrait avoir des conséquences négatives sur les systèmes financiers de certains de ces pays", souligne le FMI.