L’ingénierie touristique est l’un des outils d’aide à la prise de décision, une source de richesses et un réseau de compétences pour aider à la mise en œuvre des projets.
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Longtemps cantonnée à la recherche des investissements, la problématique de l’ingénierie touristique constitue pour la plupart des acteurs du secteur du tourisme un sujet encore peu adressé sur les missions propres de ce secteur stratégique.
Si un acteur national est impliqué dans le développement de grands projets, c’est au prix de la gestion quotidienne de difficultés complexes comme en témoignent souvent des experts et des acteurs du secteur. Les grands projets et programmes touristiques mis en place depuis quelques années amènent cette problématique au premier plan et obligent les acteurs de l’ingénierie touristique comme ceux de la gestion des territoires touristiques à rapidement progresser en la matière.
Qualité : Un enjeu clé pour la réussite de nos destinations
Si l’ingénierie du tourisme est la mise en place d’un ensemble d’outils, de pratiques et de techniques nécessaires au développement des territoires et des sites touristiques, culturels, de loisirs et du patrimoine, il est tout à fait vrai qu’elle facilite la mise à la disposition des maîtres d’ouvrages d’un ensemble de compétences diverses qui peuvent être utilement mobilisées durant les étapes de conception et de mise en œuvre d’un concept touristique.
Selon Salah Chakor, expert et consultant en tourisme et gestion hôtelière, les étapes des projets qui peuvent être éventuellement concernées par l’ingénierie du tourisme sont multiples et touchent à plusieurs aspects, dont la conception, l’étude des retombées, le respect de l’environnement, etc.
M. Chakour explique qu’il s’agit bien, entre autres, «de la mise en place d’une stratégie de développement des territoires touristiques, de l’étude de faisabilité, à la conception et la programmation, en passant par l’analyse des retombées, l’accompagnement et l’assistance auprès du maître d’ouvrage, ainsi que la formation, la gestion, la commercialisation et la communication, sans oublier le volet le plus important qui est l’audit et l’évaluation».
L’ingénierie touristique est aussi l’un des outils d’aide à la prise de décision. Une source de richesses et un réseau de compétences pour aider à la mise en œuvre des projets et leur exploitation au niveau d’un territoire donné. «Cette discipline est indispensable pour aider à la mise en place d’une activité touristique intelligente s’inscrivant dans un projet de développement durable. Ce qui permet également aux investisseurs publics et privés d’éviter tout tâtonnement», précise M. Chakor.
Ingénierie touristique : Une tendance en marche
Cette activité commence à avoir de l’importance au niveau national par rapport aux années précédentes. L’État et les promoteurs évitent aujourd’hui de se lancer hasardement dans des affaires d’investissement dans le tourisme sans ingénierie touristique. Ce qui donne de l’importance à cette activité et appelle à son développement. C’est ce que souligne Salah Chakor en affirmant que : «les acteurs publics et privés ont tendance aujourd’hui à faire appel aux cabinets conseil d’ingénierie touristique pour cadrer leurs investissements et assurer un suivi judicieux de leurs actions pour éviter des dérapages».
Et pour preuve, le Royaume du Maroc, à l’instar d’autres pays d’Afrique et du pourtour méditerranéen, se sont dotés d’une structure institutionnelle qui se charge de faire de cette activité un métier à part entière. Ainsi en 2007, la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) a été créée avec pour mission fondamentale d’accompagner les stratégies d’investissement au niveau territorial. Il s’agissait aussi d’assurer une allocation optimale des ressources et d’en assurer une meilleure répartition dans le but de créer une valeur ajoutée du produit touristique. Le rôle de cette institution est de faire converger toutes les actions publiques et privées d’aménagement et d’investissement au niveau des différents territoires touristiques. M. Chakor estime que : «cette société joue le rôle d’accompagnateur de la stratégie du gouvernement en matière d’implantation de nouvelles unités et d’aménagement des espaces destinés aux activités de l’industrie des loisirs et aux nouvelles créations d’établissements au niveau territorial».
La nécessité de former les acteurs et de réglementer le secteur
Le développement en cours de cette activité oblige désormais à traiter de front un problème complexe, celui de la formation. M. Chakor nous confie que ce secteur est ouvert à tout le monde, mais la formation reste le défi majeur à relever pour la réussite de tout projet.
«On ne peut s’improviser ingénieur touristique. Il est nécessaire de former des acteurs dans ce sens pour améliorer leurs prestations. Après leur formation les ingénieurs doivent effectuer des stages pour avoir plus d’expertise dans le domaine en confrontant la théorie à la réalité sur le terrain», dit-il.
Il est impératif de professionnaliser cette activité et d’inciter les promoteurs du tourisme à prendre en considération l’ingénierie touristique dans l’élaboration de leurs stratégies.
«Il est courant dans notre pays que l’on confie des projets de plan de faisabilité d’établissement touristique aux cabinets d’études et aux architectes non spécialisés. Cela est dû, d’une part à l’insuffisance des cabinets et ingénieurs spécialisés dans le tourisme, et d’autre part à la non réglementation et au manque d’organisation du métier», affirme avec amertume M. Chakor.
En définitive, il appartient aux cabinets spécialisés dans l’ingénierie touristique avec la SMIT de fédérer leurs efforts et de mettre en valeur leurs expertises pour mieux valoriser cette profession qui devient de plus en plus indispensable.