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Fouzi Zemrani : «Les prévisions qui ont été faites sur le marché chinois ne sont pas énormes»

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Entretien avec Fouzi Zemrani, Vice-président général de la Confédération nationale du tourisme (CNT)

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L’ensemble des opérateurs nationaux doit faire cette transition digitale qui lui permettra d’acquérir des clients en direct en allant les chercher sur les réseaux sociaux, sur les plates-formes et sur le Net en général.

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ALM : Vous venez récemment de dévoiler la feuille de route de la CNT au titre de l’année 2020. Quelles sont les grandes lignes de votre plan d’action?

Fouzi Zemrani : Le crédo aujourd’hui de la Confédération nationale du tourisme c’est de se concentrer d’abord sur les entreprises touristiques nationales et de leur donner de la visibilité mais également de faire de telle sorte qu’elles soient compétitives par rapport à l’environnement national et international. Sur cette partie-là, il y a un certain nombre de leviers qu’on a décidé d’actionner. D’abord, le levier de la formation pour avoir une formation efficiente au niveau des ressources humaines. Il y a également la problématique de la fiscalité du secteur qui est astreignante. D’ailleurs à ce sujet, nous avons élaboré une étude dans laquelle on a fait un certain nombre de propositions juste avant les Assises de la fiscalité. Le troisième levier sur lequel on a décidé d’agir, dans un premier temps, c’est la partie digitale.

Nous estimons aujourd’hui que l’ensemble des opérateurs nationaux doit faire cette transition digitale qui lui permettra d’acquérir des clients en direct en allant les chercher sur les réseaux sociaux, sur les plates-formes et sur le Net en général. Au niveau du digital on a fait un travail extraordinaire qui consiste à traiter chaque mois des sujets différents. On a mis en place par exemple un webinaire et une master class, c’est-à-dire une classe réelle qui se fera tantôt à Marrakech, tantôt à Agadir ou encore Fès. Nous avons également fait des workshops où on ramène les professionnels d’une région dans un hub créatif pour rencontrer des start-up, échanger avec eux et essayer de trouver des solutions pour l’avenir de la destination. Enfin, nous venons de lancer notre chaîne YouTube avec des webtalks où les gens viennent parler d’une problématique qui impacte le secteur du tourisme national. Pour exemple nous avons traité le sujet de l’expérience client et la promesse qui est faite par les annonceurs marocains et les professionnels. C’est-à-dire, est-ce que la promesse que nous faisons est tenue lorsque le client arrive sur place.

Vous êtes à la tête de la CNT et cette année vous abordez la dernière année de votre mandat. Avez-vous déjà un premier bilan ?

Nous sommes déjà à notre deuxième mandat avec M. Abdellatif El Kabbaj. Vous n’êtes pas sans savoir que le premier mandat et une partie du deuxième ont été perturbés par un certain nombre de fédérations métier qui, à un moment donné, n’ont pas jugé utile de jouer la carte de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Donc on a passé une grande partie du mandat à essayer de fédérer et de ramener tout le monde autour de la même conception portée par la CNT. D’autre part, on a eu un mandat ministériel sortant où pas grand-chose ne s’est passé avec le binôme qui était à la tête du ministère du tourisme. On était déjà prêts l’année dernière avec un certain nombre de projets mais on n’a pas pu les mener à exécution avec le ministère. Quoique l’ancien ministre M. Sajid ait débloqué un budget pour la Confédération et pour la Fédération de l’industrie hôtelière dans le cadre du contrat programme. C’est ce budget-là que nous mettons en œuvre et que nous engageons pour les actions que nous mettons en place.

Vous comptez cette année poursuivre ces projets avec la nouvelle ministre ?

Tout à fait, nous avons tenu une réunion avec la nouvelle ministre 15 jours après sa nomination. Il faut dire que pour elle la tâche n’est pas facile parce qu’elle ne couvre pas que le département du tourisme. Outre le tourisme, elle couvre également l’artisanat, l’économie sociale et l’aviation civile. Mme Nadia Fettah Alaoui a été d’une grande écoute et quand on lui a proposé notre feuille de route, elle s’est dite prête à nous accompagner. Nous avons donc créé des commissions mixtes que nous avons mises en place séance tenante pour travailler sur les différents chantiers.

2019 a été pour le tourisme une année de reprise, une année de croissance. Quelles sont vos prévisions pour 2020 ?

Pour 2020, nous devrions continuer sur ce qui s’est fait en 2019 (nonobstant le fait que le marché chinois soit impacté par le coronavirus). Je pense qu’on doit quand même mettre le paquet sur les marchés traditionnels tels que le marché français, le marché espagnol pour pouvoir avoir plus de visibilité. Ce qui joue en notre faveur c’est que nous avons une destination qui est sereine où il n’y a pas des choses qui sont capables de perturber le tourisme. Un touriste qui vient au Maroc passer un moment agréable. Je vois par exemple au niveau du carnet de commandes personnel les réservations qui se font et les gens qui continuent à venir et on est en progression constante.

Le coronavirus va perturber beaucoup de marchés mondiaux. Vous en tant que professionnel, que comptez-vous faire pour combler le vide que va laisser le marché chinois ?

Sur la partie du tourisme chinois, il faut savoir que les prévisions qui ont été faites sur ce marché ne sont pas énormes. Ce n’est pas un marché traditionnel. La RAM a mis en place un avion liant Casablanca à Pékin (300 sièges, 3 fois par semaine, c’est à peu près 1.000 passagers par semaine), mais on est capables aujourd’hui si cela se pérennise de changer ce vol sur une destination long-courrier telle que le Canada et les Etats-Unis et essayer de faire une campagne de communication vers ces pays-là pour faire venir les touristes ici. En attendant que l’histoire du coronavirus atténue.

La destination Agadir est en perte de vitesse, même si les derniers chiffres montrent quand même qu’il y a 5 millions d’arrivées durant l’année 2019. Quelles en sont les causes ?

Agadir est capable de faire plus. Dans les années 90, Agadir était la première destination touristique du Royaume devant Marrakech. C’est une destination où il fait beau pratiquement toute l’année. C’est une destination balnéaire par excellence. Malheureusement elle a perdu beaucoup de ses clients potentiels, tels que les Scandinaves ou les Allemands qui avaient l’habitude d’y venir entre les mois d’octobre et d’avril. Mais dès le mois d’avril toutes les destinations balnéaires autour de la Méditerranée ouvrent, donc elle est en confrontation avec les autres.

Par conséquent l’effort à faire aujourd’hui c’est d’aller chercher les clients pendant cette période comme on le faisait auparavant. Agadir doit aujourd’hui revoir son produit, retaper ses hôtels, remettre un peu d’attractivité dans la destination pour aller chercher ce potentiel clients qui existe. C’est anormal aujourd’hui qu’Agadir souffre en hiver pendant que les îles Canaries font le plein, pourtant c’est exactement le même climat.

Pourquoi a-t-elle perdu cette part de marché ?

Tout simplement parce que petit à petit le produit s’est détérioré et l’environnement s’est dégradé. Il y a eu par exemple des phénomènes au niveau de la plage où les gens ne pouvaient pas aller librement en maillot sur la plage. C’est une conjoncture qui n’a pas aidé à pérenniser ce tourisme balnéaire. Si c’est pour ramener des clients, les parquer dans les hôtels, de faire des «all inclusive» et que les gens ne sortent pas… on n’a pas gagné la partie.

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