Les actionnaires familiaux d’Hermès ont déposé, lundi soir, une demande de dérogation à l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour les dispenser de lancer une offre publique d’achat sur l’ensemble du capital du sellier de luxe, a déclaré une porte-parole du groupe. Cette demande fait suite à la décision de ces actionnaires de sécuriser plus de 50% du capital d’Hermès au sein d’une holding destinée à sécuriser leur participation face à l’irruption de LVMH dans le capital. Toute entité qui franchit le seuil de 33% du capital d’une entreprise cotée doit théoriquement déposer une offre sur l’ensemble du capital de la société. Le camp Hermès considère que le transfert des actions des membres de la famille à une holding constitue un simple «reclassement» qui consiste à faire passer les actions détenues directement par la famille à une détention indirecte via une filiale. Pour d’autres acteurs du dossier, cette holding change la donne pour les petits actionnaires car le capital du groupe serait complètement verrouillé entre les 73% de la famille et les 17% détenus par LVMH. Colette Neuville, présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), a quant à elle clairement fait savoir qu’elle ferait appel en justice si l’AMF accordait une dérogation. Une porte-parole de l’AMF a rappelé qu’en la matière il n’y avait pas de délai formel pour statuer sur ce genre de demande, ajoutant qu’en général quelques semaines étaient nécessaires, en fonction de la complexité du dossier. Elle a refusé en revanche de confirmer la réception par l’AMF de la demande de dérogation adressée par la famille Hermès. Dans la pratique de l’AMF et sa jurisprudence, il n’y a pas eu dans le passé de situation véritablement équivalente. En cas de refus de dérogation, la famille Hermès peut renoncer à créer une holding et opter pour de simples accords de droits de préemption entre actionnaires individuels.