Un recours au Fonds monétaire international pour aider la Grèce, tel que proposé par l’Allemagne, est à bannir car il serait préjudiciable à l’euro, estime un haut responsable de la Banque centrale européenne dans un entretien paru mercredi. «Si on a recours au FMI, l’image de l’euro deviendrait celle d’une devise qui ne peut survivre que grâce à l’aide d’une organisation internationale dans laquelle les Européens n’ont pas de majorité et où les Américains et les représentants asiatiques ont de plus en plus d’influence», juge Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, dans l’hebdomadaire Die Zeit à paraître ce jeudi. La réaction récente des marchés a montré à quel point «il peut être préjudiciable à la stabilité de l’euro» d’évoquer une intervention du FMI, ajoute-t-il dans cette interview. Le banquier central voit le risque que le fonds impose «ses règles à l’ensemble de la zone euro et aussi à la politique monétaire» de la BCE, dont l’indépendance dans ce domaine est scellée dans le traité de Maastricht. A la veille d’un sommet des dirigeants européens à Bruxelles, les pays de la zone euro semblaient se rapprocher d’un compromis, prévoyant une assistance commune des Etats membres et du FMI. «Nous avons une idée plus ambitieuse de la stabilité des prix que de nombreux économistes du FMI», poursuitBini Smaghi en référence à une proposition lancée mi-février par l’économiste en chef du FMI, le Français Olivier Blanchard, d’examiner la possibilité pour les banques centrales d’augmenter les objectifs d’inflation jusqu’à 4% pour mieux lutter contre les crises.