Quelque part le long de la rue Patrice Lumumba à Rabat, non loin du siège de la CDG. Un bâtiment austère construit sur trois étages abrite l’une des plus vieilles institutions du Maroc. Fondée en 1941, la Caisse de Compensation s’occupe de la stabilisation des prix. Un programme social budgétisé à hauteur de 2,1 milliards de dirhams en 2005 sur la base d’un baril de pétrole à 35 dollars. A la fin d’avril la facture des importations pétrolières dépassait 5,4 milliards de dirhams. L’échauffement des cours du gaz (la tonne atteint aujourd’hui 400 dollars contre 230), ne fait que creuser le déficit.
Mais pas de panique, déclare le directeur général de la Caisse, Najib Benamour, économiste, financier et comptable. «Les importations suivent leur cour normalement. Le marché est suffisamment approvisionné.L’Etat paye par coup, pour permettre à la trésorerie de suivre », poursuit celui qui considère l’organe qu’il dirige comme un simple exécuteur de décisions.
Il en est ainsi depuis la création de la Caisse.
A ses débuts, bien après le Protectorat, cet organe intervenait dans différents domaines, des engrais aux huiles alimentaires, en passant par le lait, les ciments, le sucre, le gaz et le pétrole. Aujourd’hui, en 2005, seuls les trois derniers secteurs cités sont au menu des réunions quotidiennes du staff de la Caisse, la farine relevant, quant à elle, du département des Affaires économiques.
Tous les matins, les cadres de l’institution se réunissent pour analyser les tendances et les perspectives des cours de pétrole.
Activité menée aussi en parallèle par les ministère de l’Energie et celui des Finances. La Caisse étudie les dossiers techniques des entreprises qui approvisionnent le Maroc en sucre, gaz et pétrole. Ces dossiers, transmis par le ministère de l’Energie, sont ensuite envoyés chez l’auditeur externe avant de revenir à la Caisse. Le visa du ministère des Finances est indispensable pour débloquer les fonds. Naturellement, les quatre entreprises qui interviennent dans le secteur du sucre et la trentaine dans le pétrole et le gaz suivent avec intérêt et crispation ces différentes étapes. Les trois derniers déblocages opérés au profit des entreprises sont intervenues respectivement en décembre 2004 ( 1 milliard de dirhams), en février ( 500 millions) et en avril (500 millions également).
Cette procédure complexe suivie dans le déblocage des fonds revenant aux entreprises fait qu’en plus de soixante ans d’existence, rarement la Caisse de Compensation aurait fait la une pour un problème de détournement de fonds. «Nous sommes passés d’une comptabilité budgétaire à une comptabilité commerciale, beaucoup plus rigoureuse», précise Najib Benamour, le directeur de la Caisse de Compensation, première institution publique a avoir externalisé entièrement sa comptabilité. Les derniers comptes présentés au Conseil d’administration du 2 février 2005 ne signalent rien d’anormal. Sauf peut-être le train train quotidien d’une institution, où gravitent des milliards, mais qui est restée assez austère. Pas de patrimoine foncier, pas de budgets exceptionnels. En tout et pour tout, 3 voitures utilitaires et une Kia pour le directeur général. Même retenue dans les salaires du personnel qui a droit quand même à une prime semestrielle.
Le budget de fonctionnement de cet organe oscille autour de 7 millions de dirhams dont 5 millions pour les salaires. Le reste est réservé à allant dans l’équipement. Plutôt bon signe, la rubrique des charges variables mentionne 700 000 dirhams. Les téléphones des cadres sont plafonnés à 500 dirhams. Le budget destiné aux voyages, notamment à l’étranger, est de 200 000 dirhams. Seule la moitié de cette enveloppe a été utilisée en 2004. Pourtant, malgré cette austérité ambiante, de nombreux employés ont été échaudés à l’idée d’un départ volontaire. En sureffectif, la Caisse envisage de manière souple, et après une étude de la rentabilité, à libérer ceux qui manifestent le désir de partir. «Nous voulons faire un départ volontaire volontaire», insiste M. Benamour. Le modèle qui sera appliqué sera un peu à l’image de la formule appliquée à la Sodea et à la Sogeta.