Les deux chefs d’Etat se sont notamment mis d’accord pour que le ministre ukrainien de l’Energie, Ivan Platchkov, négociateur en chef dans ce dossier, se rende à Moscou mercredi. Il s’agit de faire vite: la Russie prévoit de couper le gaz aux Ukrainiens dimanche si aucun accord n’est trouvé d’ici là. La conversation entre les deux présidents s’est déroulée dans la foulée d’échange de déclarations acides entre des responsables des deux pays. Le chef du gouvernement ukrainien, Iouri Ekhanourov, a ouvert le feu en affirmant que Kiev avait légalement le droit de prélever du gaz russe transitant par son territoire vers l’Europe, en paiement des droits de transit.
"Si mille m3 de gaz passent par le territoire ukrainien, 150 m3 de ce volume sont à nous comme paiement des droits de transit", a affirmé M. Ekhanourov à la télévision ukrainienne. "C’est ce qui est écrit dans le contrat, c’est la formule légale et c’est notre droit incontestable (…). Nous prenons 15% du gaz qui passe par notre territoire en paiement du transit et pour tout le travail fait par des milliers de personnes dans toute l’Ukraine", a-t-il insisté. Soit une menace implicite de se servir directement dans le gazoduc transportant le gaz à destination de l’Europe. Pour la Russie , une telle perspective relèverait du vol. "Tout prélèvement par l’Ukraine à partir de 2006 sera considéré comme du vol. L’Ukraine volerait (du gaz destiné) à l’Union européenne qu’elle souhaite intégrer", a estimé Sergueï Kouprianov, porte-parole de Gazprom. Dans la foulée, le ministre russe de l’Energie Viktor Khristenko a assuré que Moscou avait fait à l’Ukraine toutes les propositions possibles sur le dossier des prix du gaz et n’en ajouterait pas d’autres. La Russie soutient que les livraisons de gaz à l’Ukraine n’auront pas de base légale si un nouveau protocole gouvernemental n’est pas signé avant le 1er janvier. Pour les Ukrainiens au contraire, l’absence de protocole ne change rien aux livraisons car les dispositions du contrat entre Gazprom et Naftogaz resteront en vigueur. Cette différence de position entre les deux pays découle en partie de l’interprétation différente qu’ils font des deux accords les liant et fixant les règles du jeu sur le marché gazier: d’une part un protocole intergouvernemental renouvelé chaque année et de l’autre un contrat à long terme signé par les sociétés publiques russe Gazprom et ukrainienne Naftogaz.