Economie

Hamid Bentahar : Nous avons besoin de 110 vols supplémentaires pour bien exploiter notre capacité

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ALM : Comment se porte le tourisme à Marrakech compte tenu de la crise économique ?

Hamid Bentahar : C’est vrai que le début de  l’année était  difficile mais cela va beaucoup mieux depuis ces trois derniers mois. Les arrivées ont augmenté de 5% par rapport à la même période de l’année 2012. En mai, l’évolution de ce même indicateur a été de +18%. Concernant les nuitées, elles ont évolué de 17% au cours du mois de mai comparativement à la même période de l’année précédente. Les taux d’occupation ont, pour leur part, évolué très favorablement avec 12 points. En clair, si on cumule les arrivées du mois de janvier au mois de mai, l’évolution est de 18%. Concernant les nuitées, elles sont de +14% et les taux d’occupation ont évolué de 8 points. Au regard de ces chiffres et comparé à l’année dernière, les indicateurs sont au vert. Maintenant la question est de savoir si ces indicateurs sont satisfaisants, la réponse est non. Au Maroc, les performances dans le secteur peuvent être beaucoup plus élevées si la promotion de la destination à l’international et le développement aérien en termes de desserte suivent le trend. Nous avons un produit destination exceptionnel qui peut rivaliser avec les meilleurs  et ce dans toutes les catégories. Le tourisme peut contribuer beaucoup plus dans l’économie nationale car pour l’heure, 40 voire 50% des capacités sont vides. Nous pouvons doubler les rentrées en devises Et doubler les opportunités d’emplois.
 
Le retard enregistré dans les actions prévues dans le plan Azur et la Vision 2020 a été clairement confirmé par les opérateurs du tourisme. Qu’en est-il réellement pour la ville de Marrakech ?

Je tiens à préciser que le plan Azur a promu surtout le tourisme balnéaire. Au niveau de Marrakech, il n’y a pas de retard en termes de capacités. Nous pensons les réguler mais pour cela il faut que le niveau des dessertes dans l’aérien suive pour crédibiliser la stratégie commerciale. Cet axe est prioritaire et stratégique donc il faut se donner les moyens de l’atteindre. L’open sky  ne peut pas être la seule solution car les compagnies étrangères quand elles ne sont plus rentables ferment et partent. Il faut donc sécuriser le secteur de l’aérien à travers le renforcement de compagnies nationales et tout particulièrement par le biais de la RAM. Le tourisme n’est pas une industrie fragile. Au contraire, c’est la plus solide, le tourisme est le secteur qui connaît un essor des plus rapide au monde  et c’est donc la manière de piloter qui est problématique. Par rapport aux pays voisins, on doit le reconnaître, la demande est satisfaisante mais nous ne pouvons pas y répondre en totalité compte tenu du déficit en vols aériens estimé à 110 vols par semaine. Si nous atteignons ces niveaux de standard, nous pouvons satisfaire une demande en atteignant des taux d’occupation de l’ordre de 65%. Il faut reconnaître qu’avec l’arrivée de Norvegian Airline, Lufthansa, Ryan Air et le développement d’Easy Jet, il y a un développement à ce niveau mais pour sécuriser durablement, il faut que la compagnie nationale soit renforcé pour sécuriser les dessertes dans le temps.
 
Quelles sont les actions complémentaires pour entretenir l’image de la ville ?

C’est une destination à vivre par son authenticité et sa culture vivante. Ceux qui ont les moyens achètent une résidence ou une maison secondaire  et les autres viennent de temps à autre pour un séjour de détente, de golf, de bien-être … . Marrakech est une destination qui a une vraie  personnalité. Son  ADN, son style plaît.
Des projets d’infrastructure se développent. Déjà, le nouveau Palais des congrès sis dans l’Agdal permettra de répondre à un nouveau marché, en l’occurrence celui des évènements, congrès, expositions, séminaires…
Nous avons réussi à nous positionner sur les plans national et régional dans les congrès et évènements, nous devons donc franchir l’étape supérieure  celle des rencontres internationales nécessitant de très grandes capacités pouvant atteindre jusqu’à 5.000 places.

Sur le segment des loisirs, nous avons besoin d’augmenter le nombre de visiteurs national. Il y a dix ans cet indicateur était de 6%. Il est de 20% actuellement. L’objectif à court terme est de le ramener à 30% et à moyen terme à 40%. La démarche vise à équilibrer les segments de clientèle de telle sorte à renforcer la destination. Il y a aussi un travail à faire au niveau des grands rendez-vous artistiques, sportifs et culturels qui devront contribuer au rayonnement de la ville. Un autre projet qui devra renforcer la destination concerne la valorisation de notre patrimoine, la créativité de nos artistes, la précision et le savoir-faire de   nos artisans. Pour  le  segment famille, qui reste notre segment principal,  nous avons besoin d’encourager les projets d’animation  type grand parc de loisirs, de jeux et d’aventure  pour renforcer notre positionnement de destination préférée des enfants.
Nous pouvons être fiers de l’évolution de la qualité de service, du fait qu’il y a à marrakech aujourd’hui les meilleurs acteurs professionnels nationaux et internationaux de la planète tourisme, le savoir-faire marrakchi est réel et visible dans l’architecture, le paysagisme, le design, la gastronomie… D’ailleurs à Marrakech, l’organisation de grands événements professionnels ou privés type grands mariages de personnalités publiques de renom témoigne de cet état de fait.

Quels sont les pronostics 2013-2014 pour le secteur touristique au Maroc ?

Nous avons une opportunité exceptionnelle pour réaliser une très forte croissance compte tenu  du contexte actuel. Mais à condition  de se donner les moyens de réussir et d’être plus visible, plus dynamique et plus actif que nos concurrents. Nous devons avoir plus confiance dans nos atouts et notre  destination pour mieux la promouvoir. Le Maroc doit se donner les moyens pour atteindre les objectifs escomptés. Notre réussite est également tributaire de l’implication de tous ces hommes et ces femmes marrakchis d’origine ou marrakchis de cœur, de notre capacité à valoriser et  enthousiasmer tous ceux et celles qui travaillent dans l’ombre, ces artisans qui ont fait la réputation de la médina , ces réceptionnistes, ces concierges, ces cuisiniers,  ces serveurs, ces agents de voyages,  ces guides, ces  artistes de la place Jamâa El Fna, ces musiciens des troupes folkloriques dans leurs douars, etc.

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