Economie

Henri-Bernard Solignac Lecomte : La diversification de l’économie marocaine, une assurance contre les chocs

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ALM : Les perspectives de l’Afrique dépendent de deux ressources principales, à savoir  l’humain et le naturel. Qu’est-ce qui fait que ces deux variantes aient des rôles prépondérants dans la croissance du continent ?

Henri-Bernard Solignac Lecomte : Nous établissons annuellement un rapport pour documenter un peu le progrès de l’Afrique  en termes de croissance.

En analysant les statistiques afférentes, on découvre que l’Afrique croît rapidement et crée de plus en plus de croissance. Compte tenu de ce rythme, il a fallu qu’on se pose la question suivante: est-ce que cette croissance bénéficie à la population? Afin de ramener des réponses concrètes à cette problématique il a fallu analyser la composante de l’emploi et ce qu’elle présente comme opportunité. Le constat fut malheureusement clair. Le rythme de l’emploi est au ralenti. En Afrique du Nord, on se rend compte qu’à peu près 10% des jeunes âgés entre 15 et 25 ans ont un emploi décent. Les autres soit ils travaillent dans de mauvaises conditions ou tout simplement n’ont jamais travaillé. On est sorti donc avec une grande conclusion: «la qualité de la croissance est beaucoup plus importante que son niveau». Ainsi, pour que la valeur capitale augmente il faut laisser la place aux nouvelles activités génératrices de plus de valeurs et d’emplois.

 

Comment peut-on intégrer ces composantes dans le processus de développement ?

Le chemin est long à parcourir. C’est dans ce sens qu’on s’est focalisé cette année sur la transformation structurelle. C’est d’ailleurs le processus par lequel les vieilles activités les moins productives, en l’occurrence l’agriculture familiale, laissent la place à des activités de services de grande qualité permettant ainsi d’absorber la main-d’œuvre dans les meilleures conditions de travail.

 Dans un contexte économique morose, quels sont les avantages comparatifs de l’Afrique ?

Les potentialités de l’Afrique résident dans les ressources naturelles. D’ailleurs, ce sont ces ressources-là dont le monde a besoin. On entend par ressources naturelles, le pétrole et gaz, les mines et l’agriculture. On a longtemps délaissé l’agriculture  au profit de la mise en valeur de l’activité pétrolière. Il s’est avéré que c’est une énorme erreur qui a été commise durant ces années où les cours mondiaux étaient à leurs plus hauts niveaux. C’est, par ailleurs,  une des raisons pour lesquelles ont n’est pas arrivé  à enclencher un développement industriel. Nous insistons donc cette année pour que les ressources naturelles africaines soient utilisées pour diversifier les économies et créer plus de valeur sur le sol africain. Ces ressources seront à la base de la prospérité de l’Afrique et son industrialisation.

 Quelles sont les chances du Maroc dans ce mouvement de diversification?

L’économie marocaine est d’ores et déjà diversifiée. Le Maroc dispose d’une activité agricole dynamique, d’un secteur minier important ainsi qu’une structure variée. Tous ces éléments sont une assurance pour le Royaume contre les chocs bien qu’il soit toujours dépendant du marché mondial dont la tenue n’est pas assez performante actuellement. En perspective , le Maroc est donc l’obligation de muscler la compétitivité de ses secteurs industriels pour rester en mesure de créer de la valeur.

Selon vous, quelles sont les pistes à emprunter pour équilibrer l’économie régionale ?

La région souffre toujours de disparité en termes de développement, notamment dans les zones rurales. Cela demande des actions déterminées des pouvoirs publics pour «porter la main» de l’économie et donner des incitations pour que ce développement puisse se produire aussi bien dans le rural que dans l’urbain. Par contre , ceci ne veut pas dire qu’il faut projeter les ressources importantes aléatoirement. Certes , il y a des régions qui n’ont pas la vocation de devenir des poumons industriels. Dans ce cas-là, il faut trouver d’autres moyens pour faire équation et s’assurer que ceux qui restent dans ces régions  trouveront de quoi s’employer de manière productive et rémunératrice.

 

Outre le défi du développement territorial, que devrait-on relever d’autre ?

Le deuxième défi est celui d’adapter les capacités humaines aux besoins du marché. Cette inadéquation bloque le progrès de certaines sociétés. On se rend compte que beaucoup de formations tertiaires sont en décalage avec le besoin des entreprises. Sur le volet technique,  notamment dans l’ingénierie de base et les services agricoles, on constate également un grand déficit de formation courte. Ce sont des segments pour lesquels les jeunes n’ont pas de motivations, alors que c’est là où il y aura de l’emploi. A l’inverse, on constate que beaucoup de personnes se lancent dans des formations sophistiquées sans véritablement se demander si cela correspondra de manière soutenue aux besoins des entreprises. Il faut donc expliquer aux jeunes les opportunités de demain et à mon avis un secteur comme l’agriculture regorge de carrières prometteuses.

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