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Hicham Mellakh : «Il faudrait accélérer l’élaboration du contrat programme du secteur du transport»

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Entretien avec Hicham Mellakh, président de la Commission compétitivité logistique et énergétique

Il est clair que les moments de crise dévoilent les faiblesses. Les enseignements tirés de la pandémie de la Covid-19 vont certainement nous pousser à revoir nos démarches et nos agissements pour renforcer le secteur et le rendre plus résilient.

ALM : Le secteur de la logistique a fait preuve d’une grande agilité durant cette crise sanitaire. Quels sont les facteurs ayant contribué à cette résilience ?

Hicham El Mellakh : La logistique a marqué son agilité grâce à sa capacité de résilience, de dépassement et de solidarité que les opérateurs du secteur ont manifestée dès que l’état d’urgence sanitaire a été déclaré dans notre pays. Aussi, l’appui de la CGEM aux entreprises, pendant cette période de crise, a été inestimable. En effet, la confédération a accompagné les entreprises du secteur privé dans la mise en place des dispositifs sanitaires et préventifs adéquats afin de garantir le strict respect des mesures d’hygiène sur les lieux de travail. Un dernier facteur et non des moindres, les opérateurs de la logistique ont rapidement compris que la volonté manifestée pour répondre aux exigences des partenaires, en cette période délicate, tenait à leur réactivité et à leur flexibilité. C’est ainsi que des partenariats ont été noués pour mutualiser les efforts, profiter des réseaux de distribution et des expériences clients et répondre, de ce fait, aux besoins d’une population confinée, qui a dû, du jour au lendemain, changer son mode de consommation et opter pour le e-commerce.

Quels enseignements peut-on tirer de cette pandémie ?

Le premier enseignement à tirer de cette situation est qu’il faut, dorénavant, instituer des cellules dans les entreprises qui seront chargées de la veille, de l’accompagnement et de la mise en œuvre des processus de gestion de crises. L’objectif étant d’être en mesure d’anticiper ce type de situation et de pouvoir y répondre rapidement par des actions pertinentes. Le second point est relatif à la nécessité de digitaliser tous les processus logistiques afin de répondre aux exigences du marché. En effet, les entreprises ont compris que la vitesse de digitalisation de leurs structures et de leurs systèmes d’information était le gage de leur survie. Il est donc nécessaire de développer des interfaces clients, d’investir dans des solutions informatiques et dans du matériel de pointe et, enfin, de définir de nouvelles procédures novatrices qui prennent en considération les nouveaux impératifs sanitaires, notamment le télétravail, ainsi que les process relatifs à la distanciation et aux gestes barrières auxquels il faut faire adhérer l’ensemble des collaborateurs et partenaires. A ce titre, je tiens à souligner que le secteur de la logistique est probablement l’un des secteurs qui a maintenu son activité malgré l’état d’urgence sanitaire et le confinement, et cela revient principalement à son positionnement en tant que maillon nodal des autres secteurs. En effet, pendant la crise, il était nécessaire de maintenir l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires, ainsi que l’acheminement des médicaments aux régions. Enfin, les entreprises ont pris conscience de l’importance d’opérer avec des partenaires organisés et structurés, capables de répondre à la demande avec toute la transparence nécessaire.

Selon vous, faut-il une refonte des politiques publiques en faveur du transport et de la logistique ?

Il est clair que les moments de crise dévoilent les faiblesses. Les enseignements tirés de la pandémie de la Covid-19 vont certainement nous pousser à revoir nos démarches et nos agissements pour renforcer le secteur et le rendre plus résilient. J’estime qu’il faudra, tout d’abord, accélérer l’élaboration et la signature du contrat programme du secteur du transport, ce qui permettra de remettre à niveau le secteur et de développer les compétences et le savoir-faire des personnes, de maintenir la prime à la casse afin d’encourager les entreprises à travailler dans le respect des engagements liés au développement durable, de revoir la stratégie logistique afin qu’elle réponde aux impératifs actuels et de revoir la fiscalité des entreprises de transport de sorte à ce qu’elle soit un facteur de progrès et d’éradication de l’informel. La crise a permis de voir aussi que combattre l’informel est devenu une priorité qu’il faudra accélérer, notamment en instaurant un cadre légal pour restructurer les entreprises du secteur.

Au tout début de la crise, vous avez procédé en partenariat avec l’OMCL et la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM à l’établissement d’un questionnaire pour appréhender les effets de la Covid-19 sur le secteur. Quelles sont les principales conclusions de cette démarche et que suggèrent les opérateurs dans ce sens ?

En effet, nous avons lancé, avec l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique et la Fédération du transport affiliée à la CGEM, la première vague du baromètre portant sur les effets de la pandémie sur le secteur de la logistique au Maroc, dont les principales conclusions dégagent une baisse d’activité chez 93% des répondants au 1er semestre 2020 par rapport au 1er semestre 2019. Cette baisse d’activité s’est reflétée sur le chiffre d’affaires des entreprises du transport et de la logistique qui a enregistré une baisse de 22% par rapport au 1er semestre 2019, et sur les emplois qui ont été réduits de 4% pour la même période. Aussi, plus de la moitié des entreprises sondées appréhendent la relance du secteur face au manque de visibilité par rapport à l’éradication de la maladie et à la reprise d’une pleine activité.

Quelles sont les autres actions engagées par votre commission pour accompagner les opérateurs pour la relance post-Covid ?

En tant que partenaires de l’AMDL pour la mise en œuvre de la Stratégie nationale de la compétitivité logistique, nous avons incité tous nos membres à adhérer au programme d’appui et d’accompagnement de l’activité logistique au sein des entreprises: PME-Logis, qui englobe différents projets visant à répondre aux problématiques liées à la formation, au développement du système d’information… Aussi, nous avons formulé des propositions fiscales visant à réduire l’informel, à travers notamment l’instauration d’une TVA sur le gasoil professionnel et la réduction des coûts de l’autoroute qui plombent les résultats de nos entreprises.

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