Lors du World Power to X Summit qui se tient à Marrakech
Transition énergétique : Les 1er et 2 octobre 2025, l’Iresen organise à Marrakech la 5ème édition du World Power to X Summit. Cette rencontre est axée sur l’hydrogène vert et les énergies durables en tant que puissants leviers pour assurer la transition énergétique. À l’heure où l’hydrogène vert devient un enjeu industriel de premier plan, le Royaume se prépare à occuper une place centrale dans la carte énergétique de demain. Les détails.
Le Maroc se positionne sur un marché mondial en pleine croissance. En effet, l’hydrogène vert a un avenir prometteur porté par l’urgence climatique et la transition vers des énergies propres. Devenu un vecteur clé de la décarbonation, l’hydrogène vert s’impose comme une alternative durable, ouvrant la voie à des opportunités économiques de plus en plus importantes. Face à cette dynamique, de nombreux pays déploient des stratégies ambitieuses, investissant massivement pour tirer parti de l’émergence attendue de l’hydrogène vert. Dans ce contexte, le Maroc entend jouer un rôle de premier plan et vise à devenir un hub régional incontournable de l’hydrogène vert. Mieux encore, le Maroc s’impose déjà comme un pôle attractif pour les investissements étrangers dans le secteur de l’hydrogène vert et de ses dérivés. C’est dans ce contexte que se tient à Marrakech les 1er et 2 octobre World Power To X Summit, organisé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, par le ministère en partenariat avec d’autres acteurs, notamment l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen). S’exprimant à l’ouverture de cette édition, Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable, a mis l’accent sur le contexte international et national particulièrement particulier affirmant que «certains estiment que l’intérêt pour l’hydrogène commence à s’essouffler, en raison du ralentissement du développement à l’échelle mondiale et de la baisse moins rapide que prévu des coûts de production, ce qui maintient le prix de l’hydrogène vert à un niveau élevé».
Elle a aussi fait allusion aux discours climato-sceptiques et anti-science qui rencontrent aujourd’hui un succès grandissant tout en mentionnant les crises géopolitiques et les tensions persistantes sur la scène mondiale. «Mais bien au contraire, cela renforce notre conviction et nous encourage à aller de l’avant pour accélérer notre transition énergétique qui constitue avant tout une transformation de notre modèle économique et social, en vue de créer davantage d’emplois, de favoriser le développement local, la justice sociale, et ce, de manière plus durable», argumente la ministre qui a braqué les projecteurs sur trois points essentiels. Le premier levier consiste à développer une infrastructure gazière durable, en tant que levier fondamental de cette transition énergétique et industrielle génératrice d’emplois. Le deuxième point se focalise sur la nécessité de créer un pôle d’excellence en recherche, développement et en qualification du capital humain dans le secteur des nouvelles énergies. Le troisième levier consiste positionner le Royaume comme un corridor unique pour le commerce des minéraux et des molécules vertes, composants essentiels de la transition énergétique.
L’infrastructure gazière naturelle, un levier essentiel pour l’économie de l’hydrogène
«On ne peut pas parler sérieusement d’hydrogène si l’on n’est pas crédible en matière d’infrastructure gazière. Nous considérons l’infrastructure de gaz naturel comme une condition préalable essentielle au développement de l’hydrogène», précise la ministre annonçant dans ce sens le lancement d’un appel d’offres (RFP) pour une unité flottante de regazéification (FSRU) au port de Nador West Med, ainsi que pour le développement de gazoducs reliant l’offre et la demande, d’ici la fin de l’année. «Nous avons mené un processus d’appel à manifestations d’intérêt (EoI) avec 50 réponses provenant de profils et de zones géographiques variés (…), et nous souhaitons capitaliser sur cette dynamique positive». La ministre a rappelé qu’il ne faut pas oublier le partenariat énergétique stratégique entre le Maroc et les Émirats Arabes Unis, signé entre les deux chefs d’État en 2023 et concrétisé par un accord le 19 mai 2025, qui prévoit l’extension d’une centrale électrique au gaz doublant la consommation de gaz naturel pour l’électricité, au-delà de 2 milliards de mètres cubes par an.
La ministre a aussi mentionné les efforts pour la phase 1 du projet de gazoduc Afrique Atlantique. «En parallèle, nous travaillons également sur la loi sur le gaz (n° 67-24), qui doit être programmée en Conseil de gouvernement afin de donner aux investisseurs visibilité et sécurité juridique», souligne-t-elle. En plus, la circulaire du 11 mars 2024 a, comme l’a précisé la ministre, marqué une étape majeure dans le développement de l’hydrogène vert. «Elle a permis d’offrir aux investisseurs nationaux et internationaux une visibilité claire et progressive, en définissant les étapes opérationnelles de mise en œuvre de «l’Offre Maroc» et en précisant les ressources mobilisées par l’État pour assurer le succès de cette initiative», rappelle la ministre.
Soutenir l’innovation, recherche et développement pour accompagner notre stratégie énergétique et industrielle
L’Iresen est actuellement, explique Mme Benali, la seule entité publique soutenant la recherche appliquée et l’innovation dans le domaine de la transition énergétique, au service de l’État, ainsi que le développement de projets pilotes dans le secteur Power-to-X (PtX). «Il constitue le bras opérationnel de l’État en matière d’innovation, neutre et objectif». Et d’ajouter: «Comme vous le savez, nous sommes en train de restructurer plusieurs entités publiques et de travailler sur des réformes législatives afin de concrétiser cette vision». Cette année, le Sommet reflète lui-même ce changement, selon la ministre. Elle cite, dans ce sens, le Programme principal et l’Exposition qui constitue une plateforme pour les gouvernements, les financiers et les industriels afin d’annoncer des projets, de conclure des accords et de présenter des solutions, l’IRSEC’X qui constitue la colonne vertébrale scientifique alignant la recherche appliquée sur les besoins industriels du marché, et le Power-to-Talents Fair qui met en relation les jeunes talents avec les employeurs, startups et porteurs de projets. Ces piliers incarnent les axes prioritaires, selon la ministre, à savoir le financement et la commercialisation, les infrastructures et la logistique, la technologie et l’innovation et les talents et les écosystèmes.
Positionner le Maroc comme un corridor du commerce mondial
Le Maroc est un point d’entrée stratégique pour les investissements. En effet, Mme Benali a mis en exergue l’infrastructure du pays, comme Tanger Med, Nador West Med et Dakhla Atlantique, ses lignes de train à grande vitesse et son réseau routier.
«Avec l’accélération de la transition énergétique, dans les énergies renouvelables et les carburants verts, le Maroc pourrait aussi jouer un rôle de pays hôte («clearing house») en matière de recherche et développement, au cœur des tensions technologiques entre les États-Unis et la Chine», explique-t-elle. La ministre a rappelé qu’un acronyme a été créé pour le Maroc en tant que corridor OTC. Ainsi, Origination indique que le Maroc sera producteur et exportateur d’électrons et de molécules bas carbone compétitifs et développera une capacité renforcée d’exportation de produits finis durables et compétitifs (engrais, équipements automobiles ou aéronautiques, etc.). Transit signifie que le Royaume propose de se positionner comme zone de transit pour des produits manufacturés ou énergétiques réexportés entre les trois zones (Afrique, Europe, Moyen-Orient) dans une logique gagnant-gagnant (par exemple, le gaz mauritanien ou l’acier vert). Certification désigne l’engagement du Royaume en faveur du développement durable. Elle implique que les produits marocains ou ceux transitant par le Maroc bénéficieront d’une garantie de durabilité, notamment en matière de respect des normes sociales et des droits humains, par exemple dans les activités minières.













