Un forum de haut niveau tenu du 3 au 5 juin 2024 à l’UM6P-Rabat
Levier : Le mouvement Ai – UM6P, en partenariat avec l’UNESCO, organise du 3 au 5 juin 2024, un Forum qui prend pour thématique «L’IA comme levier de développement en Afrique». Cette rencontre sera l’occasion de célébrer la désignation par la 42ème Conférence générale de l’UNESCO du Centre international marocain pour l’intelligence artificielle (mouvement Ai) en tant que centre sous les auspices de l’UNESCO (catégorie 2).
L’intelligence artificielle est-elle un point de bascule pour le développement en Afrique ? Elle est actuellement une composante essentielle dans tous les secteurs d’activités. De plus en plus présente, son usage devra être orienté vers le développement, notamment en Afrique où le besoin de trouver des solutions urgentes se fait sentir. Dans ce sens, le mouvement Ai – UM6P, en partenariat avec l’UNESCO, organise du 3 au 5 juin un Forum sous la thématique «L’IA comme levier de développement en Afrique». Cette rencontre sera l’occasion de célébrer la désignation par la 42ème Conférence générale de l’UNESCO du Centre international marocain pour l’intelligence artificielle (mouvement Ai) en tant que centre sous les auspices de l’UNESCO (catégorie 2). Durant les trois jours de cette conférence, les échanges porteront sur les dimensions clés du rôle de l’IA dans la transformation numérique, la mise en place de cadres juridiques et réglementaires pour protéger les communautés en Afrique dans son ensemble. Elle braquera aussi les projecteurs sur les solutions et les systèmes basés sur l’IA pour le bien-être social et la croissance économique.
Le Maroc, précurseur sur le continent
L’UM6P, à travers son engagement à renforcer la recherche et le développement, veut créer un environnement qui encourage l’innovation, notamment dans l’intelligence artificielle. A ce propos, Hicham El Habti, président de l’UM6P, affirme que l’Université est «activement engagée dans l’innovation IA, la cybercécurité, data management et analytics, cloud computing, IT blockchain et d’autres solutions avancées» mettant l’accent sur les partenariats avec le secteur public afin de contribuer à fortifier la souveraineté numérique. Pour sa part, Mohamed Metqhal, directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale, «l’organisation de cet évènement par le centre AI Movement s’inscrit dans son mandat accordé par l’UNESCO en tant que premier centre d’excellence dans notre continent ayant obtenu la labellisation UNESCO en tant que centre de catégorie 2. Une labellisation historique appuyée par les 194 Etats membres de cette organisation». Comme le précise M. Metqhal, «le choix de la thématique de l’IA comme un levier de développement en Afrique incarne l’engagement du Royaume dans ce domaine pour contribuer à trouver des solutions innovantes pour nos communautés africaines».
Il a aussi rappelé l’engagement du Royaume et sa coopération avec l’UNESCO, notamment à travers plusieurs actions provoquant la volonté du Maroc de s’associer aux efforts multilatéraux pour le développement et la régulation de l’IA à l’échelle mondiale. «Le Maroc a été précurseur dans la mise en œuvre de la recommandation de l’UNESCO sur l’intelligence artificielle, premier instrument normatif de la régulation de cette nouvelle technologie dans le système des Nations Unies adopté dès 2021. Cet engagement confère au Royaume du Maroc un rang de leader parmi les pays arabes et africains à travers la finalisation de son rapport sur l’état de préparation à l’IA lancé officiellement le 17 mai 2024 à Rabat (…). Le Royaume du Maroc a joué un rôle déterminant dans l’adoption par consensus en mars 2024 de la toute première résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’IA intitulée «Saisir les opportunités de systèmes d’IA sûrs, sécurisés et fiables pour le développement» (…) la recommandation de l’UNESCO et la résolution des Nations Unies sur l’IA constituent deux cadres normatifs complémentaires, d’une importance significative que le Maroc œuvre à décliner dans les législations et cadres réglementaires nationaux», relève-t-il.
Une stratégie intégrée
S’exprimant lors de ce forum, Chakib Benmoussa, ministre de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports a braqué les projecteurs sur la place de l’IA dans le développement de l’éducation. «De nombreux pays en développement sont confrontés à une crise d’apprentissage. Les enfants sont majoritairement scolarisés mais une grande partie d’entre eux ne maîtrise pas les savoirs fondamentaux et ne développe pas suffisamment les compétences de vie requises. La réforme de l’éducation au Maroc vise à relever ce grand défi à travers une stratégie intégrée fondée sur trois piliers. Un pilier curatif qui met en place un programme de remédiation intensive visant à corriger les lacunes accumulées par les élèves. Un pilier préventif qui consiste à introduire des méthodes d’enseignement efficaces pour s’assurer que les élèves assimilent chaque leçon avant de passer à la leçon suivante. Un pilier évaluatif qui vise à assurer un suivi individualisé des élèves à travers une mesure régulière et objective des acquis scolaires. Ces trois piliers sont en cours d’expérimentation au sein des nouvelles générations d’établissements scolaires appelés écoles pionnières». Le ministre a aussi mis l’accent sur l’émergence récente de l’IA générative et ses implications sur la réforme et la stratégie d’apprentissage. A cet égard, il explique que cela suppose de «comprendre la révolution en cours afin d’exploiter structurellement les opportunités qu’elle offre au service de notre ambition éducative». Et de poursuivre : « Dans ce processus de compréhension, il convient notamment de répondre à deux grandes questions (…) la première sur les contenus de l’enseignement et la seconde sur les méthodes d’enseignement». Le ministre explique que certains pensent que l’IA est de nature à remplacer les connaissances humaines, or « éduquer c’est principalement développer l’autonomie intellectuelle des apprenants, les doter d’outils intellectuels leur permettant de penser par eux-mêmes, de comprendre le monde et de se forger une opinion personnelle». Pour ce qui est de l’impact sur les méthodes d’enseignement, M. Benmoussa relève que «l’IA offre des possibilités prometteuses pour faciliter le travail de l’enseignant en classe et amplifier son impact positif sur les apprenants, notamment en renforçant leur engagement et leur motivation. Le rôle de l’enseignant restera probablement irremplaçable car éduquer est une activité humaine sociale et relationnelle». Pour le ministre, l’IA devrait avoir un impact profond sur la façon d’enseigner. «En reprenant les trois piliers de notre stratégie d’enseignement, il est possible d’identifier des cas d’usage très prometteurs. L’IA d’abord en liaison avec le pilier curatif peut faciliter la remédiation avec les solutions de tutorat personnalisée. Chaque élève pourra avoir accès à moindre coût à un professeur particulier capable de s’adapter à ses besoins spécifiques (…). Ensuite l’IA et le pilier préventif: Au-delà de la remédiation, l’IA peut aider à l’acquisition d’apprentissage (…). Enfin l’IA en relation avec le pilier évaluatif : Les outils fondés sur l’IA peuvent faciliter le suivi individuel des élèves à travers la génération de test adaptés et la correction automatique. Cela peut réduire drastiquement la charge de l’enseignant tout en lui donnant des informations fines sur les progrès et les lacunes de ses élèves», indique le ministre. De son côté Tawfik Jelassi, sous-directeur général pour la communication et l’information de l’UNESCO a affirmé : «Le leadership du Maroc en matière d’IA s’est illustré en 2018 lors du Forum sur l’IA en Afrique organisé sur le Campus de l’UM6P à Benguerir (…) ce forum a jeté les bases pour d’importantes discussions sur le rôle et le potentiel de cette technologie en Afrique». Il a par ailleurs indiqué : «Notre nouveau partenariat avec IA Movement et la Fondation OCP va former plus de 5.000 décideurs politiques en Afrique sur l’IA et aussi sur la transformation numérique. L’enquête de l’UNESCO sur les besoins de l’IA en Afrique a identifié des domaines d’actions critiques allant de la gouvernance des données à l’éducation».
Pour une «IA de confiance»
Lors de la conférence inaugurale, Amal El Fallah Seghrouchni, présidente d’Ai Movement, a plaidé pour une «IA de confiance». Selon elle, celle-ci se base sur des fondamentaux comme la responsabilité, la performance, l’équité, la frugalité et le contrôle des dérives.
Elle explique que 79% des ODD peuvent s’appuyer sur l’IA. Par ailleurs, les prérequis d’un écosystème d’IA devrait se fonder pour sa réussite sur l’infrastructure, la sécurité, les talents et les paradigmes de l’IA et de la science des données.