ALM : Le tissu touristique reste tout de même fragile à cause de certains facteurs extérieurs. Les menaces d’ordre idéologique, sanitaire ou économique se font de plus en plus présentes. A l’instar des autres pays, le Maroc n’est quand même pas à l’abri. Comment être si optimiste dans une conjoncture aussi floue ?
Lahcen Haddad : Certes, il n’y a pas de risque zéro, mais il ne faut tout de même pas lier certains facteurs à la situation nationale. L’Ebola, à titre d’exemple. Je ne vois pas pourquoi certaines personnes parlent de cette maladie au Maroc ! De par la situation géographique du Maroc, il est inadmissible de faire un rapprochement entre ce fléau et l’activité touristique du Maroc. Il en est de même pour l’enjeu sécuritaire. Le Maroc renforce de plus en plus ses dispositifs en la matière. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Il y a une réelle confiance en la destination. Pour une simple raison : au Maroc, les fondamentaux sont bons. C’est un pays politiquement stable et économiquement attractif. Ce sont les principaux atouts de la destination Maroc.
L’activité touristique dans le monde arabe, notamment en Afrique du nord, intervient dans un contexte géopolitique incertain. Une situation qui pourrait être en faveur du Maroc. Peut-on dire dans ce sens que le malheur des uns fait le bonheur des autres ?
Absolument pas. Car la région est avant tout un ensemble d’écosystèmes qui évoluent ensemble. Donc si l’activité se développe dans la région cela aura systématiquement des retombées positives sur le Maroc. Il est de notre intérêt que l’activité reprenne dans ces pays-là. Cela nous permettra de lever l’amalgame. Il est utile de souligner que le Maroc, la Tunisie et l’Egypte affichent une certaine complémentarité sur le plan touristique. Nous offrons sur le marché un produit beaucoup plus culturel que balnéaire et c’est sur ce point-là qu’on devrait capitaliser. Il est de notre devoir de souligner les points différenciateurs de la destination Maroc en attente d’une reprise réelle dans la région pour donner plus d’essor au secteur.
Au-delà de l’effort communicationnel que vous engagez pour la promotion de la destination. Quels sont les nouveaux produits sur lesquels le Maroc mise aujourd’hui ?
Le Maroc gagne du terrain en termes de thermalisme. De grandes enseignes de Spa sont venues s’installer principalement à Marrakech, Rabat et Fès. C’est une nouvelle niche qu’on est en train de monter fièrement. Bien qu’on soit déjà en avance sur ce segment, nous sommes dans l’obligation de consolider nos acquis. Le deuxième produit est le Mice (tourisme d’affaires). On peut dire aujourd’hui qu’on est bien outillés à ce niveau.
Nous disposons de l’infrastructure nécessaire, notamment avec les deux palais des congrès de Marrakech et aussi de la capacité litière du pays. Nous misons également sur l’activité golfique. Ce qui est nouveau dans ce sens c’est la reconnaissance de ce qui est en train de se faire au Maroc par l’Association du Trophée Hassan II de golf, la fédération et les opérateurs. Chaque année, le Maroc se dote d’un golf. Les deux années qui se sont écoulées nous avons fait sortir sur le marché deux golfs à Bouskoura et un golf au niveau de Taghazout. Nous capitalisons également sur les nouvelles destinations, et ce en renforçant leur capacité litière. Citons, dans ce sens, Rabat et Tétouan. Je peux dire que dans deux ans, ces deux villes seront les destinations phares du Maroc.
Qu’on est-il de l’état d’avancement de la Vision 2020 ?
Actuellement, Marrakech atteint un taux de remplissage de 50%. Agadir en est à 40%. La moyenne au niveau national est de 50%. On peut dire que les choses vont bon train. Le seul retard qu’on avait observé était au niveau du balnéaire surtout lorsqu’on a voulu focaliser nos activités sur cette niche. En gros, les investissements sont là. La capacité litière se renforce avec la présence de nouvelles et grandes signatures, à savoir le Ritz Clapton, le Mandarien, le Royal Palm et autres.
Hormis les marchés traditionnels, quels seront les prochains pays émetteurs du tourisme national ?
De nouveaux marchés commencent à émerger et dont la portée n’est pas des moindres. Nous ciblons dans ce sens les marchés russe et brésilien. Nous nous penchons actuellement sur l’examen de leurs spécificités pour mieux les connaître et adapter notre offre à leurs besoins.