ALM : Quels sont les objectifs du Forum de Paris ?
Albert Mallet : Le slogan de ce forum c’est «dialoguer pour construire ». L’événement, organisé en partenariat avec TFI, LCI et entre autres la Mairie de Paris, n’est pas élitiste. Nous sommes ouverts aux experts mais aussi aux autres. C’est un forum conçu pour les citoyens de demain. Parmi les participants à cette rencontre, Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, André Azoulay, conseil de SM le Roi Mohammed VI, Etienne Mougeott de TF1, Hassan Bernoussi, directeur des Investissements extérieurs au Maroc, et de grands entrepreneurs comme François Pinault (Arthémis), Jean René Fourtou…A l’heure qu’il est, il y a déjà 1 000 personnes inscrites. Ce forum a une particularité : Il n’est pas gouvernemental. Nous voulons garder notre liberté de ton et notre liberté d’agir. Le forum se définit comme un rendez-vous annuel pour traiter des problèmes culturels, économiques et politiques entre les deux rives de la Méditerranée. On a vu, avec l’échec du processus de Barcelone et l’absence des chefs d’Etat arabe lors du dixième anniversaire de ce processus, qu’il est temps que l’Europe cesse de ne penser qu’à elle. Il est temps de considérer les pays du Sud comme de vrais partenaires.
Comment expliquez-vous que ces dernières années les investissements européens ont tendance à aller plus vers les économiques de l’Est que celles du sud du continent ?
Je dirai qu’avec le partenariat France-Allemagne, ce dernier pays a tout fait pour tirer la France vers l’Est, son marché naturel. Or, la France est un pays qui a pour vocation la Méditerranée et qui est lié culturellement et historiquement à cette région. Bref, entre le Nord et le Sud l’heure est venue d’initier un partenariat adulte et responsable où chacun respecte ses engagements. Les pays du Sud devraient, eux, aussi sortir d’une certaine attitude de dépendance.
La première édition du Forum de Paris a eu lieu en 1995, peu de temps après les accords d’Oslo. Aujourd’hui, y-a-t-il des signaux d’espoir vers la résolution du conflit ?
En ce qui concerne le Forum de Paris, nous avons décidé cette fois-ci d’inviter les économistes des deux bords pour parler économie. Car, malgré le conflit, les activités économiques existent entre les deux parties. Développer l’économie et les échanges favorise la paix.
Le Maroc est présent en force à ce forum. Pensez-vous que le Royaume puisse jouer un rôle de trait d’union entre le Nord et le Sud de la Méditerranée ?
En tant que Marocain, je suis profondément convaincu qu’il y a beaucoup de raisons d’espérer que le Maroc continuera de prendre des initiatives importantes dans la région. Avec sa politique d’ouverture et de tolérance, une jeunesse qualifiée et des chefs d’entreprise d’un bon niveau, le Maroc présente beaucoup d’atouts. D’ailleurs, en marge de la rencontre, dans la soirée du lundi, nous organisons en partenariat avec la ville de Fès une grande soirée culturelle dédiée au Royaume, en présence notamment de Mohamed Brioual et l’orchestre de Fès. Plus de 1500 personnes sont attendues.