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800.000 logements à produire d’ici 5 ans : Ce qu’en pensent les promoteurs immobiliers

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Ce dont ont réellement besoin les investisseurs c’est de disposer de l’information la plus détaillée possible décomposant ce volume de production pour cerner au plus près la demande qu’il s’agit de satisfaire, explique-t-on auprès de la FNPI.

Le nouveau ministère de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville vient donc de dévoiler son grand objectif pour les 5 années à venir : réduire le déficit en logements de moitié en le faisant passer de 400.000 logements en 2016 à 200.000 en 2021 et ce en appuyant la production de 800.000 unités. La réaction à chaud des promoteurs immobiliers réunis sous la bannière de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) fait ressortir que ce n’est pas tant le «combien» que le «comment» qui intéresse les professionnels. «L’Exécutif a pris l’habitude depuis des années de se fixer des objectifs quantitatifs en matière de production de logements. Mais est-ce bien le plus important ?», s’interroge Mohammed Iqbal El Kettani,directeur délégué au sein de la Fnpi.

«Aujourd’hui les promoteurs ont des capacités et des compétences telles qu’ils peuvent livrer des programmes consistants quel que soit le segment sur des délais maîtrisés. Le système productif du secteur est bien rodé, comment les promoteurs auraient-ils pu s’exporter sur le continent africain sans cela ?», développe M. Kettani.

C’est dire que la quantité ne posera jamais problème même si l’on devait aller vers le million de logements à produire, explique-t-on parmi les professionnels. Ce qui les préoccupe plus c’est d’avoir de la visibilité sur la consistance de ces 800.000 logements que le département de tutelle veut mettre sur le marché à l’horizon 2021. Ce dont ont réellement besoin les investisseurs c’est de disposer de l’information la plus détaillée possible décomposant ce volume de production pour cerner au plus près la demande qu’il s’agit de satisfaire, explique-t-on auprès de la FNPI. En clair, l’on a besoin de savoir combien il faudrait construire, pour quel profil de demande et sur quelle période, explicitent les professionnels. En cherchant à en savoir le plus possible sur le besoin estimé par le département de tutelle, l’on devine que les promoteurs veulent se prémunir contre le risque de s’éloigner des attentes de la demande comme cela a été observé sur les marchés de plusieurs villes, induisant l’accumulation de stocks d’invendus, ainsi que le rapportent les professionnels. A vrai dire, le département de Nabil Benabdellah a déjà indiqué le chemin sur ce plan aux professionnels à travers deux études phares. La première passe au crible le parc de logements au niveau national, tandis que la deuxième recense et décompose finement la demande effective à court et moyen termes, là encore sur tout le territoire national avec un niveau de détails qui a été salué par les opérateurs. Mais il va de soi que pour rester intéressante cette information doit être constamment actualisée, et sur la question les opérateurs n’ont pas la certitude que le département de tutelle est disposé à consentir des efforts dans ce sens.

La FNPI milite à cet effet pour la mise en place d’observatoires dédiés dans les différentes régions afin de remonter continuellement de l’information à jour aux investisseurs qui disposeraient ainsi d’un tableau de bord pour guider leurs développements.

La fédération attire l’attention sur le prêt immobilier garanti

Là n’est pas tout et les professionnels espèrent que l’objectif de production que se fixe le ministère de l’habitat sur les 5 prochaines années s’accompagnera aussi d’une plus grande implication des départements autres que l’Habitat pour tenir la cadence espérée. «L’activité du secteur de l’immobilier ne dépend pas que des actions du ministère de l’habitat, et les efforts de bien d’autres ministères et parties prenantes lui sont tout aussi vitaux pour éviter que la machine ne se grippe», explicite-t-on au sein de la corporation. Lorsqu’il s’agit par exemple de délivrance des autorisations en matière d’urbanisme c’est le ministère de l’intérieur qui a la main pour accélérer le processus en sensibilisant les communes à la question.

De même, les promoteurs se tournent vers les Finances pour savoir si ce département a dans ses plans de décliner une politique d’appui aux acquéreurs dont la capacité d’épargne ne suffit plus pour accéder à la propriété, sans forcément passer par davantage d’incitations fiscales, précise la FNPI.

En plus de la classe moyenne particulièrement concernée par ce constat, la fédération attire l’attention sur le prêt immobilier garanti, Fogarim, qui tout en étant encore vital pour permettre à davantage de ménages modestes d’accéder à la propriété, n’est effectivement proposé aujourd’hui que par quelques banques.

Les professionnels en appellent finalement à tous les ministères pour qu’ils remplissent leur part du contrat lorsqu’il s’agit de mettre en fonction les équipements publics réalisés au sein des programmes immobiliers. Au-delà de la réalisation de ces structures dont se chargent de plus en plus les promoteurs immobiliers eux-mêmes, les ministères responsables selon le type d’équipement concerné (la Santé quand il s’agit de dispensaires et d’hôpitaux publics, l’Enseignement pour les établissements scolaires…) tardent à mobiliser les équipes pour faire tourner ces équipements, selon le constat de la FNPI.

Une question qui prend d’autant plus d’importance, souligne la corporation, que la qualité des logements compte de plus en plus pour les acquéreurs ce qui appelle à accorder un plus grand soin au cadre de vie.

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L’accompagnement des acquéreurs par les banques, grande préoccupation des professionnels

C’est l’éternelle question des promoteurs immobiliers. Les professionnels se demandent si en remplissant leur part du contrat en construisant les volumes de logements espérés par le ministère de l’habitat sur les 5 prochaines années, les banques seront bien là en bout de parcours pour financer les acquéreurs.

L’on se rappelle que les rapports entre les établissements de crédit et les développeurs se sont tendus sur les dernières années, les développeurs accusant les banques de restreindre leurs financements aux acheteurs.

La détente sur les taux qui a dynamisé le marché du prêt habitat depuis fin 2014 a apaisé les esprits. Mais les inquiétudes des promoteurs sont ravivées aujourd’hui par les signaux d’une remontée des taux du prêt habitat à moyen terme.

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