Le vaste chantier de l’efficacité énergétique des bâtiments ouvre la voie à la création de nombreux emplois non délocalisables et à la promotion de compétences et d’innovations à fortes plus-values.

Energie, effet de serre et changement climatique sont plus que jamais à l’ordre du jour au Maroc. En effet, le Royaume a décidé de faire de l’efficacité énergétique des bâtiments et du recours aux énergies renouvelables une de ses priorités. Ceci a été concrétisé par l’adoption d’une loi-cadre tenant lieu de charte nationale de l’environnement et du développement durable, qui favorise l’équilibre entre les dimensions environnementale, économique et sociale, avec pour objectifs l’amélioration du cadre de vie des citoyens, le renforcement de la gestion durable des ressources naturelles et la promotion des activités économiques respectueuses de l’environnement (engagement du Maroc dans des projets solaires et éoliens, 70 milliards DH pour les centrales solaires Noor à Ouarzazate et 35 milliards DH pour les parcs éoliens, opération zéro Mika interdisant la production, commercialisation et utilisation des sacs en plastique…).
Cet engagement a été perceptible dans plusieurs secteurs et plus particulièrement dans celui du bâtiment et de la construction à travers l’adoption depuis novembre 2015 d’une règlementation thermique dans le bâtiment. «L’objectif de cette loi est de fixer un cadre d’orientation global et cohérent pour l’intégration des stratégies nationales en matière de construction et de logement à moyen et long termes, l’ultime objectif étant d’assurer la transition vers l’économie verte et la construction durable, capable de créer les richesses et les emplois», souligne Youssef Ibn Mansour, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), lors d’un événement en marge des travaux de la COP22 à Marrakech, présentant ainsi les actions de sa fédération sur le secteur du bâtiment. Celui-ci se trouve être un acteur majeur du climat du fait des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre qu’il engendre. Et de poursuivre que «notre défi aujourd’hui est à la fois de construire des bâtiments neufs à basse consommation et rénover le parc existant qui ne répond à aucune exigence environnementale. Ces rénovations doivent porter sur une isolation efficace, des équipements performants et l’utilisation d’énergies renouvelables.
Un bâtiment construit selon la réglementation actuelle et qui consomme en moyenne 9 fois moins d’énergie que le même bâtiment construit auparavant. Il émet également 3 fois moins de gaz à effet de serre». En effet, l’amélioration des bâtiments existants est essentielle car le parc ne se renouvelle qu’au rythme de 1% par an. Dans plusieurs pays, la rénovation a essentiellement été soutenue par la mise en place d’aides financières incitatives pour les particuliers, mais force est de constater que ce marché peine à décoller. Le vaste chantier de l’efficacité énergétique des bâtiments ouvre la voie à la création de nombreux emplois non délocalisables et à la promotion de compétences et d’innovations à fortes plus-values (matériaux, composants et procédés). Aujourd’hui, la réglementation thermique s’applique à tous les bâtiments, avec un niveau d’exigences plus contraignant et un objectif de résultat chiffré. A terme, la loi devrait même permettre la construction de bâtiments dont la consommation d’énergie sera compensée par une production sur site avec des énergies renouvelables (solaire, géothermie, biomasse, etc.). Les entreprises de par leur savoir-faire et leur implication dans la vie économique et sociale sont un acteur incontournable de la transition énergétique et écologique.