En céramique, il n’y a pas que des usines qui trouvent de grandes peines à écouler leurs produits. Certaines filières, tels les articles sanitaires, ne trouvent aucune difficulté à s’imposer à l’international, alors que la filière des carreaux est largement pénalisée par la multiplicité des accords de libre-échange signés par le Maroc, notamment avec quelques pays arabes et la Turquie. Cette dernière filière accuse ainsi une baisse de régime conséquente matérialisée par une croissance annuelle moyenne des importations de plus de 65 % entre 2001 et 2003. C’est ce que révèle la note sectorielle de BMCE Capital pour le mois de mai, consacrée à l’industrie céramique nationale. « Cette situation n’est, en fait, que le résultat d’une longue période de protection dont a bénéficié le secteur. Ce faisant, il ne lui a pas été possible de se confronter avec l’environnement extérieur et à la dynamique nouvelle du contexte international », explique cette étude.
L’analyse de ce secteur industriel points du doigt aussi bien les pouvoirs publics que les producteurs. « Les mauvaises orientations en termes de stratégie industrielle initiale et la cherté des coûts opératoires, notamment énergétiques, ne favorisent guère l’essor des céramistes marocains», souligne le document qui met également en exergue l’absence de structures de formation et de mesures d’accompagnement spécifiques au secteur et qui rendent caduque l’atout concurrentiel de la main-d’oeuvre bon marché.
Et d’ajouter : «Cet état de fait contraignant astreint à la recherche de mesures palliatives à la baisse de compétitivité, devant faire l’objet d’une stratégie nationale pragmatique et volontaire axée sur le regroupement de l’exploitation des carrières d’argile, le renforcement du positionnement par la différenciation et la réduction des coûts énergétiques». Il est à signaler que, selon les chiffres de 2003, l’industrie céramique marocaine dénombre environ trente entreprises, dont une vingtaine est active dans la fabrication de carreaux. Globalement, ce secteur compte 6.000 salariés et dégage un chiffre d’affaires de près de deux milliards de dirhams.
« Focalisé, pour sa part, sur la céramique traditionnelle, le Maroc semble amorcer, avec d’importantes appréhensions, le tournant de la mondialisation, en ce début du 21e siècle », ajoute la note sectorielle. Le développement d’un marché global inflige en effet des contraintes de taille aux céramistes tout en présentant de nouvelles opportunités à saisir.
« La restructuration du secteur et un soutien plus marqué de la part du gouvernement constituent les gages de la remise sur rails de l’industrie céramique, particulièrement sa filière carreaux », conclut l’étude de BMCE Capital.