Des maisons badigeonnées à la chaux, sur le front de mer avec des mouettes volant tout autour. Le cliché fait la réputation du pourtour méditerranéen. Au Maroc aussi, la chaux a existé depuis longtemps puisqu’elle est utilisée aussi bien comme matériau de construction que comme composant routier. Elle intervient également dans la fabrication d’autres matériaux de construction. Cependant, en dépit de son ancienneté et de sa qualité, elle a été supplantée par le ciment et son marché est devenu très limité, en raison de sa prise relativement lente. La production de la chaux est assurée simultanément par des entreprises industrielles et des unités traditionnelles équipées de fours à chaux artisanaux. La plupart des unités industrielles, utilisant le fuel, sont liées à des sucreries. Une petite partie de la production (sur commande) est livrée au secteur du bâtiment et travaux publics. Pour ce qui des producteurs artisanaux équipés en fours à chaux artisanaux, ils sont répartis dans la plupart des provinces du Royaume. Il produisent essentiellement pour les besoins de la construction locale. Ils utilisent le bois comme combustible, ce qui génère des rendements généralement médiocres. L’industrie de fabrication de la chaux est représentée par 3 entreprises importantes employant 27 personnes, elle réalise un chiffre d’Affaires de 4,4 millions de DH. Cependant le secteur subit une forte concurrence du ciment puisque la production, estimée à 8,7 millions de DH en 1991, a chuté à 2,2 millions de DH en 1998, soit une baisse 74 %.
Jusqu’à présent, la chaux n’a pas connu au Maroc le regain d’intérêt constaté dans les pays industrialisés et son emploi demeure encore traditionnel. Son usage se limite à la réfection d’ouvrages anciens ou encore en tant que badigeon dans les habitations où elle a l’avantage d’offrir une solution très bon marché pour traiter les murs et les cloisons. Sa commercialisation s’effectue soit dans les souks locaux (en sacs ou en vrac et sous forme de morceaux de chaux) ou directement auprès des industriels consommateurs de la chaux, par les propriétaires des fours, soit par des intermédiaires, généralement les droguistes. Son prix de vente est actuellement de l’ordre de 0,5 dirham le kilogramme, départ four à chaux, quelle que soit la région de production.
Demeurant un secteur en pleine crise, la production de la chaux, dont les utilisations traditionnelles sont très limitées, a besoin d’une véritable révolution, pour arriver à un véritable développement de ses usages. Si la future demande de la chaux pour le secteur BTP a tendance à décroître, son avenir dépendra de nouvelles applications de ce matériau ancestral.