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Halima Khayatey Houssaini : «La crise est une occasion de grandir»

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Entretien avec Halima Khayatey Houssaini, directrice générale adjointe de KLK Khayatey Living

ALM : Comment KLK Khayatey Living a-t-il vécu la crise de la Covid-19 ?
Halima Khayatey Houssaini : Cette crise sanitaire nous a tous pris par surprise. Avant la Covid-19, nous étions dans une phase de livraison ralentie. Puis nous nous préparions progressivement à démarrer de nouveaux projets. Cette crise est heureusement arrivée juste avant le démarrage des nouveaux projets. Nous avons alors pu retarder le lancement à des dates ultérieures. Cependant les livraisons et encaissements d’échéance ont été quasiment gelés.

Quelle a été votre approche pour sécuriser votre clientèle dans un contexte incertain ?
Sur les chantiers en cours, nous avons maintenu l’activité. Heureusement nous étions dans une phase de finition et d’achèvement, ce qui nous a permis de rester sur la même cadence et de n’enregistrer aucun retard sur les délais prévus. Pour les clients qui avaient des échéances en cours, nous avons fait preuve de compréhension et de flexibilité. Nous leur avons envoyé des lettres au début du confinement, pour leur dire que s’ils désiraient retarder leurs paiements jusqu’à la levée de l’état d’urgence, ils pouvaient le faire en nous avisant par écrit. Nous avons également mis en place un bureau digital, pour nous permettre de rester en contact avec nos clients et de recevoir en toute sécurité nos prospects et clients et de pouvoir leur montrer en direct les avancements sur chantier, les vues et expositions de leur future demeure. Pendant le confinement nous étions tous en télétravail. Et nous avons développé notre bureau digital. A l’annonce de la reprise économique, nous avons souscrit à la demande de la CGEM pour un dépistage massif au sein des entreprises. Nous avons mis en place tous les dispositifs sécuritaires prévus par la loi en matière d’hygiène et avons testé l’ensemble de notre personnel, afin de pouvoir accueillir notre aimable clientèle en toute sécurité.

Quels sont les principaux enseignements à tirer de cette conjoncture ?
Attention au taux d’endettement. Dans une telle situation il peut être très critique. Heureusement, nous étions prudents, et avions un taux d’endettement quasi nul. A mon avis, le niveau d’endettement, la prudence, la flexibilité, la créativité sont essentiels dans une telle situation. Ils permettent une réadaptation plus rapide mais aussi de pouvoir saisir ou créer des opportunités. D’ailleurs, nous avons pu organiser un concours d’architectes pour l’habitat de demain. Avec cette crise, nous avons créé l’opportunité aux jeunes architectes de partager et de réinventer une nouvelle façon de vivre. Nous avons atteint un taux de participation exceptionnel et avons hâte d’étudier toutes leurs propositions.

La crise Covid est-elle porteuse d’opportunités pour le secteur ?
Le secteur de l’immobilier, qui emploie plus d’un million de personnes et participe à près de 7% du PIB, plus d’un tiers des financements bancaires vont pour ce secteur, se portait mal depuis déjà quelque temps. Il y a eu certes de gros scandales qui sont venus aggraver la situation et nuire à l’image des promoteurs et du secteur dans sa globalité, des retards de livraison intolérables aussi, des crédits gelés. Avec cette crise, l’immobilier a été touché de plein fouet, et c’est tout un écosystème qui souffre avec. Cette crise a donc permis de mettre en place des discussions, des webinaires, de partager des points de vue différents et surtout de repenser à une bonne manière de relancer le secteur. Il y a à peine quelques jours, Bank Al-Maghrib annonce une baisse du taux directeur à 1,5%. Dans la nouvelle loi de Finances post-Covid, il est question de baisser le taux d’enregistrement de 50%. Toutes ces mesures sont à mon sens très encourageantes pour relancer et redynamiser le secteur. Un décret est en cours pour modifier la loi de la VEFA pour éventuellement la rendre plus fonctionnelle. En effet, beaucoup de choses sont en train de bouger. Cette situation nous a permis de faire un bilan et réadapter le secteur à tous les niveaux et chez tous les intervenants. De le structurer et mieux le réglementer afin d’améliorer les failles existantes.

En tant qu’opérateur comment comptez-vous amorcer la reprise ?
Nos clients disent que nous offrons un super rapport qualité prix, nos prix sont étudiés avec finesse et nous offrons un service après-vente qui va au-delà de ce qui est réglementaire (parfois jusqu’à deux ou trois ans après la livraison). Il est important pour nous de pouvoir préserver notre image de marque en continuant à déployer les efforts nécessaires pour maintenir cette satisfaction. Nous prévoyons de redémarrer progressivement. Nous avons privilégié les projets de villas à Dar Bouazza, Bouskoura et Marrakech. Car il semblerait qu’après cette crise beaucoup de personnes soient à la recherche de villas et préfèrent s’éloigner un peu pour habiter dans un endroit plus spacieux. Nous allons donc adapter notre offre en fonction de cette demande. Des petites villas entre 150 et 300 m² à des prix très compétitifs avec une très bonne qualité de confort.

Comment s’annonce l’avenir post-Covid pour vous ?
Au niveau du secteur, nous avons constaté qu’il y avait beaucoup de demandes pour des petites villas. Beaucoup de personnes aussi qui sont à la recherche d’opportunités et prêtes pour un paiement au comptant. Et beaucoup d’autres qui ont un besoin imminent d’acheter mais sont toujours dans l’attente des nouvelles mesures bancaires. Nous attendons impatiemment de voir la répercussion de la baisse du taux directeur et des frais d’enregistrement pour aider à la relance du secteur. Il y a bien évidemment beaucoup de pistes d’amélioration encore, une loi de la VEFA existante insatisfaisante pour toutes les parties prenantes, il faudrait peut-être qu’elle soit basée sur un transfert de propriété progressif, comme en France, ce qui implique par contre un changement dans la loi foncière. Des délais administratifs plus courts, malgré la digitalisation de l’administration, les délais moyens entre autorisation et réception, permis d’habiter… sont de 13 mois. Mettre en place des labels de distinction chez les promoteurs consciencieux pour guider l’acquéreur. Par consciencieux, j’entends ceux qui respectent leur engagement (délai, qualité, conformité…).

Comment se décline votre plan d’action pour cette nouvelle phase ?
A cet effet, nous avons également profité de cette phase pour mettre en place des capsules informatives pour l’acquéreur au niveau de notre page Facebook. Nous avons abordé différentes thématiques, la VEFA, l’isolation, les garanties, la copropriété… ces capsules concises et précises résument en quelques minutes les informations essentielles qu’un acquéreur doit connaître avant d’investir dans un bien immobilier. Nous espérons sincèrement que cette crise permettra une relance satisfaisante du secteur avec une implication générale pour régler les failles qui empêchent ce secteur de se professionnaliser. Personne ne peut prédire l’avenir, mais la crise est une occasion de grandir. Nous avons tous été agréablement surpris par l’exceptionnelle qualité de gestion de la crise sanitaire au Maroc et nous en sommes fiers et nous espérons que ce soit aussi l’occasion d’un redémarrage réussi.

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