ALM : Quel bilan faites-vous de l’état d’avancement du programme de lutte contre les logements menaçant ruine, une année après sa présentation au Souverain ?
Mohamed Najib Halimi : Une réunion d’évaluation est prévue mercredi 28 décembre à Fès avec tous les partenaires de ce programme. Il s’agit d’une évaluation critique et chiffrée dressée une année après la présentation de ce programme à SM le Roi Mohammed VI. Durant ces douze mois, le ministère de l’Habitat a préparé 1000 logements économiques pour reloger les familles concernées ; 400 logements de l’ERAC et 600 autres d’El Omrane. Le ministère paye 50 % du prix et le propriétaire, le reste. Ce sont des mensualités qui ne dépassent pas généralement les 300 DH par mois. En fait, nous avons essayé de proposer les mêmes mensualités que les gens concernés payaient à la médina.
À quel niveau se situe l’intervention de l’Agence urbaine et de sauvegarde de Fès dans le programme de lutte contre l’habitat menaçant ruine ?
L’agence est située en amont de l’Ader-Fès. Elle vient en complémentarité avec tout ce qui est plan. Nous préparons les plans d’aménagement de la médina et l’Ader fait les travaux de rénovation. Elle donne la priorité aux sites et monuments historiques. Mais actuellement, elle ne peut plus assurer le suivi et la gestion pour des raisons financières. C’est pourquoi nous avons conclu un partenariat avec des opérateurs publics, notamment Al Omrane pour justement accentuer et renforcer notre travail. Nous avons également créé, depuis deux ans, un comité de vigilance avec les opérateurs publics. L’Agence intervient là aussi pour identifier l’état des maisons et essayer de soutenir les logements urgents. Elle supporte aussi par des moyens rapides les logements de deuxième degré, ceux qui peuvent encore attendre.
Quelles sont les priorités de l’agence pour l’année 2006 ?
Nous avons quatre résolutions pour l’année prochaine. En premier lieu, mettre des mesures d’accords et de responsabilisation dans les locaux pour aller plus vite. Il y a, en effet, un laisser-aller total et un manque d’entretien de la part des propriétaires des maisons. En plus, c’est souvent une dizaine, voire une vingtaine de locataires par chambre. Notre deuxième préoccupation est celle de l’évacuation des ruines. C’est la municipalité qui s’en charge et il faut signaler que c’est une tâche très dure. Nous essayons de réaménager ensuite les terrains et de les transformer en des espaces verts avec des bancs pour les passants. Mais jamais de construction, sauf si c’est pour en faire une salle d’exposition. Mais avant toute transformation, une étude foncière est obligatoire, parce que souvent les propriétaires de ces terrains sont inconnus. Et c’est un vrai problème pour nous. Dans un troisième temps, nous allons essayer de réfléchir sur des structures de veille.
Ces maisons que nous sommes en train de soutenir aujourd’hui vont poser la même menace ruine dans dix ans. C’est un phénomène qui n’est pas fixe. Il est évolutif. Vous savez, la médina est une dynamique, une vie entre le logement, l’artisanat et l’hôtellerie. C’est tout cet ensemble qui fait de la médina ce qu’elle a toujours été : unique au monde. Notre quatrième résolution est de lutter contre la paupérisation de la médina de Fès. C’est un phénomène qui s’est considérablement développé ces dernières années. Nous allons essayer d’occuper ces personnes pauvres, en créant de petits emplois dans le secteur touristique ou artisanal, faire en sorte qu’elles aient une rémunération fixe pour sortir de la médina et habiter ailleurs.